Chapitre 9 : Paradis de neige

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J'ai froid...

Je me frotte les yeux en baillant. Où est-ce que je suis, déjà ?... Ah, oui. Les souvenirs de ce qui s'est passé ce matin me reviennent en mémoire. La déclaration de l'Alpha Suprême, l'abandon de la Meute Férale avec pour seule consigne de « jouer le jeu », les adieux à Kaleb et à ma famille.

Combien de temps est-ce que nous avons roulé ? J'ai l'impression que le voyage a duré une éternité. J'observe autour de moi en tournant frénétiquement la tête pour tenter de retrouver quelques repères. A côté de moi se trouve toujours l'Alpha Suprême, occupé à contempler le paysage par la fenêtre, le visage légèrement éclairé par les rayons perçants du soleil couchant. Il s'est débarrassé de son élégante veste et sa chemise blanche souligne la pâleur de sa peau. Même ses vêtements sont immaculés...

Je réalise que je suis en réalité blottie dans la veste de l'Alpha Suprême. Je réprime un petit rire nerveux. Sérieusement ?

« Vous êtes un peu cliché, vous, je fais remarquer en agitant la veste.

-Oh ? Vous êtes réveillée ? J'espère que vous ne m'en voulez pas ; vous grelottiez dans votre sommeil. » me signale-t-il à propos de la veste.

Je lève les yeux au ciel. Je n'ai pas l'habitude d'être pouponnée de la sorte. D'ailleurs, je ne veux pas une veste pour me réchauffer ; je veux des réponses à mes questions. Interroger l'Alpha m'évite de me ronger les sangs quant à ce qu'il adviendrait de moi s'il venait à découvrir certaines choses que j'avais faites avec Lewis. « Vous ne voulez toujours pas me dire où nous allons ? » je tente une nouvelle fois.

J'ai beau avoir essayé de le questionner au début du voyage, ma prétendue âme-sœur a refusé de fournir des réponses à mes interrogations. Selon lui et ses Bêtas, l'endroit censé être sa demeure est tellement bien gardé que je n'aurais le droit de savoir son nom et son apparence qu'une fois sur place.

« Ce n'est plus la peine. Nous sommes arrivés. »

En effet. J'étais tellement concentrée sur lui que je n'ai même pas senti que la voiture s'est arrêtée. Je n'ai même pas pris la peine de vérifier le paysage par la fenêtre, et je sens la curiosité m'envahir. A défaut d'être coincée chez l'Alpha Suprême, j'espère au moins qu'il s'agit d'un endroit agréable.

Cédant à mon envie de savoir, je pousse la portière de la voiture. J'écarquille les yeux face au spectacle auquel je fais face : la voiture s'est arrêtée au beau milieu d'une pleine recouverte d'un immense manteau blanc, reflétant la lumière du soleil couchant. La plaine se trouve elle-même au milieu d'une chaîne de montagnes monstrueusement grande. Accéder ici ne doit pas être une chose facile. Je me frotte les yeux. Dans ma ville natale, au climat plutôt sec et chaud, je n'ai jamais vu la neige. Je dois absolument en voir de plus près !

Je me précipite hors du véhicule, et à mon grand malheur, je me retrouve avec de la neige jusqu'aux genoux. Je pousse un cri de surprise : non seulement mes jambes sont trempées, mais elles sont aussi gelées ! Je me mets à regretter d'avoir laissé la veste de l'Alpha Suprême dans le véhicule. Clichée ou pas, au moins, elle était chaude.

J'entends un des deux Bêtas ricaner. C'est la fille ; une grande femme à la peau noire et à la carrure d'amazone, aux cheveux blonds attachés en queue de cheval, assise sur le siège passager avant. Mon côté impulsif, jusque-là calmé par l'appréhension que m'inspirait le départ vers chez l'Alpha Suprême, revient au grand galop.

« Quoi ? Tu as un problème avec les gens qui tombent dans la neige ? je lui lance.

-Oh, du calme. Tous les invités qui montent dans cette voiture se retrouvent toujours dans cette situation. C'est un petit bizutage de la part de Peter et moi. »

L'héritier du Grand Méchant LoupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant