35. Le crapaud

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Jordan 

Ma nuit fut une nouvelle fois épouvantable. Je n'ai pas réussi à fermer l'œil. Entre Kyle, Johnson  et Forman, y avait largement matière à se prendre la tête. Et j'ai horreur de me prendre la tête, ça n'est pas dans ma nature. J'aime voir la vie suivre son cours sans réfléchir, en me laissant porter par mon instinct, et mes envies. Or là, Johnson m'impose ce rendez-vous merdique, avec ce mec pervers au plus haut point ; et Kyle, il m'a obligé à être méchante, et forcé à être malheureuse. Il n'est que 6h30 du matin et je suis encore en train de me torturer les neurones. Autant dire que la journée s'annonce mal.

Me voilà arrivée à l'hôtel.  Le même que la dernière fois. Je stresse à l'idée de revoir Eric Forman l'obsédé. J'espère sincèrement qu'il ne sera pas aussi avenant, et lourd, que la dernière fois, même si je sais qu'en fait, ça sera bien pire. Je suis censée passer trois jours à Wakefield. Mais je vais faire tout mon possible pour écourter mon séjour. Hors de question de rester plus que nécessaire.  J'ai bien l'intention de rentrer à Boston dès demain. Forman n'aura pas le choix . 

À 20h00 tapantes, je suis à l'entrée du restaurant de l'hôtel. De loin, je remarque que Forman est déjà installé. Il me fixe sans cligner des yeux le temps que j'arrive à la table.  Ce pervers me mate en se léchant la lèvre supérieure. Dégueulasse !  Si je ne me retenais pas , je lui gerberais sur son beau costume à  3000 balles. 

Une fois à son niveau, je lui tends la main. Il l'a saisie en se levant et y dépose ses lèvres. La dernière fois, j'avais trouvé  ça  charmant, mais là, c'est comme si le beau prince s'était transformé en ignoble crapaud. Quoique le crapaud serait plus sexy. 

 - Malone, dit-il en tentant l'air séducteur. 

- Forman, dis-je en retirant ma main de la sienne. 

Je m'installe en essayant de rester le plus calme possible, sans montrer mon dégoût pour cet homme infecte.

- Tu m'as manqué ma chérie. 

- Je ne suis pas venue là pour parler sentiments.  Si on passait directement à ce qui m'intéresse. 

- On a trois jours pour ça chérie . Oh que non ! 

- Va falloir être plus rapide que ça.  Je pars demain, dis-je sans vaciller. 

- J'avais dit trois jours à Johnson. 

- Je ne suis pas Johnson. Et j'ai dit que je partais demain. 

- T'es coriace. J'adore ça. Ça me fait bander comme un dingue. 

J'approche mon visage un peu plus près du sien en souriant tout en le fixant droit dans les yeux.

- Je te préviens Forman, si j'entrevois ta queue bouger ne serait-ce que d'un millimètre, tu peux faire une croix sur ta petite vie de merde. Tu regretteras le jour où tu ne me connaissais pas. Je te ferai vivre l'enfer... Tu me supplieras à genoux d'abréger tes souffrances. Compris chéri ? dis-je en murmurant.  

Son visage se fige instantanément.  Il a l'air de me prendre au sérieux. Ouf ! Mon cul est sauvé ! 

- Je prendrai bien du poisson, dis-je enjouée. Vous me conseillez lequel ?  

Forman me regarde totalement déconcerté avant de dire un truc du genre : « euh... bah... Je... pff... ». 

- Super ! En cas, le jour où je n'ai pas besoin de conseil, je vous demande ? dis-je autoritaire. 

Ce con reste sans voix alors que moi, bah j'ai juste envie de mourir de rire face à cette tâche à l'air abruti. Le dîner se déroule plutôt bien. Il me parle maladroitement de son nouveau projet d'investissement. Le pauvre a perdu tous ses moyens. Il voudrait acheter un entrepôt dans un coin tout paumé pour faire une galerie d'art.  Je lui explique, malgré mes non qualifications, que l'endroit n'est pas super stratégique, et qu'il aura beau s'appeller Eric Forman, ce n'est pas ça qui amènera la foule. Je lui suggère donc de trouver un autre plan et de jeter celui-ci à la poubelle. 

- Quand vous aurez trouver l'idée du siècle, traitez directement avec Johnson. Ça sera plus raisonnable pour vos couilles, dis-je en me levant pour quitter le restaurant.  

- Je... euh... Ok... 

Quelle conversation !  Je laisse Forman et rejoins ma chambre.  Cette petite confrontation m'a remonté le moral. Voir Forman ridiculement niais est presque orgasmique.  

Enroulée dans mon lit, mon moral retombe vite sous la barre du zéro. Kyle... Les larmes me montent dangereusement. Je regrette ma façon d'agir avec lui. Hier, je n'ai pas été tendre. Je l'ai méchamment envoyer se faire foutre. Mais il a agit comme un connard avec moi. Il m'a blessé comme personne auparavant. Même les infidélités de Ben ne m'ont pas faite autant souffrir. Mais je n'étais pas amoureuse de Ben. Le peu de temps passé avec Kyle m'a montré ce qu'était l'amour. Même si ce sentiment est aussi associé à la douleur aujourd'hui. Si je n'étais pas totalement amoureuse de lui, je ne souffrirai pas de son comportement. J'aurai repris ma vie minable, avec mon job minable, et les fêtes chez Jim, avec Perry le pot de colle.

Je suis heureuse de prendre quelques jours de vacances. Je vais en profiter pour rentrer à Atlanta. Voir ma famille me fera du bien et peut-être oublier la douleur de ces derniers jours.



À travers toi [EN CORRECTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant