— El' ?
— C'est bien comme ça que mes parents m'ont appelé.
— Ta gueule et écoute-moi.
— Comment t'es violente aujourd'hui, je suis choquée.
— T'as vu monsieur tatoué ? Ça fait deux semaines qu'il vient au café et qu'il y reste jusqu'à la fermeture, c'est étrange, non ? Tu trouves pas ? Oh, Eleanor, je te parle !
— Tu m'as dit de me la fermer donc c'est ce que je fais.
— Je vais te frapper un de ces jours, tu vas rien comprendre.
— Avec ta force de mouche ? Laisse-moi rire, bébé. Ça me vaut un regard noir.
— Bref, tu trouves pas que c'est glauque ?
— C'est sa vie, il fait ce qu'il veut.
— Et dire qu'il y a quelques semaines, c'était toi qui trouvait ça suspect et moi non. Oh, mais ça se trouve, il vient pour moi.
Eleanor, tu la boucles. Je vais quand même pas lui dire qu'en fait, il est là pour moi. Hum, en disant ça, j'ai l'impression d'être prétentieuse. C'est pas mon genre, ça. Enfin, dans tout ça, je tire mon chapeau à Monsieur, parce que resté pendant huit heures assis à une table et patienter, c'est pas facile. Il a du courage, le petit.
— Je pourrais aller le voir, non ?
— Bah vas-y, fais ce qui te chante.
— Ça va pas trop faire la meuf forceuse ?
— J'en sais rien, Katy.
— Je veux pas me prendre un gros stop.
— Si tu n'y vas, tu n'en prendras pas un, mais tu manqueras peut-être quelque chose.
— Dans ton langage codé, ça veut dire qu'il faut que j'y aille.
Je me contente simplement de lever les épaules. Elle a vingt et un ans, elle est grande, alors elle fait ce qu'elle veut. Je vais pas lui dire de faire ci ou de ne pas faire ça. Je suis pas la mère de cette gosse.
— Bon, d'accord, je me jette dans la gueule du loup.
Je m'accoude au bar et regarde le carnage. Faut juste espérer qu'il ne lui mette pas un énorme stop, parce que, connaissant Katy, elle va être dégoûtée pendant des semaines et ne va pas s'en remettre. Elle est fragile, cette enfant. Elle arrive à sa table lorsqu'un client se pointe devant moi pour commander quelque chose. Je lui prépare son café avec le gâteau qu'il a demandé par la même occasion et lui donne le prix. Argent dans la caisse, je le laisse repartir avec ses mets.
Mon attention se reporte sur Katy qui est désormais installée en face du tatoué, dos à moi. Je sors mon téléphone et les filme. Au moins, si elle se prend un râteau, je pourrai bien la faire chier avec ça et voir même faire du petit chantage. C'est toujours bien d'avoir des choses compromettantes sur quelqu'un.
Eh, mais c'est qu'ils papotent longtemps. Elle a réussi son coup, la petite. C'est après de longues minutes qu'elle revient derrière le bar.
— Alors ?
— Nada, mais il m'a expliqué qu'il venait tout juste de sortir d'une relation et qu'il préférait attendre un peu.
Est-ce que je peux rire ? Non, mais je rêve, il a même pas eu le culot de lui dire la vérité. Au moins, je sais maintenant que c'est un beau parleur. Je garde mes petites remarques pour moi afin de ne pas vexer Katy, ça serait dommage.
La journée terminée, je troque mon t-shirt du café contre mon débardeur et sors du café pour rentrer chez moi. Ecouteurs dans les oreilles, je marche jusqu'à l'arrêt de bus. Ya, ua me está gustando más de lo normal, todos mis sentidos van pidiendo más, esto hay que tomarlo sin ning... Je me retourne brutalement en sentant une main se poser sur mon épaule et lève mon genou pour donner un coup dans les parties génitales de la personne.
— Oh putain...
Oups, je crois que j'aurais pas dû frapper si fort...
— Tu me suis maintenant ?
— Mh...
— Je vais prendre ça pour un oui.
— Tu permets que je me remette du coup que tu viens de me mettre ?
— T'avais qu'à pas me faire peur aussi, c'est de ta faute, idiot.
— Tu peux me dire où t'as appris à te défendre comme ça ?
— Fille de flic, mon gars.
Il finit par se remettre droit sans tenir ses bijoux de famille. Le coup a dû être violent, pauvre petit chou.
— Je voulais juste te rendre ça.
— T'avais pris mes clés ?
— Elles sont tombées par terre quand t'es sortie du café.
— Ah okay, merci bien, au revoir.
— Attends !
— Quoi encore ?
— Je m'appelle Stephen.
— Stephen, Steven, Derek, je me fiche de savoir comment tu t'appelles. Maintenant si tu veux bien me laisser tranquille, ce serait gentil, parce que j'ai pas vraiment envie de louper mon bus et de devoir rentrer à pied chez moi.
— Je te ramène si tu veux.
— Mes parents m'ont toujours dit de ne pas faire confiance aux inconnus alors, non merci. La bise.
Je tourne les talons et me dépêche d'aller à mon arrêt. Si j'ai manqué mon bus à cause de lui, je le fracasse la prochaine fois que je le vois.
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COFFEE » s.james
Fiksi RemajaIl était toujours là, dans ce même café, à la même heure, à la même place. #286