Rédemption, détermination et une amie

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En ayant fait le tour de la ville, j'ai pu me dégoter des vêtements neufs, de quoi manger, un endroit où séjourner, des clopes et quelques soins pour mon dos. Ce n'était pas de l'Eau bénite mais ça ferait l'affaire. Depuis ma chambre d'auberge, je contemplais l'horizon en me demandant ce qui m'attendait plus loin. J'entends une sorte de bruit sourd qui m'extirpe de mes pensées. Miséricorde se tenait à côté de moi et me regardait, souriante. J'ignore pourquoi mais je m'effondre en larmes dans ses bras.
- Allons, allons... Qu'est-ce qui ne va pas, Alice?
- Rien du tout... Je suis juste contente de te voir. Il n'y a personne d'autre que toi que j'aurais souhaité revoir en cet instant (je me retourne vers l'horizon). Partage ce moment avec moi.
Nous restons là, à contempler la neige mourir doucement sur le sol pour ce mêler aux autres particules et former une couche, comme un voile recouvrant le sol.
- Tu y es presque, Alice.
- Je sais, réponds-je en souriant. Mais tout ce que j'ai fait jusqu'à maintenant, tout ce que j'ai accompli... J'ignore si ça fait de moi une femme meilleure ou pas. J'ai appris à dévoiler ma féminité malgré moi et qu'être comme ça n'était pas une fatalité, j'ai appris la valeur d'une vie, à pardonner, à oublier, à profiter des gens que j'aime, à faire des choix qui ne plaisent pas forcément aux autres mais qui, à moi me conviennent, j'ai aussi appris à ne défouler, à faire ressortir ma rage, toute cette violence qui était en moi et qui a pu s'exprimer... Je suis paumée, Mi'.
- Mi'? relève-t-elle.
- C'est trop chiant de dire "Miséricorde", ris-je.
Je m'assois su l'un des fauteuils et croise les jambes. J'attire son regard dans le mien.
- Je te remercie d'être venue... Tu sais pas à quel point j'avais besoin d'un guide.
Elle se contente de me regarder sans rien dire et je soupire.
- Ce visage tuméfié... Ce doit être un vrai fléau.
- Je vivrai avec tant que le Maître des Lieux sera.
Je baisse les yeux, ne trouvant plus rien à dire.
Le lendemain, elle n'était plus là. Mon seul phare, mon guide avait disparu. Désormais, je devais continuer dans cette usurpation, seule.
Je me promène dans la ville, j'observe les moindres signes d'étrangeté, je ne trouve rien durant la première heure. En passant devant un magasin d'antiquités, j'entends une musique. Curieuse, je m'en approche.

Nevermind I'll find someone like you
I wish nothing but the best for you too
Don't forget me I beg
I remember you said
Sometimes it lasts in love but sometimes it hurts instead

J'entre. La chanson se poursuit. Dans cet endroit, j'avance lentement. Chaque fois que mon regard se pose sur un objet, c'est soit un instrument de torture, soit du matériel d'exécution. Un très vieil homme pourvu d'une immense barbe blanche dort derrière son comptoir. Il ne m'a pas entendue entrer. La visite se poursuit derrière un rideau rouge qui m'emmène dans une arrière-salle où encore plus d'instruments malsains sont entreposés. Dans cette pièce, un escalier conduit dans le noir le plus complet. Pourtant, la musique vient d'en bas. Je m'avance. Je n'ose plus imaginer ce que je vaid y voir. Il faut un petit moment à mes yeux pour s'habituer à la pénombre. Je découvre une radio plutôt moderne qui joue la musique indiquée auparavant. Je l'éteins et me retourne. J'ai un hoquet de surprise en voyant les jumeaux plantés comme des piquets, me regardant avec un sourire qui me glace le sang.
- Tu avais raison, Alice, me dit l'un d'entre eux.
Impossible de les différencier tant ils sont identiques.
- La musique est vraiment faite pour toi.
Je les regarde avec incompréhension. Mes yeux passent de l'un à l'autre très rapidement. Je recule contre le mur. Merde. Pas d'échappatoire. Je pose une main sur la garde de mon épée. Les jumeaux grandissent et deviennent comme deux grandes ombres aux yeux brillants. Ils s'entremêlent avant de me foncer littéralement dessus. Je me baisse et ils disparaissent dans le mur. Je m'en écarte rapidement. Le mur se déforme pour prendre l'apparence d'un gigantesque visage terrifiant. Deux autres murs prennent l'apparence de mains qui s'avancent en menaçant de me capturer. J'écarquille les yeux et fonce à l'étage. Le vieux me barre la route. Il n'a qu'une dent et un oeil de verre.
- Sache qu'ici, tu ne peux usurper personne! Tu ne seras jamais le Maître des Lieux.
Je vois que le mur a changé de disposition et attend en bas, la gueule grande ouverte. J'attrape la barbe du vieil homme et le défie du regard.
- Je suis moi, dans tous mes états. Quoi qu'on en dise, je suis moi. Je ne cherche à usurper personne. En revanche si vous tentez de m'usurper, j'vous promets de vous faire connaître le véritable enfer.
Je le tire violemment et il tombe droit dans la bouche gigantesque en criant à la mort. Les dents se referment sur son corps flasque et le broient dans un feu d'artifice de sanget d'organes. Je finis de monter les escaliers et défie le monstre du regard.
- Quant à vous deux...
Je sors mon briquet et commence à mettre le feu aux rideaux, puis, dans la foulée, je m'en allume une.
- Il faudra vous lever tôt si vous voulez me faire douter. Je me connais parfaitement.
Le mur prend une expression de terreur et je souris.
- Qui es-tu? demande-t-il.
- Je suis une véritable emmerdeuse.
Je lâche ma clope sur le tapis qui prend feu lui aussi. Je ressors du magasin sans jeter un seul regard en arrière. Plus qu'à trouver la sortie de ce Cercle, maintenant.

Alice's Inferno (TERMINÉ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant