COFFEE » s.james

vingt-quatre

Trois semaines plus tard

— Je veux pas assister à ça, Stephen.

— Ça va aller, El, t'inquiètes pas.

— Je veux pas qu'on te fracasse et que tu me reviennes en sang, le visage déformé.

— C'est que des jeunes qui veulent frimer ici, y'a pas de soucis à se faire.

— Et si cette fois-ci, ça se passait pas comme ça ? Si c'était le combat de trop ?

— J'ai besoin de fric, El'. C'est un combat, un seul.

J'ai beau tenté de le dissuader, ça ne sert à rien. Il est têtu comme une mule lorsqu'il le veut. Je suis pas pour ces combats de boxe, pas du tout, mais j'ai pas mon mot à dire sur ça.

— David, prends-la avec toi.

— Je suis pas en sucre non plus.

— S'il te plaît, reste avec David le temps du combat.

On dirait que je suis une gamine, j'ai horreur de ça. Je me retrouve au milieu d'un tas de personnes avec David à ma gauche. Deux types sont en train de se battre sur un ring improvisé tandis que les spectateurs crient à s'en perdre la voix. Totalement stupide.

     Je regarde partout sauf les deux combattants. La violence, c'est pas trop mon trip. Bon, je peux frapper, mais seulement en cas de nécessité, pas pour me faire du fric. Heureusement pour moi, le combat se termine rapidement.

— T'es sûre que tu veux voir ça ?

— Pas vraiment, mais je lui ai dit que je serais là, alors je vais rester.

Je lui ai promis alors je vais pas lui faire faux bond. Des cris se font entendre. Ils sont beaucoup plus bruyant que ceux de tout à l'heure. Je comprends rapidement pourquoi. Les deux nouveaux combattants prennent place dont Stephen.

— T'inquiètes pas, il va te revenir ton copain.

— T'es déjà venu ici ?

— Ouaip. Et donc ? Je suis pas plus avancée. Il se débrouille, t'as pas à t'en faire.

Je suis quand même pas rassurée. Le combat vient de commencer et les coups s'enchaînent. Faites que le massacre ne dure pas longtemps et qu'il foute l'autre au tapis rapidement. Les gens sont complètement fous de joie de voir deux personnes se frapper, je comprends pas comment ils font.

— Dis-moi que c'est bientôt terminé, David.

— Hum non.

Attendre et attendre. Je jette quelques coups d'œil en direction du ring, parce que sinon je me cache littéralement les yeux. C'est pas pour moi tout ça. Bordel de merde. Pile quand je regarde, Stephen se prend un coup dans la mâchoire. Putain, mais rends-le moi dans un bon état. Je veux pas qu'il ressemble à Rocky Balboa après ses combats.

     Droite gauche, droite gauche, les coups fusent et heureusement pour moi, le combat prend enfin fin ! David me tire le bras à travers toute la foule pour qu'on reprenne le même chemin pour rejoindre le tatoué. Lorsqu'on arrive, il est déjà là. Je crois que c'est une des pires visions que j'ai eu et pourtant, avec le boulot de mon père, j'en ai eu ! Le visage en sang et des bleus partout sur le torse. Et pourtant, il sourit. Il est con ou il est con ? Je m'empresse de le rejoindre et passe doucement mes bras autour de son corps sans le serrer de peur de lui faire mal. Manquerait plus que j'empire les choses !

— Tu me refais plus ça, putain.

— Je vais bien, El'.

— J'y crois pas une seule seconde.

— Pourtant c'est le cas, bébé. Je me passe de l'eau et j'ai plus rien. Adieu les bleus dans une semaine, c'est rien du tout.

J'y crois pas trop, mais bon, je me tais. De toute façon, ce n'est pas mes remarques qui lui fera penser le contraire.

— Arrête c'est pas drôle !

— T'es aux petits soins avec moi, que c'est megnon !

— Pff.

— Aller, c'est bon, arrête toi un moment et viens là.

Je suis gentille, mais je vais pas me faire prier pour venir me caler dans le canapé dans ses bras. Ça doit bien faire deux heures que je suis à l'appart de Stephen et que je range tout le bazar qu'il a mis durant les deux derniers jours.

— T'as pas à faire tout ça.

— Qui d'autre va le faire, hein ?

— Rebecca a... D'accord, je me tais.

— C'est bien, t'as tout compris.

— Tu m'empêcheras pas de la voir, tu le sais ça ? Ça fait longtemps que j'ai compris, mais bon. Elle est lesbienne.

— Ouais, je sais.

— Comment ça ?

— Je l'ai croisé l'autre jour en partant. Elle a compris que j'avais pas trop confiance en elle et elle me l'a dit.

Si je le savais pas, ça ferait un bout de temps que j'aurai piqué une crise. Je suis pas non plus ce genre de fille qui va empêcher à son copain de voir des personnes de sexe féminin, faut pas croire. Je suis juste vigilante avec les filles que je connais pas, c'est tout. Après si je vois qu'elles tentent rien, je m'en fiche complètement.

— Tu sais, je regrette pas d'être venu au Karen's Coffee le premier jour.

— Encore heureuse ! Ah et au fait ?

— Hum ?

— Pourquoi tu prenais toujours un Mokaccino ?