Chapitre 8. La conséquence de mes actes

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Je finis de monter les escaliers en m'appuyant contre le mur, et je m'arrêtai devant la porte, encore hésitant et toujours honteux malgré les paroles réconfortantes de Chris. À peine étais-je arrivé sur le palier que la porte s'ouvrit toute grande sur Marie. Je n'avais pas eu le temps de lever la tête qu'elle m'avait déjà pris dans ses bras.Elle pleurait. Quand j'ouvris la bouche pour m'excuser, elle répliqua par un « chhhhhut » sonore.

- Tais-toi, murmura-t-elle. Personne ne peux te reprocher ce que tu as fait.

- Ce que j'ai essayé de faire.

- Non, insista Marie.

Et alors qu'elle me prenait la tête entre ses mains, elle ajouta :

- Crois-moi. Tu n'aurais pas dû, mais tu as fait quelque chose de bien aujourd'hui. N'oublie jamais ça.


Elle m'entraîna dans l'appartement et me guida jusqu'à la salle de bain afin de nettoyer mon visage. Je levai machinalement la tête vers le miroir, et j'eus un mouvement de recul. La moitié gauche de mon visage était écarlate, et un hématome violâtre se formait déjà à l'endroit où Richard Lucas m'avait frappé. Ma pommette avait doublé de volume, de même que ma paupière. Je repensai à la pause que Chris avait marquée dans l'escalier en me voyant. Je jetai alors un coup d'œil à ma mère : comment avait-elle pu retenir sa réaction et m'enlacer plutôt que de me réprimander pour la bêtise de mon action impulsive ? Comment avait-elle trouvé la force de me dire que j'étais courageux alors qu'elle aurait dû me gifler pour m'ôter toute envie de recommencer ? Tandis qu'elle me passait, d'un geste empreint de toute la douceur dont une mère peut faire preuve,un gant humide sur le visage, je réalisai enfin tout l'égoïsme de mon acte. En voulant aider Blaise, j'avais sûrement provoquer l'effet inverse en attisant la colère de son père. J'avais inquiété ma mère. On peut même dire que je l'avais effrayée. Et j'avais fait la même chose avec Chris en lui laissant ce message vocal de fou furieux. Est-ce que Blaise et sa mère allaient pâtir de mon coup d'éclat ? Que diable se passait-il de l'autre côté de la rue?

Marie devait deviner mes pensées car elle ne me laissa pas retourner dans ma chambre avant plusieurs heures. Après avoir quitté la salle de bain, elle m'ordonna d'aller m'asseoir dans le salon et de ne pas en bouger.J'ouvris la bouche mais elle m'interrompit :

- Même pour aller aux toilettes ! s'exclama-t-elle d'un air autoritaire.

Je restai là où elle m'avait laissé. Je me voyais mal lui désobéir après les ennuis que je m'étais attiré. Je crois que Marie songeait même à ce que l'on échange nos chambres afin que je ne reste pas le nez collé à ma fenêtre vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Quand elle m'a enfin laissé monter à l'étage, dans la soirée, la chambre de Blaise était plongée dans le noir, les rideaux étaient tirés et Chris était bien évidemment rentrée chez elle. Je pensais l'appeler pour lui demander ce qu'elle était allée faire là-bas, mais je me ravisai : ça ne pouvait pas être quelque chose de mauvais de toute façon. Et puis je m'étais déjà suffisamment mêlé de ce qui ne me regardait pas. Je comptais bien m'arrêter là pour aujourd'hui.

Je me couchai sans pouvoir trouver le sommeil. Dès que j'essayais de fermer les yeux, la face rouge de colère de Richard Lucas continuait de me jeter des insultes à la figure. Mon visage me lançait toujours. J'avais l'impression qu'il continuait de gonfler.

Je faisais une belle mauviette en fin de compte...


Le lendemain matin, Marie m'obligea à me lever pour aller au lycée malgré mes plaintes à répétition qui viraient presque à la supplication. Je continuais de protester, la tête enfouie sous ma couverture. Je n'osais pas imaginer la couleur immonde qu'avait pris ma joue gauche. Bleu verdâtre avec une touche de violet ? Dans tous les cas, cela devait être très seyant...

Rendre ses larmes à la pluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant