Prologue

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Tous les contes sont basés sur des faits réels ; c'est ce que ma mère, professeure de lettres, m'a toujours raconté.

Son exemple préféré était l'histoire de l'apparition des loup-garous, et celle de leur pire ennemi.

Il y a cent ans, l'Alpha Suprême, l'arrière-arrière-arrière-grand-père de celui qui domine le monde à présent, a révélé aux humains la population des loup-garous au monde. Evidemment, avec leurs crocs et leurs griffes, les êtres humains, qui étaient alors la seule espèce dominant la planète, n'eurent pas envie de protester. Les deux espèces décidèrent alors de coexister en paix.

Pour cela, les loups fixèrent trois règles.

La première était qu'humains et loups devaient obéissance aux Alphas, les chefs loups, et plus particulièrement à l'Alpha Suprême, chef parmi les chefs.

La deuxième -et ma mère ricanait toujours, à ce passage, mais je vous raconterais pourquoi plus tard- était que les humains et les loup-garous ne devaient pas s'unir. Les dieux avaient déjà désigné pour les loups des âmes-sœurs de leur espèce, la nature était ainsi faite. Cette règle était tellement respectée à la lettre que humains et loups se côtoyaient à peine, de peur de ressentir des attirances les uns envers les autres. Même si parfois, les dieux pouvaient être farceurs avec les mortels...

La troisième était que personne ne devait faire opposition à l'Alpha Suprême. Etant donné qu'il pouvait -et que ses descendants peuvent toujours- se transformer en bête sanguinaire aux crocs d'environ un mètre, personne n'avait envie de contredire ces règles. Tous, sauf un loup.

Depuis toujours, la nature l'avait doté, lui et ses descendants, d'un souffle capable de détruire des maisons, d'une force surnaturellement incroyable et d'un appétit lui permettant de littéralement gober ses adversaires. Ce fameux loup avait déjà dévoré des gamines vêtues de rouge en direction de chez leur grand-mère, soufflé des maisons appartenant à des citoyens ressemblant à des cochons et possédait une force capable de terrasser l'Alpha Suprême.

On l'appelait donc le Grand Méchant Loup. Lorsque l'Alpha Suprême établit son autorité en tant que maître incontesté, il le désigna automatiquement comme l'ennemi public numéro un, le gangster à abattre, celui qui pouvait commettre une atteinte à son pouvoir.

Le Grand Méchant Loup devint donc un homme traqué, l'Al Capone du temps des loup-garous, le symbole de l'opposition.

Lui et ses descendants endossèrent tous un à un ce rôle d'opposant principal à l'Alpha Suprême, mais personne n'arrivait à descendre le Grand Méchant Loup, à stopper ses attaques infernales.

Jusqu'à ce jour, la veille de ma rentrée en dernière année de lycée, où tout changea. Ce jour-là, les journaux titrèrent tous fièrement ces quelques mots :

Le Grand Méchant Loup abattu

Qui allait jouer le rôle de l'opposition, à présent ?

L'héritier du Grand Méchant LoupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant