Partie 28

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Ce fut une longue routine pour moi pendant des mois.
Je vivais très mal ma grossesse autant que sur le plan psychologique et physique.
D'abord physiquement j'ai des douleurs atroces au niveau des articulations. J'ai toujours des oedème, une tension à surveiller ce qui requiert une grande vigilance. J'ai des maux de tête, des tournis en à plus finir. La nuit je ne dors presque pas.
La sage-femme a dit que je menais une grossesse à risque mais si je faisais attention je à ma santé je pourrais accoucher d'un bébé en plein forme Incha'Allah.
Moralement, je suis à zéro depuis six mois de grossesse le père du bébé n'est venu me rendre visite que deux fois. Soit tout les trois mois, il est allé se réfugier à Thies. Ce que je comprend pas c'est pourquoi il est là bas. J'ai l'impression qu'il me fuit on se parle au téléphone chaque jour pendant au maximum deux minutes. On dirait qu'on le force même à me parler.
Quand il vient pendant les visites prénatales il se montre distant. Il a des gestes mécaniques, il me conduit à la clinique, m'achète des médicaments et fait quelques courses pour moi puis reprends la route de Thies. Il s'intéresse juste à la santé du bébé, en ce qui me concerne il me donne de l'argent c'est tout.  Aucun réconfort même pas un mot doux.
Je m'inquiète tellement pour mon bébé, j'ai peur qu'il ne survive pas. Alors un peu de réconfort de sa part ne me fera pas de mal au contraire.
Et dire que tout le temps où il me disait qu'il voulait un enfant était que des leurres. Je ne sais pas ce que j'ai fait pour mériter ça. Je suis désespérée. Il faut reconnaître que de mon côté je n'ai rien fait pour que la situation s'améliore et je compte ne rien faire. Je campe sur ma décision de divorcer le plus rapidement possible.
Devant les autres je fais semblant d'aller bien mais Dieu seul sait que cette situation me pèse. J'en souffre tellement.
Heureusement que mon père est là.  Il vient me chercher parfois chez ma belle mère puis on se fait une promenade le soir. On parle de tout et de rien sauf de mon ménage c'est un sujet tabou. On en a pas parlé depuis ma sortie de l'hôpital on a comme on dirait fait un accord secret visant à ne pas évoquer mon mariage minable.
Autre source de bonheur, Alassane. Sa femme est en voyage alors il est venu vivre avec nous. Il passe tout son temps libre avec moi. On s'est beaucoup rapproché durant cette période. Je crois qu'il est plus enthousiaste que moi à ce sujet.
Il.est toujours au petit soin, il est même venu avec ma belle-mère et moi pour faire des emplettes pour le bébé. A la descente du travail, il m'amène toujours quelques choses. 
Si on nous connaissais pas on pourrai dire que c'est lui le père. Or que le vrai père s'en fou comme une guigne.

Le temps passe et se ressemble je suis les prescriptions du médecin à la lettre.
Aujourd'hui j'ai eu la visite de la femme d'Alassane. C 'est la première fois qu'elle vient me voir. J'ai aussi remarqué que son  mari venait me voir rarement ces derniers temps depuis que sa femme est revenue de voyage.  Quand il vient voir il le fait en un coup de vent. Je met tout ça dans le compte qu'il est occupé mais ça me manque nos longues discussions parfois dénué de sens.
Après les salamecs d'usage nous parlons de tout et de rien quand une violente nausée me surprends. Elle m'aide à déverser ma bile.
Puis pour détendre l'atmosphère je fais une blague.
-Si je savais que c'étais ça être enceinte, j'aurais voulu ne pas l'être.
Si à cette instant un regard pourrais tuer je serai morte depuis belle lurette.  Contre toute attente elle se mit à pleurer, c'est à ce moment que je me rends compte de ma bourde. Elle qui voulait un enfant et qui ne l'a pas moi j'ai une chance inouïe et je me plains. 
Je crois qu'elle pleure tout son soul. Elle m'a même arraché des larmes.  Quand elle a finit elle s'est excusé, puis elle rajoute:
- Je t'envie, je rêve depuis des années de pouvoir porter un enfant. Alors quand Alassane s'est rapproché de toi et du bébé j'ai vu rouge. Je lui est demandé de s'éloigner. En bon mari aimant il l'a fait. Je suis désolé vraiment.

Maintenant je comprends le comportement de mon acolyte il suivait juste les désirs de sa femme. Je vais pas lui en vouloir.
Je la rassurais autant que je pouvais puis je la raccompagne jusqu'à sa voiture.
Je suis épuisée comme d'habitude, ce bébé me donne du fil à retordre alors qu'il est pas encore né.
Je me promène dans le jardin en imaginant sa petite bouille.
En me disputant avec ma conscience du fait qu'il vas me ressembler ou à son ignoble père. J'espère que je ne vais pas regretter le fait de vouloir divorcer. Moi et Ibrahim c'est bel et bien fini.

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-Ou tu sors tes histoires débiles toi? Dis je hilare
Avec Alassane on etait dans le jardin entrain de discuter et comme d'habitude il me racontait des trucs nuls à souhait mais l'important ça me faisait rire.
Je suis à mon huitième mois de grossesse dans à peu près  trois semaines je pourrais accoucher d'une fille.  Et oui c'est une fille ce sera ma princesse, ma raison de vivre, celle pour qui je me battrais jusqu'a la mort.
Mais ma tension est à la hausse et pour cause je me suis disputée violemment avec le père du bébé. Je lui est quemandée de venir au moins assister au dernier moment de la grossesse. Saviez vous ce qu'il m'a dit?
- Occupe toi seul de ta bâtarde. Je suis sûr que je suis pas le père. Sale pute! Je regrette amèrement de t'avoir épousé.
Ses mots ont eu l'effet d'un coup de poignard. Évidemment j'ai répliqué le salaud il m'a raccroché au nez et je suis sûre que j'ai entendue une voix de femme.
Je m'en fou royalement s'il me trompe ou pas mais il a pas le droit d'insulter mon enfant.
Il a l'a traité  de "bâtarde" sans aucune état d'âme. Et le pire il fait ça juste pour me blesser.
Mon Dieu ! Qu'est ce que j'ai fait pour mériter pareille châtiment!  J'avais cru trouver le Prince charmant mais je me suis trompée. Malheureusement!
Je me sens lasse.
Je me sens démunie.
Je ne suis plus l'ombre de moi même.
Je cherche en vain ou j'ai fauté.
Je ne fais que pleurer de colère contre lui, contre moi et contre le monde entier.
Je pleure d'amertume et de regret.
J'aurai dû écouter mon papa.
Mon Dieu!
Il avait raison!
Mais j'étais aveuglée.
Ces pensées firent couler mes larmes. J'avais oublié que j'étais en compagnie de mon beau frère.
Il essuyait mes larmes, me regardant tristement.
-Je suis désolé,Khadija
- C'est pas ta faute. Repliquais je

Je sentis que j'avais les jambes mouillés. J'ai cru un moment que j'avais renversé mon verre de lait mais non.
Je perdais les eaux! Je commençais à paniquer . Alassane qui avait suivit mon regard n'avait pas compris de suite.
-Ça commence? Demande t-il sur un ton étonnamment calme
Je lui fais un petit "oui".
Il court appeler belle maman puis nous démarrons en trombe vers l'hôpital.
Les contractions ont commencé sur la route. Bizarrement j'étais calme très calme, la peur me tenaille les entrailles et ne me laisse aucun répit. J'avais peur de perdre mon bébé.
Je respirais doucement essayant d'oublier la peur et ce qui m'entoure et me concentre sur le moment présent.

En moins de temps j'étais en salle de travail. Je faisais des vas et viens incessant j'avais mal partout je transpirais. Elle a décidé de venir beaucoup trop tôt cette gamine.
À l'autre bout de la pièce Alasane se dandine comme un canard on dirait que c'est lui qui accouche. Si la situation était différente je l'aurai ri au nez. Mais là la douleur a raison de moi.
Les contractions s'intensifient je n'en pouvait vraiment plus. J'ai essayé de supporter de ne pas crier mais je suis arrivé au summum de tout ce que je pouvais supporter.
Je suis là depuis bientôt  8h de temps et tout mon corps irradie de douleur, je ne pouvais plus marcher, je me suis assise puis je me suis couchée.
J'en ai marre, j'en ai vraiment marre. Je suis tellement fatiguée que j'en pleure de fatigue.
Deux heure plus tard on m'oriente dans une autre salle.
Madame daigne enfin se montrer. Alassane n'a pas pu me suivre cette fois, il est assit avec belle maman dans la salle d'attente cette dernière a beaucoup prier pour moi.

La sage-femme qui me traite est quelqu'un de très douce. Rien qu'avec sa voix elle pouvait m'apaiser même si cela dure un petit moment.
J'executais ces ordres autant que je pouvais.
Je poussais de toute mes forces, mais elle pouvait pas sortir on a du faire une épisiotomie. J'ai jamais eu autant mal de ma vie.
Mes larmes coulaient à flot, j'étais fatiguée. Je voulais abandonner mais je ne pouvais pas. Il faut que je la sorte de là.
Je poussais une énième fois. Elle étais sortie. Je l'avais enfin expulsé.
Elle n'a pas pleuré. Je commençais à paniquer. Ils l'ont vite amener dans une espèce de mini table d'opération. Mais je ne l'ai pas encore entendu pleuré.
Il faut qu' elle crit.
Mon Dieu fasse qu'elle survit.
Je me sentais faible.
Je perdais la file du temps.
Puis je perdis connaissances.

Khadija Ou la DestinéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant