Chapitre 34. Ce qui devait arriver

5 0 0
                                    

Quand Richard relâcha l'étreinte autour du cou de sa femme et que le corps de Beth s'écroula lourdement par terre, sans vie, Blaise ne put réprimer le hurlement qui lui déchira les entrailles. Ses jambes se dérobèrent et elle commença à trembler si violemment qu'elle faillit lâcher le couteau qu'elle tenait dans sa main. Son père la regarda ramper jusqu'au cadavre d'Elizabeth sans rien dire, une expression indifférente sur le visage. Blaise laissa tomber son arme pour prendre la main de sa mère dans la sienne. Ses sanglots s'accentuèrent en des soubresauts incontrôlables que rien ne semblait pouvoir arrêter. Pourtant, quand Richard se baissa pour ramasser le couteau sur le sol, Blaise lâcha immédiatement la main de Beth pour attraper l'arme avant lui et pointa à nouveau la lame dans sa direction. Le geste de son père resta suspendu, de même que le bras de sa fille. Au bout de quelques secondes, pareilles à de longues minutes où Blaise s'était forcée à regarder son père dans les yeux, elle se leva en poussant un cri et voulut se jeter sur Richard, mais la large et puissante main de ce dernier se referma sur son bras. Lorsqu'il serra un peu plus son étreinte, Blaise dut lâcher le couteau de peur qu'il lui brise le poignet. Il récupéra l'arme et emprisonna sa fille, la ramenant à lui en l'entourant de son bras. Quand Blaise se débattit, la lame qui s'agitait au niveau de son visage vint entailler sa peau juste au-dessus de son sourcil. Richard plaqua le couteau sur sa gorge pour la dissuader de bouger. Blaise resta immobile en pleurant, fermant son œil gauche dont la paupière baignait dans un large filet de sang. L'instant d'après, Blaise se retrouvait projetée contre le mur et se cogna la tête sur les marches de l'escalier. Le reste ne fut que ténèbres.

Les vibrations du téléphone sur le bois de la table de nuit résonnèrent dans la chambre. David l'attrapa à l'aveuglette et décrocha, la voix ensommeillée.

- David ? Patrick à l'appareil.

David ne connaissait qu'un seul Patrick : il travaillait à la police municipale de Neuilly-sur-Seine.

- Pourquoi tu m'appelles ? marmonna David en baillant.

Le bruit finit par sortir Chris du sommeil. Elle se tourna vers son compagnon, les paupières à moitié fermées.

- Je sais que ce n'est pas de ta juridiction mais on a reçu un appel il y a une demi-heure. On doit intervenir, ça a l'air mauvais... Et j'ignore pourquoi, mais la personne au bout du fil a précisé qu'il fallait prévenir David Marlot de la police municipale de Paris.

L'interpellé ne mit pas longtemps à faire le seul lien qu'il y avait entre lui et Neuilly.

- Quelle adresse ? demanda-t-il, fébrile, tandis que Chris commençait à froncer les sourcils en lui lançant un regard interrogateur.

Lorsque Patrick lui communiqua le numéro et le nom de la rue, le sang de David se glaça.

- Je me mets en route, mais dis-moi juste qui est la personne qui a appelé !

Quand il raccrocha, il bondit du lit et se jeta sur ses vêtements de la veille abandonnés sur une chaise.

- Qu'est-ce qui se passe ? demanda Chris, affolée.

Elle voyait bien que David ne se comportait pas comme d'habitude. Elle était habituée à ce qu'il parte en pleine nuit, mais cette intervention-là était différente. Il s'approcha et lui prit les mains pour la calmer.

- Écoute-moi, il s'est passé quelque chose chez tes parents, quelque chose de grave mais j'ignore ce que c'est.

- Je viens avec toi ! s'écria Chris après un court silence où elle encaissa la nouvelle. Je réveille la voisine pour lui confier Simon et je viens avec toi !

Rendre ses larmes à la pluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant