IV.

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Le visage dissimulé derrière son épais casque rouge, Jason braquait le canon de son pistolet contre la tempe trempée de sueur d'un yakuza. Autour d'eux, une dizaine d'autres gisaient à terre, pour la plupart inconscients ou gémissants de douleur pour le reste. Au moins, ils pouvaient se réjouir de ne pas avoir été purement et simplement refroidis par The Red Hood, à qui il arrivait de se montrer nettement moins conciliant dans ses mauvais jours.

C'était en effet, une journée plutôt bonne pour Jason. La veille, il avait trouvé un message en japonais dans l'une des planques des yakuzas, près des docks, et grâce à la traduction et à l'interprétation que lui en avait fait Ashley un peu plus tôt dans la soirée, il avait gagné un temps fou en investigation. Après sa discussion avec les trois étudiants en langue, il avait compris quel type de bâtiment il devait rechercher et en quelques heures à peine, la réponse lui était apparue : à l'est de Gotham, se trouvait un ancien temple en ruine servant la plupart du temps de squat aux sans abris du quartier. Mais il s'avérait qu'avant de devenir un temple, ce bâtiment avait été le laboratoire d'un chercheur japonais ayant fait don de sa propriété à sa communauté au moment de sa mort. Pour Jason, il ne faisait aucun doute qu'il s'agissait de l'endroit dont le haïku faisait mention, ce qui s'était avéré exact.

En effet, à peine avait-il passé le seuil du temple délabré qu'il avait comprit que c'était ici qu'une partie de l'héroïne était stockée, au vue du nombre impressionnant d'hommes montant la garde dans les alentours. Après avoir fait rapidement le ménage parmi les yakuzas présents, Jason en avait attrapé un toujours conscient pour lui poser quelques questions en le tenant en joue.

« Où se trouve le reste de votre dope ? Et où est-elle fabriquée ? »

Comme il s'y attendait, le japonais ne pipa mot, se murant dans le silence. En roulant des yeux, Jason lui assena un coup de cross dans la nuque, ce qui le plongea dans l'inconscience : au moins, il se tairait pour quelque chose. Bien qu'il soit d'un naturel plutôt violent et impulsif, le justicier était loin d'être idiot, et il avait bien compris que les ordres se donnaient par écrit sous forme de haïkus. Il entama donc la partie qu'il trouvait la plus barbante dans son job : fouiller les corps. C'était long, c'était chiant, mais il n'avait pas vraiment le choix s'il voulait démanteler une bonne fois pour toute ce réseau.

Au bout de 30 interminables minutes de recherche, il tomba enfin sur ce qu'il cherchait : un bout de papier froissé sur lequel étaient griffonnés quelques caractères en japonais. Un sourire apparu sur son visage caché : Ashley allait avoir du boulot.

Une fois qu'il fut sûr d'avoir récupéré tout ce dont il avait besoin, il alla récupérer un bidon d'essence dans sa Mustang rouge, arrosa tout le stock d'héroïne avec et y mit le feu sans s'inquiéter des yakuzas inconscients tout autour : s'ils avaient de la chance, ils parviendraient à s'enfuir avant de finir étouffés par la fumée, sinon... eh bien ils ne risqueraient plus de faire de mal à qui que ce soit. Sa tache terminée, il retourna à sa voiture, mais décida de faire un petit crochet avant de rentrer au manoir Wayne faire un rapport à Bruce.

En quelques minutes, il arriva dans un quartier abritant la population moyenne de Gotham, ni trop riche, ni trop pauvre et gara son véhicule devant un grand immeuble. Quand il en sortit, ce fut pour s'enfoncer dans une ruelle sombre juste en face, le temps de grimper à l'aide de son grappin jusqu'au toit d'une animalerie, d'où il avait une vue parfaite sur la baie vitrée d'un des appartements du building qui l'intéressait. Malgré l'heure tardive, la lumière était toujours allumée, laissant à Jason la possibilité de voir tout ce qu'il s'y passait.

A l'intérieur, Ashley, allongée à même le sol dans une grenouillère tyrannosaure, regardait son écran d'ordinateur d'un air totalement absorbé. En souriant, Jason retira son casque pour le coincer sous son bras puis sortit son portable de sa poche et composa le numéro de la jeune femme. Il n'avait pas eu de mal à mettre la main dessus en fouillant un peu et il mourrait déjà d'envie de voir sa tête en direct lorsqu'elle réaliserait qui l'appelait.

Be My Robin [Jason Todd]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant