Je crois que j'aurais dû me passer de la petite soirée d'hier soir. Pour ma défense, Katy avait d'incalculables arguments pour me convaincre et puis, qui n'est pas partant pour une petite soirée entre amis ? M'enfin, maintenant, j'en paye les conséquences avec ce fichu mal de crâne. J'ai l'impression que ma tête va exploser.— Matthew, il y a plus de glaçons !
— J'y vais, occupe-toi des clients.
— C'est comme si c'était fait.
C'est toujours la folie le samedi après-midi et soir. A croire que tout Los Angeles se décide de venir au Karen's Coffee pour se retrouver et nous faire faire des allers-retours in-comptables tellement ils sont nombreux.
— Bonjour.
— Vous voulez ?
— Vous seriez polie si vous me regardiez lorsque vous me parlez.
— Tu vas me les casser jusqu'au bout toi.
— Apparemment, il y a que toi que je fais chier.
— Qu'est-ce que tu veux ?
— Comme d'habitude, s'il te plaît.
— Ecoute, mon grand, j'ai pas le cerveau d'Einstein ou de Newton alors si tu pouvais me dire ce que tu veux en étant clair, ce serait aimable. Y'a pas que toi dans le café, alors magne-toi.
— Une vraie petite tigresse.
— Et ma main dans ta gueule, oui.
Je vais lui faire manger son sourire d'idiot. Petit con.
— Bon t'as choisi ce que tu voulais, si c'est pas le cas, refais la queue, y'a du monde qui attend.
— Un Mokaccino, s'il te plaît.
— Eh bhein tu vois, c'est pas si difficile que ça.
Je lui fais rapidement sa commande et en attendant que son café soit prêt, je prends la commande du client qui se trouve derrière lui. Un habitué lui aussi. Mokaccino prêt, je le tends au tatoué qui me donne un billet de cinq euros et je cherche l'argent afin de lui rendre la monnaie.
— Garde la monnaie.
Ça, c'est cool, par contre. Je range le billet de cinq et m'occupe des autres clients. Matthew fait rapidement sa réapparition après avoir fait le stock de glaçons et m'aide avec les clients.
* * *
Et c'est qui qu'est morte ? C'est Eleanor ! Je rêve juste de Pierre. Mh... le rêve. Pierre m'attend chez moi, dans ma chambre. Bien moelleux, mais pas trop non plus. Ouais, mon lit me manque depuis ce matin. Entre nous, c'est toute une histoire qui a commencé il y a dix-neuf ans.
Torchon sur l'épaule gauche comme les barmans dans les films, je nettoie les tables désormais libres. Comme tous les samedis, ça a été la folie. Je vais dans l'arrière-salle et dépose le torchon ainsi que l'éponge. Je retourne au bar et le vois toujours à sa table.
— On ferme.
— J'attendais que ça.
Hein ? Il se lève et s'approche du bar.
— Qu'est-ce que tu veux encore ?
— Ton numéro.
— Tu devrais faire humoriste. Je suis sûre que t'arriverai à la cheville d'Eddie Murphy.
— Ce serait cool, c'est vrai. Je t'inviterai, t'inquiètes.
— Cool, ça sera gratis pour bibi.
— Si tu me donnes ton numéro.
— Je croyais que c'était ma pote qui t'intéressais.
— J'ai peut-être menti.
Ah bah d'accord. C'est plutôt moche pour Katy ça.
— Cool, mais je suis pas intéressée.
— Tant pis.
Je pensais pas que ça allait être aussi simple de me débarrasser de lui, mais tant mieux. Je vais chercher ma veste et la mets, mais me retrouve rapidement face au tatoué encore présent dans le café. Il ne me lâchera jamais la grappe ou quoi.
— Quoi ?
— Je viendrais tous les jours jusqu'à la fermeture jusqu'à ce que t'acceptes de me donner ton numéro.
— Tu ne tiendras pas une seule semaine.
— C'est ce qu'on verra. À demain, Eleanor.
Hein ? Comment il connaît mon prénom ? C'était marqué sur ton badge, idiote. Ah oui, pas con. Je ferme le café une fois seule et rejoins l'arrêt de bus pour rentrer. Enfin arrivée, je dépose ma veste sur le canapé et vais dans ma chambre. J'arrive à voir de la lumière dans le bureau de mon père. Je frappe à la porte et l'ouvre légèrement.
— Tu n'es toujours pas couché ?
— J'ai une nouvelle affaire sur le dos. Et toi, ça a été le boulot ?
— Comme tous les samedis, soufflais-je en repensant à la journée. Je vais dormir, je suis crevée. Ne tarde pas trop, d'accord ?
— T'inquiètes pas pour moi. Bonne nuit, chérie.
Je referme la porte et file dans ma chambre. Je m'échoue sur mon lit en étoile de mer. La grasse matinée sera la bienvenue.
VOUS LISEZ
COFFEE » s.james
Teen FictionIl était toujours là, dans ce même café, à la même heure, à la même place. #286