C'est quoi son problème ? C'est vraiment, vraiment, stressant. Monsieur le tatoué qui est encore et toujours assis à la même table avec son café n'arrête pas de regarder dans notre direction, soit derrière le bar. On a un truc sur le visage ou quoi ?
— Bouge pas, je vais aller lui dire deux mots.
— Mais El'...
Trop tard, je suis déjà partie vers sa table. Il doit certainement se douter que je viens le voir puisqu'il arrête de boire son café qu'il repose sur la table, levant la tête vers ma petite personne.
— Bon, t'as fini ? Non, parce que c'est assez dérangeant de savoir qu'une paire d'yeux nous fixe.
— Je regarde ta copine, pas toi.
— Eh bhein parfait ! Tu pourrais lui filer ton numéro, parce qu'elle me saoule un peu à me parler que toi. C'est barbant, tu vois ? Alors si tu pouvais lui donner ton petit 06, tu m'aiderais vraiment. Ce serait gentil, vois-tu.
— J'y gagne quoi dans tout ça ?
— Tu viens de me dire que tu regardais ma copine, donc techniquement, elle ne te laisse pas indifférent, donc elle te plaît et tu sais maintenant que c'est réciproque, donc tu pourrais lui donner ton numéro pour que vous fassiez plus ample connaissance.
— Beaucoup de donc dans ta phrase.
— T'as vu ça ? Je viens de faire une figure de style. Le talent, mon gars.
Ah, mais c'est que je le fais sourire en plus. Tranquille, normalement, il devrait me donner son numéro plus facilement.
— Ouais donc pour en revenir à nos moutons, french expression que je comprendrais jamais, tu pourrais filer ton 06 ?
— Désolé, mais non, je suis déjà en retard.
Ah bah d'accord. Il vient clairement de m'envoyer balader là, non ? Bon bhein, je reviens bredouille.
— Alors ?
— La prochaine fois que tu veux le numéro d'un mec, démerde-toi.
— Et merde, t'as pas réussi.
— Pourtant, il m'a dit qu'il te regardait toi, donc j'ai pas trop compris.
— Ça doit être un petit timide.
— Avec sa blinde de tatouages ? Laisse-moi rire, Katy.
Ça m'étonnerait beaucoup qu'il soit timide. Il avait pas l'air de l'être. Vaut mieux que Katy ne se tracasse plus avec ce gars, ça doit être un de ces gars qui se fiche de tout.
Ma journée terminée, je dis au revoir à Katy et bonjour à nos deux collègues qui prennent nos places pour la soirée. J'arrive chez moi après près d'une heure de route. Faudrait peut-être que je pense à passer le permis. Avoir le code, c'est bien sympa, mais ça sert un peu à rien.
— Wesh la naine, t'étais où ?
— Ravale ton wesh, minus, on dirait un pauvre type là.
— Mams veut que tu fasses à manger.
— T'as deux bras, deux jambes, tu peux le faire, non ?
— C'est le boulot des femmes de cuisiner.
— Répète ça, sale macho que je t'éclate ta face de gland.
— Oh, c'est bon, je déconne.
— J'espère oui.
— Mais t'sais comment ça a terminé la dernière fois que j'ai voulu cuisiner. Je veux pas vraiment remettre le feu à la maison.
— Tu peux me dire comment tu vas faire quand tu vivras seul, Jonas ?
— Bhein je cuisinerai pas. Je me ferais réchauffer des plats tout prêt ou alors j'engagerai une cuisinière.
— Comme si t'allais avoir les moyens.
— Bon si tu veux que je t'aide à cuisiner, tu magnes ton gros boule.
Pichenette derrière la tête, petit cri de mauviette. Jonas est mon petit frère de seize ans. Un peu con sur les bords, pas très fute-fute, très légèrement macho et pas très drôle, mais je l'aime bien. Un peu, juste un peu, d'accord ? Faudrait pas qu'il prenne trop la confiance non plus.
— Mais t'es con ou t'es con ?
— Quoi ? Qu'est-ce que j'ai fait encore ?
Putain, mais je rêve. Facepalm. Vous êtes sûrs que c'est bien mon frère ? J'ai un doute quand même. Il a sûrement été adopté, c'est ça, ouais.
— Pour faire cuire des pâtes, tu les mets pas simplement dans une casserole et basta. Faut de l'eau, guignol !
— Genre ?
— Bah oui, genre. Non, mais c'est bon, je démissionne. Je suis au bout, les gars. Vas-y retourne jouer dans ton bac à sable.
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COFFEE » s.james
Teen FictionIl était toujours là, dans ce même café, à la même heure, à la même place. #286