Chapitre 25 : Douloureux répit

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« Kaleb, dépêche-toi ! je le presse alors que mon meilleur ami est en train d'installer une Flavia encore inconsciente sur une table.

-Si tu continues à me mettre la pression, je vais finir par les tuer par accident ! C'est ça que tu veux ? Kate, trouve de quoi faire bouillir de l'eau pour stériliser les outils. » réplique Kaleb.

Nous avons fini par rejoindre le vieux refuge déniché par Kaleb à la fin de notre combat avec Peter. On voit qu'il n'a pas été utilisé depuis des lustres : le vent s'infiltre en gémissant à travers le bois composant les murs, tout est couvert de toiles d'araignées, et une affiche d'intérêt général disant « Gare au loup » est collée contre la porte. Autant dire que le dernier habitant -probablement humain- de ce refuge a connu cette période peu avant que les loups-garous ne se mettent à dominer le monde, quand plusieurs d'entre eux s'amusaient à kidnapper leurs enfants et à manger leurs proches.

Après avoir à moitié défoncé la porte, Kaleb a réservé la vieille table branlante du refuge pour Flavia, qui est dans un très mauvais état, pendant que j'installais Lewis sur un vieux fauteuil en velours miteux. A présent, je me tiens à ses côtés, lui serrant la main comme une forcenée. Même avec un Lewis évanoui, ses doigts sont encore tièdes et cela me rassénère un peu alors que je vois le sang suinter sur sa poitrine.

« Tu vas faire quelque chose, hein ? je supplie Kaleb.

-Je vais tenter d'être efficace. Et tu vas m'aider. » déclare-t-il en fouillant dans un tiroir d'une vieille commode.

Tandis que Kate pose une bassine en fer rouillé remplie d'eau sur un réchaud à l'air antique pour la faire bouillir, le visage aux mines professionnelles de Kaleb s'éclaire. Décidément, si on s'en sort, il fera un soigneur très efficace. Même en détestant la violence, Kaleb est toujours resté calme à la vue du sang et des blessures. Il faut dire que ses parents soigneurs recevaient des loups-garous soûlards et sortis de bagarre avec des bras tordus et ce genre d'autres joyeusetés tous les matins, sur la table de leur cuisine.

Il me jette un vieux canif à la lame rongée par la rouille. « Quoi, tu ne vas pas me laisser ce genre de boulot délicat avec un outil aussi dégoûtant ?

-Mais non... soupire Kaleb. Il a sûrement des côtes cassées, et méchamment. Mais j'ai besoin de lui enlever son haut pour voir les griffures. Alors tu vas le lui déchirer avec le canif, pour ne pas aggraver les dégâts. Pendant ce temps, je m'occupe de Flavia. »

Il se précipite vers Kate pour achever la stérilisation des quelques lames et outils qu'il a trouvé dans les tiroirs, et je me retrouve seule, avec une lame rouillée, face à un Lewis sanguinolent et évanoui à qui je dois ôter le T-shirt. Je déglutis, tandis que Lewis pousse un grognement.

« Tu ne pouvais pas trouver un autre moment pour reprendre conscience ? j'ironise, presque sûre à cent pour cent que Lewis est trop épuisé pour m'entendre.

-Mais je suis conscient. Juste à moitié mort ; nuance. » répond Lewis.

Je pousse un cri de surprise, laissant tomber mon canif sur sa cuisse. Kaleb et Kate se retournent vers moi et me fusillent du regard, et je grimace en signe d'excuse. C'est vrai que le moment est mal choisi pour pousser des hurlements.

Lewis pousse un soupir tremblant. « Ce Bêta n'y est pas allé de main morte. Aïe, ça fait un mal de chien...

-Kaleb va s'occuper de toi... je le rassure.

-En attendant, fais comme il t'a dit et arrache-moi ce haut, l'hybride. » annonce-t-il avec un demi-sourire.

Je sens mes joues s'embraser. Avec la douleur cuisante qu'il doit ressentir, comment peut-il avoir trouvé la force de nous écouter, puis de faire du sarcasme après ? Lewis ricane devant mon air gêné, puis pousse un cri. Rire ne doit pas arranger ses côtes cassées.

L'héritier du Grand Méchant LoupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant