À travers toi [EN CORRECTION]

17. Voyage d'affaires

Jordan

- À demain Jo ! Me lance Emily avant de monter dans l'ascenseur.

- Malone ! Gueule Johnson avant que je n'ai le temps de saluer ma collègue.

Comme un bon petit toutou, je me rue dans le bureau de Monsieur-Le-Roi-Des-Cons.

- Oui Monsieur ?

- J'aurai besoin de vous à Wakefield les quatre prochains jours. On pars demain matin à 7h30. Soyez à l'heure !

Je reste abasourdie par son ton condescendant. Ce connard aurait quand même pu m'en parler avant. Au lieu de ça, il me met devant le fait accompli. Monsieur-Le-Maitre-Du-Monde-Des-Enfoirés a encore frappé. Ce mec a vraiment un don pour me foutre les boules !

- Cessez cet air abruti Malone ! Si ça ne vous convient pas, la porte est grande ouverte ! J'ai trente godiches comme vous qui postulent tous les jours.

Très classe ! Y-a rien à dire... À part : espèce d'enfoiré de merde de connard de chiotte !

- Je serais là à 7h30 Monsieur.

Je quitte son bureau, rouge de colère et verte de dégoût. D'ici quelques semaines, ce mec me fera passer par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Je rêve de ce jour où je pourrais quitter ce job de merde en lui mettant une avalanche de baffes dans sa face de rat. Mais là, ce qui me préoccupe, ce sont ces quatre putains de jours en tête à tête avec James Johnson, Maître dans l'art de la « Connard attitude ».

Dans le bus, je tente de faire baisser ma rage en écoutant Dammit de Blink 182. Le vieux Bill va sûrement péter un plomb. Mais dans l'immédiat, c'est moi qui vais éclater si je ne me défoule pas. Faudrait peut-être qu'un jour je m'excuse auprès de lui. On verra plus tard !

Je ferme les yeux et débite les paroles de ma chanson en faisant abstraction des autres passagers. Si y'en a un qui vient me faire chier, c'est lui qui prendra ma main la gueule.

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Il est 7h27 quand je monte dans le taxi devant Johnson Accunting avec Monsieur Aimable. Direction l'aéroport. Youpi ! On va trop s'éclater !

Johnson me fait un debriefing rapide sur le pourquoi de ma présence. Il a besoin de son petit toutou pour lui coller aux basques et montrer qu'il est important. Il va signer avec Forman, un mec bourré de fric qui a fait fortune en lançant de jeunes artistes. Ce Monsieur Forman a besoin de Johnson pour gérer ses comptes pro et perso. Autant dire que le contrat qu'il s'apprête a signer va comporter plusieurs zéros. Le seule point positif dans ce voyage : regarder Johnson lécher le cul de Forman durant les négociations.

Arrivés à l'hôtel, nous allons chacun a notre chambre. Le premier rendez-vous avec Forman aura lieu ce soir au restaurant. Je dois terminer de contrôler tous les dossiers avant, et bien sûr, faire les tâches administratives que je dois faire quotidiennement. Toute la paperasse prend plus de place dans mes bagages que mes propres fringues.

L'heure du dîner a sonné. Je vérifie une dernière fois que tout est prêt, et descends retrouver Johnson à l'accueil. Il est au téléphone quand j'arrive à son niveau, il me lance un regard du style : suis moi et bouge ton cul.
Je lui emboîte le pas et prenant bien soins de ne pas ouvrir la bouche, au risque de l'envoyer se faire foutre.

Eric Forman est déjà là lorsque nous arrivons au restaurant, qui soit dit en passant est tout simplement magnifique. Pas le genre où j'ai l'habitude d'aller. Enfin bref...

En regardant bien, Forman aussi est époustouflant. Grand, brun, yeux verts, 35 ans... Le cliché de la bombe atomique. Il se lève pour serrer la main de Johnson, puis se tourne vers moi. Je lui tends la main également, mais Forman y dépose délicatement ses lèvres. Wouah ! Gentleman en plus ! Je lui souri comme une cruche et m'assois à la place qui m'est attribuée.

Je les écoute blablater pendant des plombes en sortant mes documents quand Monsieur Connard le décide entre deux plats. Je ne sais même pas trop ce que j'ai mangé.
Lorsque j'ai lu la carte j'étais totalement paumée. Elle aurait été écrite en mandarin que ça aurait été la même chose. J'ai choisi un « truc muche » sur son lit de « machins» en entrée, une « je ne sais pas comment ça se prononce » sauce « bidule » avec des légumes en plat principal. Et pour le dessert, je l'ai fait soft : farandole de « babioles » au chocolat. Cela dit, j'ai très bien mangé. Sûrement trop d'ailleurs. ..

- Vous pouvez nous laisser Malone, déclare Johnson après le dessert.

- Bien Monsieur.

Je me lève en récupérant mes dossiers qui ne sont toujours pas signés. Les négociations s'annoncent rudes. Forman ne fera pas de cadeaux. Et Johnson non plus. Je suis bien contente de ne pas avoir à assister à leur concours de bite.

Je les salue en quittant la table. James « Du Con » Johnson ne m'adresse ni un mot, ni un regard. Comme d'hab' vous me direz.
Alors qu'Eric Forman me lance un « à demain » en me faisant un clin d'œil. Qu'est-ce qu'il me veut celui-là ?

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Lorsque je sors de la douche, j'allume la télé et mets une chaîne avec des clips. Je reste quelques secondes déconcertée devant Katy Perry qui braille une chanson de merde dans une casserole géante. Je me marre toute seule en plein milieu de ma chambre avant de sursauter en me tournant vers le lit.
C'est quoi ce bordel ?

- Monsieur Forman ? Qu'est-ce que vous faites dans ma chambre ? Dis-je choquée alors que je suis enroulée dans ma serviette de bain.

Il se lève de mon lit pour me rejoindre.

- Fais pas ta coincée avec moi. J'ai bien vu comment tu me regardais...

- Pardon ? Dis-je en croisant les bras un peu plus fort.

- Je pourrai signer ce contrat bien plus vite si tu te chargeais toi-même des négociations, dit-il en faisant courir son index sur mon épaule nue.

- Sans façon, dis-je aussi froide que possible.

- Je suis sur que ça serait moins pompeux qu'avec l'autre abruti.

- Tu m'étonnes... Bon c'est bien gentil tout ça mais je vais vous demander de sortir de ma chambre.

- Sinon quoi chérie ? Dit-il faisant glisser ses doigts sur ma joue.

- Sinon, au choix, soit je vous mets un grand coup de pied dans les couilles, mais la douleur passerait trop vite à mon goût. Ou alors, je peux crier jusqu'à ce que quelqu'un m'entende, et croyez moi, je crie très fort.

- J'adorerai ça te faire crier Malone...

- Sortez de ma chambre !

Là, je suis super en train de flipper !

Forman se met à rire comme un abruti.

- Comme tu voudras chérie... On a tout le temps jusqu'à vendredi.

Sur ces derniers mots, il quitte ma chambre tranquillement, comme si le fait de s'être introduit dans ma chambre pour me faire du rentre dedans était normal.
Nan mais quel connard !

Je pensais que ces quatre de jours avec Johnson allaient causer ma perte, mais à cet instant, je préférerais mille fois n'être qu'avec lui plutôt que de devoir supporter cet obsédé d'Eric Forman.
Quelle vie de merde sérieux !