Je sens le soldat des forces de l'Alpha Suprême m'attraper comme un bibelot léger, sous le regard ébahi de Kaleb et celui légèrement agacé de la bande de fugitifs. Comment je me suis retrouvée dans cette situation ? Maintenant, les hommes de l'Alpha Suprême vont probablement me dévorer toute crue, pauvre hybride que je suis.
« Personne ne bouge ! hurle à nouveau le loup qui me détient. On tient l'une des vôtres ! »
Je vois Kaleb, toujours tenu par Cara, m'observer, terrifié. Depuis quand étions-nous considérés comme appartenant à la bande du fils du Grand Méchant Loup ? Pourtant, nous sommes les seuls à avoir peur : Cara, Diana, Lewis et Ian ne bronchent pas. Ils semblent avoir l'habitude.
Je suis toujours sur l'épaule du soldat comme un vulgaire paquet de linge sale, quand finalement, Lewis décide de bouger. Jusque-là, le groupe était resté calme et serein. Je réalise alors que je tremble de peur. Qu'est-ce que je vais faire si je me retrouve au milieu d'un carnage ?...
« Rendez-vous ! Les mains en l'air, allez ! ordonne le soldat me tenant sur son épaule, probablement le chef de l'escadron nous tenant en joue.
-Bon, les gars... Vous avez entendu ce qu'il a dit. Les mains en l'air. » lance Lewis d'un ton neutre, trop neutre pour être honnête.
Je suis presque déçue : alors c'est ça, le fils du Grand Méchant Loup, le gangster le plus dangereux et recherché de l'histoire ? Un type qui va se rendre à la première arrestation ? Je suis tellement surprise que j'en oublie ma peur. Pour le coup, Lewis manque clairement de panache.
« Tu vas sérieusement te rendre ? je m'énerve, gigotant comme beau diable sur l'épaule du militaire. Vraiment ?
-La ferme, l'otage ! » gronde le soldat.
Il me colle une gifle retentissante et je sens ma joue me brûler. Celui qui me tient est un loup, c'est sûr : sa force est telle que le coup que je me suis pris m'inflige une douleur cuisante. Encore sonnée, j'entends la voix de Kaleb crier mon nom.
Je reprends lentement conscience de ce qui m'entoure, quand je vois Lewis considérer ce violent soldat d'un air furieux. Il commence à prendre une inspiration, et Cara, Diana et Ian s'accrochent tous à la fontaine de la place. Au dernier moment, Kaleb se dégage de l'étreinte de Cara pour me sauter dessus et m'arracher des bras du militaire, qui lâche prise avec la stupéfaction. Je tombe sur le béton avec lui.
C'est alors que Lewis commence à souffler. La fin du monde semble s'abattre sur la place. Les nombreux soldats de l'Alpha Suprême volent comme des mouches, et le soldat qui me tenait en otage disparaît après avoir été soufflé par-dessus un toit. Kaleb et moi nous tenons comme des désespérés à une bouche d'égout, tandis que tout vole autour de nous. J'aperçois ceux qui accompagnent Lewis, qui ne semblent absolument pas impressionnés par cette démonstration de force. Pour eux, cela doit être la routine...
Lewis achève son souffle, et Kaleb et moi retombons comme deux crottes d'oiseau sur le sol. J'ai de la peine à y croire. J'ai pu voir le souffle du Grand Méchant Loup, celui capable de détruire des maisons ! Cela dit, les maisons de la place sont encore debout. « Il est moins fort que son père... » murmure Kaleb, toujours très attentif aux détails.
Lewis se retourne vers sa bande. « Tout le monde va bien ?
-Je crois... hésite Diana. Je me sentirais mieux quand on sera en sécurité. Une fois qu'ils auront retrouvés leurs esprits, les soldats vont revenir au triple galop.
-Cara est blessée ! » annonce soudainement Ian, se tenant près de la petite sorcière.
Diana et Lewis se précipitent vers elle, tandis que Kaleb et moi nous redressons difficilement. Effectivement, le vent a été tellement puissant que les petits membres de Cara n'ont pas résisté : elle a dû se cogner plusieurs fois contre la fontaine, car son front est couvert de sang et elle est inconsciente.
VOUS LISEZ
L'héritier du Grand Méchant Loup
Werewolf"On va tuer l'Alpha Suprême." Quelques mots, un grand plan. Aussi simple que ça, et pourtant, ces paroles de la part du loup-garou le plus recherché de la Terre vont bouleverser ma vie. Comment résumer ma situation ? En deux mots : un bazar sans nom...