Il y a des choses, dans la vie, qui vous tombent dessus, comme ça.
Par exemple, quand une bande de loups ronchons vous balancent dans une poubelle, il y a peu de chances pour que vous puissiez rencontrer le fils du Grand Méchant Loup, le bandit le plus réputé de tous les temps, si ?
Pourtant, me voilà face à lui, affalée parmi les déchets. Et je suis tellement effarée par le caractère incroyable de cette rencontre que j'ignore le torrent de sentiments qui m'envahit lorsque je croise son regard. Mon cœur s'accélère et je ressens une poussée d'adrénaline.
La peur, sans doute. Après tout, si ce type -je crois qu'une de ses compagnes l'a nommé Lewis- est bien le fils du Grand Méchant Loup, alors il peut se transformer en bête surpuissante en moins de deux. Sans compter que tous les membres de leur petit groupe, maintenant occupé à nous toiser, Kaleb et moi, depuis le haut de la poubelle, sont tous équipés de pistolets relativement menaçants.
Il y a d'abord un silence gênant, puis Kaleb commence par s'excuser : « Heu... Nous n'écoutions rien, nous somme déso...
-Ooooh, mais regardez comment ce petit loup errant est mignon ! » s'exclame la fille la plus jeune du groupe, celle que certains appelaient Cara quelques secondes plus tôt.
Tout en m'ignorant complètement, elle attrape le frêle corps de Kaleb sous les bras et le soulève comme on soulèverait un chaton. Le visage juvénile de cette fillette exprime une extase totale tandis que Kaleb blêmit de terreur.
« Cara... » soupire celle qui passait un savon au fils du Grand Méchant Loup quelques minutes plus tôt.
Pendant que la jeune fille fait des mamours à Kaleb qui est au bord de l'évanouissement, j'essaye de me rendre compte des différents membres de cette drôle d'équipe, histoire de savoir à qui échapper en premier si la situation vient à mal tourner.
Il y a d'abord le fils du Grand Méchant Loup, celui qui s'appelle Lewis. A chaque fois que mon regard se pose sur lui, je ressens une drôle de fébrilité, quelque chose qui ne m'arrive pas lorsque je regarde les autres membres de son équipe. Arborant une silhouette allongée, il ressemble à une version adolescente et plus mince que son père, le défunt Grand Méchant Loup. Il aborde le look du parfait fugitif : des mèches un peu trop longues lui tombant devant les yeux, le visage couvert de terre et un regard à la fois colérique et hagard. On dirait un chien errant.
Viennent ensuite ses coéquipiers. J'ignorais que le fils du Grand Méchant Loup ne fuyait pas seul : trois personnes sont avec lui. Il y a cette blonde à l'air strict, celle qui lui disait qu'il était fou. Elle est plus grande que lui et a des allures de grande sœur, même si elle ne ressemble pas du tout à Lewis. Il y a également la gamine tenant Kaleb, aux longs cheveux sombres et au visage angélique, mettant en valeur ses deux grands yeux bleus de poupée.
Il y a également un garçon qui reste en retrait. Ses cheveux sont d'un roux flamboyant mais son visage est sombre. Il arbore un air maussade, et à côté de lui, Lewis a l'air d'un enfant de chœur. Il a autour de lui une ceinture de balles, une énorme mitrailleuse et une poignée de grenades. On dirait que cet inconnu s'apprête à partir au front.
« ...Diana, s'il te plaît, s'il te plaît, s'il te plaît ! » supplie la dénommée Cara en serrant Kaleb contre elle.
Je secoue la tête. J'étais tellement occupée à détailler les membres de ce groupe de fugitifs que j'avais perdu le fil de la conversation.
La blonde, celle qui sermonnait Lewis et qui s'appelle apparemment Diana, semble consternée face au spectacle que donne Cara. Elle tient Kaleb comme on tiendrait un chiot, et lui lance un regard énamouré. Mon ami, lui, pousse un gémissement de douleur : Cara le serre d'une force à lui faire craquer les côtes, malgré son jeune âge. Mon sang ne fait qu'un tour : j'attrape Kaleb, l'arrachant des bras de la jeune fille.
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L'héritier du Grand Méchant Loup
Werewolf"On va tuer l'Alpha Suprême." Quelques mots, un grand plan. Aussi simple que ça, et pourtant, ces paroles de la part du loup-garou le plus recherché de la Terre vont bouleverser ma vie. Comment résumer ma situation ? En deux mots : un bazar sans nom...