Chapitre 40. Le petit garçon et la vieille bourgeoise

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- Bonjour petit monsieur.

Simon releva la tête et reconnut le visage souriant d'Olivia. Il ne l'avait pas revu depuis son très court séjour à la campagne, et il lui exprima sa joie de la retrouver en lui sautant dans les bras.

- Oliviaaaaa ! s'exclama-t-il.

La vieille dame lui rendit son sourire et le pressa un instant contre elle avant de le reposer par terre.

- Vous êtes content ?

- Oui ! affirma le petit garçon. Tu m'as manqué !

Les parents d'élève regardaient avec curiosité cet étrange duo, cette dame qui se laissait tutoyer par un enfant qu'elle-même vouvoyait.

- Maman va bientôt arriver, l'informa Simon.

- Eh bien non, c'est justement pour ça que je suis là, expliqua Olivia. Votre maman est bien fatiguée en ce moment. Je lui ai proposé de m'occuper de vous ce soir, pour qu'elle puisse s'amuser un peu, sortir... Vous comprenez ?

L'enfant sembla réfléchir avant de hocher la tête, et glissa aussitôt sa main dans celle d'Olivia comme pour sceller son accord.

Simon possédait ce caractère double de l'innocence qui lui procurait une clairvoyance certaine, mais aussi la possibilité inconsciente de la taire au profit d'une confiance aveugle en ses proches. Il ne connaissait pas le mensonge.

Olivia s'étonna de cette acceptation totale, et peut-être plus encore de la petite main qui s'était glissée si facilement dans la sienne. Elle la serra doucement et tous deux quittèrent l'école, quelques minutes avant que Chris ne s'aperçoive de la disparition de son fils.

Le plus dur était fait : elle avait récupéré l'enfant sans encombre et le plus discrètement possible. À part quelques parents supposément commères, aucune institutrice ne l'avait remarqué. Personne ne pourrait témoigner qu'une vieille dame était venue chercher le petit Simon Marlot à la place de Christina Lucas. La lettre avait été déposée un peu plus tôt dans la boite aux lettres de Marie Derouet, dans un certain immeuble de Neuilly. Il fallait simplement que son destinataire la trouve.

La machine était en marche.

- Reste à occuper le petit jusqu'au moment opportun... pensa-t-elle en relisant le message sur son portable.

« J'ai le gamin »

Elle ajouta son prénom et appuya sur la touche « Envoi ».

À l'autre bout de la ville, le téléphone de Richard s'alluma sous le vieux matelas. Alerté par le vibreur, l'homme s'en saisit et sourit avoir avoir lu les quelques mots.

La bourgeoise se pencha vers le petit garçon.

- Dites-moi petit monsieur : qu'est-ce que vous faites en sortant de l'école ?

- On rentre à la maison, déclara Simon.

- Tout de suite ? Ce n'est pas très amusant... grimaça la vieille dame. Et puis aujourd'hui, on ne peut pas rentrer chez vous. Votre maman doit être tranquille.

- Quand il vient me chercher, Gab'iel m'amène acheter un gâteau, et puis après on va dans le parc, expliqua-t-il après une courte réflexion.

- La boulangerie hein ? C'est une bonne idée. Nous avons bien besoin d'un goûter ! dit-elle d'un air enjoué en tirant l'enfant par le bras.

Mais sa pensée était toute autre. Les prochaines heures accaparaient toute son attention. Elle avait tant réfléchi à ce jour, et pourtant tout restait si incertain. Et si je ne trouvais jamais la lettre ? Si je demandais de l'aide aux forces de l'ordre contrairement à ce qui était ordonné ? Richard s'en sortirait avec un simple séjour en prison... Pire : si Richard s'absentait malgré tous les risques qu'il encourait ?

Rendre ses larmes à la pluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant