Lied

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  7/12/2017 


   T'aimais bien Kyoto sans pourtant jamais y avoir mis les pieds. Tu aimais les ailleurs inconnus, les vénérant comme moi je vénère les lieux d'antan. 

   Toi amoureux du futur embrassant à pleine bouche un lendemain qui n'est pas encore là. Toi pas réellement présent, toujours enfui au plus près des lignes d'horizon. 

   Ces mêmes lignes qui finiraient par t'aspirer ainsi que la mer(e) se retire. Ces mêmes lignes au délinéaments incertains, presque glauques, sur lesquels tu avançais, merveilleux funambule. 

   Tes yeux fermés fixaient enfin les cieux mérités, presque heureux d'être enfin figés. Yeux fermés vers un là-haut que je jalouse et auquel tu te voues tout entier. 

   Je me souviens que tu avais toujours eu ce désir presque sexuel de caresser la lune comme on caresse un sein, t'y blottir et t'y abandonner dans un orgasme infini. Je me souviens de ta pensée tordue : la terre et les vers ne sont qu'un passage vers le Ciel. 

    Trop pieux, quand bien même Dieu ne t'a jamais accordé la moindre faveur. Trop pieux à remercier une vie qui n'était qu'une mort n'ayant pas encore eu lieu. 

    A toi, Exigent candide, à toi qui a tant pleurer aux derniers instants, demandant rédemption auprès de nous pour un crime à venir, demandant miséricorde auprès de la mort souveraine " pitié, que l'agonie ne dure qu'un battement de cœur" implorais-tu et en plein milieu de sa vie, ton ultime battement s'est interrompu.

    A présent je marche sur tes pas, le long des lignes d'horizon. Je me fais funambule aux yeux clos rivés vers les ciels* fauves. Je livre mon corps et mon âme à la paix, tandis que les lys et les ormes susurrent ton nom en une litanie symphonique, géant Requiem d'où même la voix de Charon s'élève, rauque et sépulcrale à l'instar de ton silence.  

  

Au Nom de ma MèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant