COFFEE » s.james

vingt et un

— Tu comptes ne pas dire un mot pendant combien de temps ?

Aucune réponse, on adore ! Ça doit bien faire une demi-heure qu'il a rien dit. En fait, depuis que j'ai frappé son ego en lui disant qu'il n'était pas le seul homme de ma vie. Bhein ouais, Chad Michael Murray fait partie de ma vie depuis un bon bout de temps déjà. Bon, on s'est jamais rencontré jusque-là, mais c'est pas si grave, pas vrai ?

— Bon, tu lèves tes fesses de ce canapé ? Je peux comprendre que ton ego en ait pris un coup en sachant que Chad passait avant toi, mais...

— C'est qui ce type ?

— Chad Michael Murray ? Mon mari depuis que j'ai neuf ans. Bon, il est pas encore au courant, mais c'est pas bien grave.

— Qu'est-ce que tu racontes ?

— Je suis en train de t'expliquer que t'es jaloux d'un acteur que j'ai jamais vu de ma vie à part à la télévision.

— T'es une grosse pute à me faire des peurs comme ça.

— A ce que je sache, tu l'aimes bien la pute que je suis. Vraiment bien même.

Je m'approche du canapé où il est toujours assis ce gros fainéant et m'assois sur lui. Je prends mes aises, je sais, mais depuis le temps.

— Qu'est-ce que tu fous ?

— T'avais raison tout à l'heure : tu me plais. Depuis un moment, en fait. Depuis que je t'ai accompagné te faire tatouer. Je voulais simplement être sûre de pouvoir te faire entièrement confiance et que je n'étais pas qu'une passade pour toi.

— C'est seulement maintenant que tu te rends compte que t'es pas un amusement pour moi ?

— J'avais peur, c'est tout.

— Peur ?

— On a tous nos peurs, Stephen. L'une des miennes c'est d'être abandonnée.

— Je t'abandonnerai pas, Eleanor. Je peux pas te le promettre, parce qu'on ne sait jamais ce qui peut arriver, mais j'ai pas l'intention de t'abandonner.

C'est ce que tout le monde dit, mais au final, les gens finissent par partir. C'est comme ça, on n'y peut rien.

— El' ?

— Hum ?

— Est-ce que tu me fais confiance ?

— Oui, enfin, je crois.

— Laisse-moi faire alors.

Je sais très bien où il veut en venir. Je suis pas bête ou une de ces cruches qui ne comprennent rien. Je sais ce qui va se passer et je ne ferais rien pour changer le cours de la chose. Son visage est bien plus proche du mien que je pouvais le penser. Son souffle chaud tape sur mon visage. Ses lèvres prennent finalement possession des miennes lentement comme s'il avait peur de ma réaction. Je fais si peur que ça ?

Je me place à califourchon sur lui et prends son visage entre mes mains, approfondissant notre échange. C'est pas la première fois qu'on s'embrasse. On s'est déjà embrassé lorsqu'il m'avait ramené chez moi, mais cette fois-ci, le baiser est différent. Ce n'est pas qu'un baiser et on le sait tous les deux.

On se sépare, manquant d'oxygène. Bhein, ouais, j'ai pas vraiment envie de crever. Néanmoins, nos visages sont toujours aussi proches. Ses mains sont posées sur mes hanches tandis que les miennes sont toujours sur ses joues que j'aime tant tirer juste pour le faire râler.

— C'était...

— Etrange ? Dégueulasse ? Horrible ?

— Horriblement parfait.

— T'aimes bien faire ton canard toi.

— Avoue que ça te plaît. Peut-être bien.

— Ça reste à voir.

— Je peux te demander de faire quelque chose ?

— Dis toujours et on verra.

— Embrasse-moi.

— Va falloir patienter un peu.

Faut pas croire que maintenant les choses sont parfaitement claires entre nous, ça va être cucul la praline comme dit Jonas. Ces trucs tout beau tout rose, c'est pas pour moi.

— Ah, mais Stephen ! Ça fait mal !

— Ça t'apprendra à me le faire. T'es pas une mamie à ce que je sache alors tu laisses mes joues tranquilles.

— Mais j'aime bien tes joues.

— T'aimes vraiment n'importe quoi aussi.

— C'est même pas vrai ! Pas du tout même !

— Ton café avec tes gâteaux super bizarre, ton t-shirt de dessins-animés, ta sonnerie de téléphone qu'est la chanson du livre de la jungle et j'en passe !

C'est pas de ma faute si j'aime les dessins-animés, d'accord ? D'accord, c'est pour les enfants, mais j'en suis toujours une puisque j'ai seulement vingt ans. Et puis, on a tous une part d'enfant en nous, faut pas se mentir.

— Te moques pas de Mowgli et de ses amis.

— Ils passent avant ton acteur qu'est à la première place ?

— Chad est pas à la première place, ni Mowgli d'ailleurs.

— Donc je suis à la première place ? C'est bon à savoir.

— Fais quand même attention, tu peux vite descendre dans mon classement.