Chapitre 20 : Double-jeu en péril

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« Trouvez-là ! » ordonne encore une nouvelle fois cette voix étonnamment familière, d'une manière plus rugissante encore.

Les pas de quelques hommes s'éparpillent dans les rayons de la bibliothèque. Mes sens m'alertent qu'il ne s'agit que d'une question de quelques secondes avant qu'ils n'arrivent jusqu'à nous. Je me tourne vers Lewis qui a l'air aussi désemparé que je le suis actuellement.

« Qu'est-ce qu'on fait ? je murmure entre mes dents.

-D'après toi ? On se tire d'ici ! » chuchote-t-il.

Il m'attrape la main et m'indique d'un doigt une fenêtre à peu près à notre niveau. Encore une fois, Lewis prévoit de se faire la belle en fuyant dans la neige, et pour une fois, je suis tout à fait prête à le suivre.

Nous nous dirigeons sur la pointe des pieds vers notre seule issue quand un soldat surgit du fond de la pièce, et nous aperçoit au moment où Lewis me lâche la main pour ouvrir avec difficulté la fenêtre à la poignée usée par le temps.

« Là ! Ils sont là ! annonce-t-il aux autres.

-Lewis...! je le presse.

-Je fais ce que je peux ! me répond-t-il.

-Attrapez-les ! Dépêchez-vous ! » hurle l'inconnu qui donne les ordres depuis son arrivée dans la bibliothèque.

D'autres soldats arrivent avec précipitation, mais le premier, grâce à son avance, s'est transformé en un grand loup au poil cuivré et au souffle profond, mécontent, qui résonne dans mes oreilles. Je sens mon cœur s'emballer de panique. Je me souviens brutalement du petit couteau donné par Flavia, lors de l'entraînement.

J'enfonce une main dans ma poche, et sens la forme pointue de l'arme que la Bêta n'a pas récupérée. Je la sors, l'observe : pas génial comme arme...

Malheureusement, le premier soldat est déjà en train de charger droit sur moi sous sa forme lupine. Je brandis le couteau aussi loin que je peux, m'attendant néanmoins à un choc aussi brutal qu'imminent.

« Excuse-moi, Phoebe, mais j'ai quelque chose à tester. Tu veux bien ? »

Je n'ai pas le temps de répondre que Lewis m'embrasse brièvement sur la joue avant de foncer droit sur l'ennemi, me laissant seule dans une incompréhension la plus totale, avec pour seule compagnie quelques papillons dans le ventre et une terrible peur me rongeant la poitrine.

Lewis court droit sur le soldat transformé, et balance son bras pour l'attraper au niveau de son long museau. Je ferme les yeux, m'attendant à voir Lewis être jeté au sol par l'énergie accumulée par la course de l'ennemi, mais aucun son de chute ne retentit. J'ouvre timidement un œil, et ce que j'aperçois me sidère.

Lewis arrive à tenir un loup d'environ cent kilos par le museau d'une main, avec une aisance rare. Le loup se débat, sa grande bouche fermée par la poigne ferme du nouveau Grand Méchant Loup qui l'observe, hilare. Tout à coup, alors que le bataillon arrivé après le premier soldat est complètement transformé et prêt à charger lui aussi, Lewis balance comme un vulgaire déchet leur compagnon, les envoyant valser comme de vulgaires quilles. Cela fait perdre connaissance à certains, empêchant l'avancée du reste du bataillon.

Lewis éclate de son rire ressemblant à un aboiement. Il se tourne vers moi, un air fier sur le visage. « Tu as vu ça ? Rien qu'avec un baiser sur la joue, en plus !

-Tu veux dire que cette force phénoménale est apparue avec ce... ce que tu m'as fait ? je lui demande, complètement hébétée.

-Ne plus cacher notre lien d'âme-sœur m'a donné une partie des pouvoirs qui me manquaient, m'explique-t-il joyeusement. Ta présence me donne des forces.

L'héritier du Grand Méchant LoupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant