J'ouvre la porte du café et entre. Etrangement, Katy n'est pas arrivée. C'est plutôt bizarre puisqu'elle arrive toujours avant moi habituellement. Elle s'est peut-être pas réveillée ou elle est en retard. Je l'appellerai si elle est pas là dans dix minutes.
J'échange mon haut pour celui du Karen's Coffee et accroche mon badge où est inscrit mon prénom. Une fois fait, je prépare les tables, gardant un œil sur la porte d'entrée, mais toujours pas de Katy. Qu'est-ce qu'elle fout sérieusement ? Elle a pas intérêt à me faire faux bond. Pas un samedi en plus.
Je tente de l'appeler, mais rien. Nada. C'est encore plus étrange qu'elle me réponde pas parce qu'elle est accro à son téléphone et elle l'a toujours à côté d'elle. Quelque chose cloche, il a dû lui arriver quelque chose. Je tourne la pancarte pour que le « fermé » soit de mon côté et vais derrière le bar. J'essaye à nouveau de joindre Katy, en vain. Les premiers clients font déjà leur apparition. Je prends leurs commandes et les fais. Je leur apporte à leur table tout en essayant de faire le plus rapidement possible. Le samedi, c'est bondé et aujourd'hui, ça ne sera pas exception à la règle.
La porte d'entrée s'ouvre et Katy fait enfin son apparition. Totalement décoiffée, les yeux bouffis et quelques traces de mascara sous les yeux. Merde.
— Katy ? Ça va ?
— Problème de famille, je veux pas en parler.
Au moins, c'est clair. Mais j'ai pas dit mon dernier mot ! Pas le temps de prendre quelques secondes de répit qu'un autre client du café s'approche du bar pour commander. Une fois qu'il est reparti, je me tourne vers ma collègue qui revient de l'arrière-salle, son badge accroché.
— Katy...
— Non, Eleanor, je veux pas en parler.
— Mais est-ce que c'est grave au moins ?
— Personne est mort et blessé.
Ça doit pas être si horrible que ça alors, non ? Je ne cherche pas à en savoir plus, enfin pas pour aujourd'hui. C'est pas le moment et je veux pas que ça la tourmente trop non plus.
* * * *
Je nettoie la dernière table et range le torchon ainsi que l'éponge. L'après-midi a été longue et la journée est enfin terminée, enfin pour moi. Matthew et une autre de nos collègues prennent la relève pour la soirée qui risque d'être agitée. J'enlève mon badge, puis le haut à l'effigie du café. Mon téléphone dans ma poche vibre.
De casse couille « Je suis dans la ruelle derrière le café. »
Je ne réponds pas et range mon portable avant de mettre mon t-shirt noir. Je prends mon sac, ferme mon casier et retourne au bar.
— Katy est déjà partie ?
— Oui, à l'instant. Elle avait l'air pressé.
— J'y vais, passez une bonne soirée.
— Elle risque d'être longue. Très longue.
Je n'en doute pas une seconde. J'embrasse la joue de Matthew et sors du café. Jonas m'a envoyé un message dans la journée pour me dire qu'il aurait un peu de retard alors ça tombe parfaitement. Je rejoins la ruelle derrière le café, passant devant la moto de Stephen.
— Je croyais que tu n'allais jamais sortir.
— Je travaille moi.
— Qui a dit que je ne travaillais pas ?
— T'es toujours au restaurant donc...
— Je travaille, mais c'est juste que ça me prend pas autant de temps que toi. C'est tout.
— Et tu fais quoi ?
— Tu le verras au moment venu.
— Joue pas au gars mystérieux avec moi, ça ne prend pas.
— Pourtant hier soir, tu ne disais pas la même chose. Il s'approche de moi et je peux sentir son souffle s'abattre sur mon visage.
— Joue pas à ça, Stephen.
— Jouer à quoi ? À ça ?
Ses lèvres se déposent furtivement sur les miennes. Et j'en redemande. Encore et encore. C'est pas possible d'embrasser aussi bien, les gars. Je pose mes mains sur son torse et le pousse légèrement.
— On est pas ensemble, c'est clair ?
— Ça arrivera un jour, Wright.
— Comment tu connais mon nom ?
— Ton père est connu en ville alors je connais son nom, donc le tien aussi.
— Putain, t'es pas con.
— Tu croyais que je l'étais ?
— Franchement ? Au début, ouais.
— Pourquoi tu pensais ça ?
— Je sais pas, ton apparence de mauvais garçon qui se fiche de tout.
— Donc tu pensais que j'étais con quand on traînait déjà ensemble.
— Ça fait déjà un bon moment que j'ai arrêté de penser ça. Si c'était toujours le cas, j'aurais arrêté de te parler. Les gens idiots, c'est pas trop mon truc, tu vois.
— Ouais ouais, je dois y aller.
Je crois qu'il l'a mal pris. Il quitte la ruelle pour retourner à sa moto et je le suis. J'attrape sa main libre puisqu'il a dans l'autre son casque et le fais se retourner pour qu'il me regarde.
— Quoi ? Je me penche vers lui et l'embrasse rapidement. Tu ne peux pas faire ça, Eleanor. On n'est pas ensemble, c'est toi-même qui l'a dit.
Il ne fallut que quelques secondes pour qu'il monte sur sa moto, accroche son casque et disparaisse. Je crois que j'ai merdé.
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COFFEE » s.james
Novela JuvenilIl était toujours là, dans ce même café, à la même heure, à la même place. #286