Maman... Réponds....

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Je fais un petit point sur cette histoire qui n'en est pas vraiment une. Déjà, je m'amuse (si je puis dire) à l'alimenter comme cela me chante, selon la demande ou mon envie. Par conséquent ce ne sont pas des textes très travaillés mais jetés à même Lire Office et souvent peu relu. Si vous dénicher des fautes ou des incohérences, les commentaires ou les messages privés sont les bienvenus !

Cette histoire va sans doute vous paraître sombre et forcée. Pourtant, elle est inspirée, ou plutôt écrite à partir de faits réels, malheureusement.

Bien le bonsoir

PetitPrince ~


***


      Il serait tellement aisé pour moi d'anamorphoser la réalité. L'embellir et la rendre plus poétique afin de diluer toute la noirceur, la cruauté de la scène dans des teintes mélodramatiques au possible mais ô combien sublimes. Je ne vous dirai pas qu'elle était belle, ma mère. Je ne vous dirai pas que son départ a pu être considéré comme une délivrance. Car ce ne sont que les prémices d'une succession de souffrances.

      Quand je l'imagine, c'est vêtue de sa robe de mousseline blanche fouettant ses chevilles maigres. Quand je l'imagine, c'est sa magnifique chevelure noire et raide flottant au grès du mistral, sa peau blanche luisant à la lumière réconfortante du soleil d'été.

     Et pourtant c'est un portrait tout autre que je découvre, aux ciels aussi différents que morbides, figés dans une lueur glauque et sombre qui laissait apparaître dans un jeu de clair-obscur le corps flasque et inerte d'une âme désœuvrée.

     La mort dans les livres apparaît tellement douce et belle dans la forme. « Elle cessa de respirer, un sourire encore pendu à ses lèvres roses ». J'aurais tant aimé qu'il en soit ainsi.

     Mais le visage auquel j'ai fait face me fixait avec effroi. Un regard asymétrique, aux prunelles divergentes et perdues, encastrées dans un visage bleuâtre boursoufflé. On distinguait encore la trace des larmes qu'elle avait versées tandis qu'elle étouffait. Sa langue gonflée ressortait entre ses lèvres violettes et ensanglantées, octroyant à la défunte un aspect à la fois ridicule et terrifiant tandis qu'une mare pestilentielle s'étendait à ses pieds.

     Et là vous vous attendez à ce que je vous dise que j'ai fondu en larmes devant ce cadavre déjà froid et pourrissant. Je suis resté tétanisé, certes, mais saisi d'une fascination lugubre pour le nœud coulant qu'elle avait si habilement réalisé. Elle qui peinait déjà à tresser ses cheveux de jais, elle qui peinait à faire les lacets de Sora du premier coup, elle avait réussi à comprendre et reproduire le mécanisme de la chose. Etait-elle désespérer au point de ne pas avoir droit à l'erreur ? Peut-être même avait-elle échoué à plusieurs reprises avant que la corde se décide à ne plus céder.

      Ses poignets couverts de sang séché pendaient, ballants, autour de ses hanches désarticulées. Le tabouret renversé apportait à la composition une l'ébauche d'un mouvement. Et je la voyais alors, se balançant doucement pour que le tabouret se dérobe sur ses pieds. Et je voyais son soulagement se fondre dans une expression de regret intense. Mais il était trop tard. Elle allait mourir. Elle avait voulu mourir. Elle avait sans doute essayé de se dépêtrer de ce collier mortel, saisie d'angoisse et de culpabilité.

      Pour ma part, la première pensée qui m'a traversé a été la manière dont j'allais me défendre pour ne pas être accusé du meurtre de ma propre mère. Horrible non ? Au lieu de penser à son absence, à son manque qui surviendrait d'ici peu, je pensais à prouver mon innocence.

     Aussi soudainement qu'était ma peur le dégout me saisit. Je m'effondrai à terre, mes mains baignant dans la merde et dans le sang. Presque sans prévenir un haut le cœur secoua mes épaules et je vomis bruyamment, le corps tremblant et la poitrine douloureuse. La contre plongée du cadavre que m'offrait ma position ne fit qu'attiser mon émoi et je rends davantage.

      A partir de ce moment-là, je ne suis plus sûr de rien. J'ai dû hurler, j'en suis certain. J'ai tiré sur le corps pendu à moitié dénudé, tentant de défaire ses liens dans un vain espoir de la ramener. Une terrible haine a fait vibrer mon être. Mes litanies sont devenues pamphlets, mes gestes de désespoir sont devenus coups. Coups portés au cœur silencieux de cette femme. Coups portés à la matrice stérile de cette mère.



Cette mère qui a jamais se tait et qui a jamais fera couler des larmes qu'elle aurait dû sécher


Au Nom de ma MèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant