COFFEE » s.james

quinze

— Tu vas où ?

— J'ai un truc à faire.

— Tu manges là ce soir ? Histoire que je prévienne les parents si tu ne rentres pas.

— Je serais rentrée normalement, mais je t'envoie un message si jamais. Aller, à ce soir.

— Tchuss sale moche.

Quelle gentillesse de la part de Jonas. On adore ! Je marche en direction de l'arrêt de bus, écouteurs dans les oreilles. C'est mon jour de congé aujourd'hui alors je compte bien me pointer chez Stephen. Depuis samedi, il n'est pas venu au Karen's Coffee. Alors peut-être qu'il était au taf, qu'il avait des trucs de prévus, mais je lui ai envoyé des messages et il a répondu à aucun d'entre eux.

     Alors oui, peut-être que je devrais pas me pointer comme ça sans prévenir, mais qu'est-ce que je m'en fiche ! Point négatif, je dois prendre les transports en commun, soit le truc que je déteste le plus au monde.

     Après des dizaines d'arrêts, j'arrive enfin au mien et descends. Je marche pendant plusieurs centaines de mètres et arrive enfin devant l'immeuble du tatoué. Bon, étage trois ou quatre ? Je sais plus. On va tester le trois. Arriver devant la porte, je frappe et patiente. Une femme âgée de la vingtaine, je pense, m'ouvre la porte. Ça doit pas être là.

— Désolé, je crois que je me suis trompée d'étage.

— Vous cherchez quelqu'un ?

— Oui, Stephen.

— Ah, mais c'est son appartement.

Euh, on m'explique ?

— Il est en train de se changer, vous voulez l'attendre ?

— Non, c'est bon.

— Vous voulez que je lui laisse un message ?

— Non, rien du tout. J'ai plus rien à lui dire.

Je fais demi-tour et descends les étages. Putain, je me suis bien plantée sur son compte. Il est comme les autres : un beau parleur. Il nous met dans sa poche et puis hop, il va voir ailleurs. Au moins, j'ai compris la leçon.

     Une fois à l'extérieur de l'immeuble, je retourne à l'arrêt et attends pour avoir le bon bus pour aller chez Katy. Depuis samedi, elle a pas le moral et elle veut pas m'en parler et j'aime pas ça. C'est mon amie même si elle peut parfois être énervante.

     J'ai vraiment l'impression de passer ma vie dans les transports en commun, ça va plus. C'est décidé, je vais m'inscrire pour le permis. Je déconne pas, je vous le jure ! Si j'ai le temps, je le fais après avoir été chez Katy. Je marche encore, encore et encore. J'aurais fait mon sport pour la journée là. Je sonne chez Katy et attends que quelqu'un vienne m'ouvrir. C'est Sam, son petit frère qui ouvre la porte.

— Salut Sammy ! Ta sœur est là ?

— Ouaip dans sa chambre, tu connais le chemin.

Je monte les marches deux à deux et manque de tomber. Vie de merde, putain. Arrivée en haut, je frappe à la chambre de Katy et entre. Elle est allongée sur son lit, son ordinateur portable sur les cuisses, écouteurs dans les oreilles. Elle les enlève lorsqu'elle m'aperçoit.

— Qu'est-ce que tu fous là ?

— Faut qu'on parle. Que tu me parles. D'ailleurs, c'est quoi toutes ce bordel qui traîne partout dans ta chambre ?

— Mes parents vont divorcer. Je m'attendais pas à ça.

— Ah merde, mais pourquoi ?

— Mon père a été voir ailleurs.

— Oh l'enfoiré de petit con. Désolé, je devrais pas dire ça, mais merde. Pourquoi il a fait ça ?

— Aucune idée. Ma mère l'a viré de la maison direct et depuis il arrête pas de nous envoyer des tas de messages et de nous appeler Sam et moi.

— Il mériterait des claques. Je veux bien lui en donner deux ou trois gratuites. Et tu tiens le coup ?

— Ça passe avec le temps. Faut que je digère quoi.

Tu m'étonnes, ouais. Mais à sa place, si mon père avait trompé ma mère, je lui en voudrais à mort. Je comprends pas les gens infidèles. Qu'est-ce que ça leur apporte merde ? Si t'es pas bien avec la personne qui partage ta vie, tu mets fin à la relation et tu fais ta vie tranquille, mais t'attends d'être libre pour aller faire tes petites affaires.

— T'as vraiment fait tout le déplacement jusque là pour me demander ce qui se passait ?

— Bhein ouais, je m'inquiétais quand même. T'avais le moral dans les chaussettes et je te parle pas de la tête que tu tirais au taf. T'avais l'air d'un zombie, quoique t'as toujours l'air d'en être un là.

— Sale pute !

J'attrape le coussin qu'elle me jette et lui lance en retour. Elle se le prend en pleine face. Ne pas attaquer une Wright, les gars.

— Tu sais quoi ? On va se faire un bon mcdo et un ciné. T'embarques ton frère avec nous, je vais vous changer les idées !