Une vérité que j'aurais dû te dire il y a longtemps... Plus énigmatique, tu meurs, je songe en refermant silencieusement derrière moi la porte de la bibliothèque.
J'ai dû me rendre dans cette grande salle aux murs de bois seule, en rasant les murs pour éviter de croiser un loup de la Meute Suprême et d'être renvoyée dans la chambre d'Ash. Kaleb a refusé de m'accompagner, même quand je lui ai expliqué que ce tête-à-tête me rendait nerveuse. « C'est entre Lewis et toi, maintenant. », m'avait-il répondu avec un sourire mystérieux.
Peuh. S'il croit m'impressionner avec ses airs de cachottier, il se trompe sur toute la ligne. Après tout, Lewis n'est pas comme Ash. Ce garçon est un véritable livre ouvert quant à ses émotions. Quels secrets pourrait-il avoir pour moi ?
Peut-être pourquoi il combat l'Alpha Suprême aussi férocement. Ou alors, pourquoi il est si jaloux depuis que j'ai rencontré Ash. Ou même sa couleur préférée, ou sa date d'anniversaire... Tout à coup, je réalise que je connais peut-être mieux l'Alpha Suprême que Lewis, et cela me fait frissonner.
En réalité, le Grand Méchant Loup est un océan de secrets, et je me demande sincèrement quels secrets il peut bien avoir pour moi. Cela a au moins le mérite de repousser Ash et les pensées néfastes qu'il m'inspire aux tréfonds de mon esprit, là où est leur place.
Je tourne la tête frénétiquement pour retrouver Lewis, et je suis subjuguée par la beauté de la pièce. Pourquoi les loups de la Meute du Désert Polaire ne s'y rendent pas plus souvent ? Malgré mon désintéressement pour la lecture, je ne peux qu'apprécier l'ambiance de cette salle boisée, aux longues bibliothèques dont les livres sont couverts de poussière à force de ne pas être lus. La lumière lunaire de la nuit pénétrant par la fenêtre, la poussière qui volète légèrement au-dessus du sol et l'odeur de livres encore neufs achève de donner une atmosphère mystique à l'endroit.
Je marche sur la pointe des pieds sur le sol en bois craquant, déambulant dans des allées remplies d'ouvrages plus épais les uns que les autres, et je finis par arriver au fond de la bibliothèque sans tomber sur Lewis. Je tente de me concentrer. Parmi l'odeur de livres, j'arrive à distinguer la sienne, j'en suis pourtant persuadée.
« Lewis ? Où tu te caches ? »
Aucune réponse. Ma voix est absorbée par les murs en bois de la bibliothèque sans trouver d'interlocuteur. J'avance dans la pièce déserte, fascinée par la lumière lunaire qui y pénètre. Tous les loups adorent la lune, et même la demi-louve que je suis n'y fait pas exception.
Je suis tellement admirative de cette belle luminosité que je ne regarde pas où je marche. Je finis par rentrer dans une masse chaude, occupée à se baigner dans la lumière projetée par une fenêtre. Je sursaute et recule brutalement, avant de réaliser avec soulagement qu'il s'agit de Lewis.
« Tu m'as fait peur, je chuchote. Je croyais que c'était un loup de la Meute Suprême, je... Lewis ? »
Il se tient debout, les mains dans les poches. L'effet du glamour de Cara se dissipe peu à peu chez lui aussi et il regagne progressivement sa tignasse noire. Il a les paupières fermées, comme s'il savourait la lumière qui illuminait son corps, et reste silencieux. La luminosité et son attitude lui confèrent un air presque royal que je ne lui connaissais pas. Pour une fois, il inspire réellement la crainte et la force, chose que je n'avais pas détectée dans son caractère auparavant. Intimidée, je préfère ne pas l'interpeller à nouveau.
Il ouvre les yeux lentement, tournant sa tête vers moi. Son regard sombre m'observe et subitement, je me sens aussi remplie d'excitation et d'appréhension qu'une collégienne lors de son premier rendez-vous. Enfin, si toutes les collégiennes allaient à des rendez-vous de nuit, dans une bibliothèque appartenant à l'Alpha Suprême avec un loup-garou souhaitant tuer ce dernier.
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L'héritier du Grand Méchant Loup
Werewolf"On va tuer l'Alpha Suprême." Quelques mots, un grand plan. Aussi simple que ça, et pourtant, ces paroles de la part du loup-garou le plus recherché de la Terre vont bouleverser ma vie. Comment résumer ma situation ? En deux mots : un bazar sans nom...