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Mon père et moi on s'est regardés.

-Demande-lui ce qu'il s'est passé, lui dit mon père.

-Virginie, qu'est-ce qu'il y a eu exactement ?... Allô ?... Allô ?

Elle avait déjà raccroché. Maman essaya de rappeler mais tante V ne décrochait pas. Mon père entra dans sa chambre et pris les clefs de contact.

-J'y vais tout de suite. Jake ? Est-ce que ça va ?

-Oui oui ça va...

Il écarquilla ses yeux.

-Tu as entendu ce qui vient de se dire ?

-Oui.

Ma mère ouvrit grand les yeux.

-Et ça ne te dit rien que ta petite amie ait eu un accident ?

-Ce n'est plus ma petite amie...

Mon père m'agrippa par le col de mon chandail.

-Non, non, non, non, toi mon petit, tu viens avec moi, on a à se dire !

Le trajet me parut trop long. Mon père conduisait comme un automate, les mains fermement agrippées sur le volant comme s'il voulait l'arracher.

-Alors comme ça, tu as rompu d'avec Patricia ?

-Papa...

-Je ne veux rien savoir. Tu as vraiment rompu d'avec elle ?

-Euh...

-Non, je ne veux pas, mais alors pas le savoir. C'est une question rétorique. Tu te souviens de ce que j'avais dit la dernière fois qu'elle était à l'hôpital à cause d'Alvina ???

-Mais c'est elle qui a voulu rompre. Et je ne vais pas la forcer à rester avec moi, dis-je en m'enfonçant encore plus dans mon siège.

-Raconte-moi tout.

-Papa je n'aime pas trop m'en souvenir...

-Je ne te demande pas ton avis.

Je fus contraint de tout lui raconter. Il m'écouta sans broncher, sans m'interrompre jusqu'à la fin. En silence, mon père gara sa voiture sur le parking du Sunset. Il coupa le moteur et regarda sa montre. Onze heures de l'après-midi.

-Donc en gros, c'est de sa faute à elle si je comprends bien ?

-Oui, exactement, m'empressai-je de répondre.

Il hocha la tête.

-Descend de la voiture.

-Papa...

-Descend de la voiture.

Il composa le numéro de tante V.

-Tu es où, Virginie ?... Ah ! Et qu'est-ce que tu y fais ?... Vraiment ?... Ok... On arrive.

Il se retourna vers moi.

-Elle est à la cafétéria.

Dans l'hôpital presque vide, calme comme un tombeau, nous allâmes rejoindre tante V à la cafétéria. Elle était seule assise à table, les cheveux un peu en bataille, l'air triste, les yeux cernés, devant un gobelet de café.

A notre approche, elle leva tristement la tête et nous regarda, avant de regarder à nouveau son café. Mon père lui fit la bise en premier. Elle ne le regarda pas.

-Ça va, Virginie ?

Elle soupira. Je ne l'avais jamais vue aussi terne, aussi abattue. Elle était vêtue d'un débardeur gris avec un gilet noir par dessus, et de leggings noires.

-Si ça allait, je ne serait pas ici, tu ne crois pas ?

-Qu'est-ce qui s'est passé ?

Elle ne dit rien un moment puis me regarda.

-Qu'est-ce que tu lui as fait ?

-Moi ???

-Lorsque je suis revenue du travail, nous avons passé un bon moment comme d'habitude, jusqu'à ce que je lui parle de Jake. Je voulais juste savoir comment évoluait leur relation, et la conversation a dégénéré. Elle était nerveuse, nous nous sommes presque disputées et elle est montée dans sa chambre. Mais je ne savais pas qu'en fait, depuis sa chambre, elle sauterait la fenêtre pour aller faire des graffitis à plusieurs mètres d'ici... Pour quelle raison, je ne sais pas. J'étais dans la cuisine lorsque j'ai reçu un appel venant du chauffeur qui l'avait percutée, disant qu'elle traversait la rue brusquement et à toute vitesse, encore heureux qu'elle ait toujours ses papiers et mon numéro sur elle !

Elle me regarda à nouveau.

-Ce qui me pousse à te reposer la question: qu'est-ce que tu lui as fait ?

-On a rompu, tante V.

-À cause de quoi, Jake ? Vous ne vous aimiez pas assez ? Ou est-ce que tu as découvert finalement que vous n'étiez pas compatibles ?

Elle était assez agressive. Vraiment, je ne l'avais jamais vue ainsi. Elle avait acquis l'instinct maternel, apparemment. Mère poule qui s'effarouche quand on touche son bébé...

-Tante V...

-Je vais tout t'expliquer, Virginie.

Mon père me fila des pièces.

-Va te payer ce que tu veux et reviens dans vingt minutes.

Je m'éloignais, en vagabondant dans l'hôpital. Lorsque je revins à la cafétéria, mon père parlait toujours. Mais je ne savais pas de quoi. Quelques minutes après, un médecin arriva.

-Madame Conlin ?

Tante V se leva, agrippant le manche de mon père.

-Mademoiselle, Oui ?

-Nous avons pu sauver votre fille. Elle va mieux.

Tante V poussa un soupir de soulagement.

Patricia Miss Parfaite Où les histoires vivent. Découvrez maintenant