Parmi les sombres nuages se dresse cette bâtisse magistrale, coulée dans un béton austère et glacé.
Glas...ceux. Glas de ceux qui sont glacés.
Hôpital. « Petit déjeuner au lit, comme à l'hôtel » demande Sora dans sa candeur enfantine. Pas vraiment un hôtel non.
Un autel peut-être.
Autel des invalides.
Là je dis pourquoi pas. Un temple sombre où même les plus cartésiens gémissent des prières ou se taisent religieusement respectant la mœurs sacrée qu'est le repos d'un soupirant à la mort.
Cette dernière arpente les couloirs silencieusement, se love dans un cœur malade ou nage dans le Styx vermeil d'un corps cancéreux. Elle n'est pas hostile, cette morte. Parfois pieusement attendue à mesure que le goutte-goutte épuise son efficacité, messie de la délivrance et prophète d'un monde moins blanc. Parfois durement vilipendée quand elle s'éprend d'un nouveau-né qu'elle sentait malheureux avant même qu'il n'ait ouvert les yeux.
Oh qu'on la hait, cette Marâtre la Mort qui remplace Mère la vie auprès de notre Père le monde. Que son glas sonne impitoyable dans les larmes brulantes d'un paria de l'existence, condamné à rejoindre la file des Oubliés !
Ici, on ne rêve que de Champs-Elysées et d'Olympe. Le signe d'un dieu qui pourrait faire de nous des miraculés, des rescapés du naufrage de notre propre corps. Dans chaque pièce un héros se bat et brandit son pied à sérum comme une épée acérée afin d'éliminer ces vautours acerbes qui tentent de le dépouiller de son âme. Nous tentons tous d'amadouer cerbère, de dompter les Enfers à l'instar d'Orphée alors que nos chants désespérés portés par les anges blancs couvrent les plafonds sombres de suppliques impuissantes.
Pourtant jamais aussi misérable terre n'a connu plus de liens entre les hommes. Abstraction des barrières sociales et raciales, lien du cœur et du sang. Au sens littéral. Art Total de l'amour et de la compassion. Les couloirs immaculés transformés en un chemin de croix commun, où chacun porte et est porté, dans cette basilique laïque ou tout être est Saint sans être sain.
Glas... Glacé.
Glas... sait....
Sait... Sait qu'il va mourir...
Sait qu'il va partir....
Ou continuer de courir dans ce Nomen's land, toujours dans la peur de recevoir une balle perdue. Dans le dos. Plus de jambes. Dans la poitrine. Plus de cœur. Dans la tête. Tumeur.
Tu meurs...
La concision à son paroxysme. Un petit texte très court que j'ai eu envie de publier. Il n'entre pas vraiment dans le thème du recueil mais dans mon esprit tout est lié ahah.
Je reconnais les jeux de mots foireux, le pessimisme du texte, le mélodrame qui s'en dégage, mais dieu qu'on aime ça, le mélodrame.
Merci d'avoir lu et merci aux commentaires sur les précédentes parties.
PetitPrince

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Au Nom de ma Mère
PoetryOn se cabre, on s'insurge et on crache. Jusqu'au jour où ses yeux remplis de larmes coupables se ferment et que nos voix se taisent. La douleur de notre premier souffle surgit alors du plus profond de nos entrailles, lancinante et cruelle. Et nous...