Chapitre 1

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18 ans plus tard

Des bruits de pas se font entendre dans la forêt, comme si quelqu'un courrait, se rapprochant de mon territoire. Une odeur de loup-garou parvient jusqu'à mes narines. Doucement, je pose ma main sur le sol afin de renforcer le lien que mes pieds nus ont déjà avec la terre. Celle-ci fait apparaître l'image d'un homme courant poursuivit par plusieurs autres hommes dans mon esprit. Je demande alors au vent de m'apporter l'odeur de ses poursuivants. Une fois celle-ci parvenue jusqu'à moi, je comprends ce qu'il se passe.

L'odeur des poursuivants ne m'est pas inconnue, je la connais même très bien, ce sont les loups du territoire voisin. Mais trois des odeurs me sont inconnues, l'une d'entre elle m'attire particulièrement, mais je ne m'y attarde pas puisque si ces personnes sont avec eux, c'est qu'ils ont leur confiance. Je me redresse et commence à courir vers la limite de mon territoire où se dirigent les loups, guidée par la terre. Puis je demande au vent de transmettre un message à mes loups, ma famille.

J'arrive rapidement à la limite, je suis la première sur place. Je vérifie que j'ai bien mes lunettes sur le nez afin que les nouveaux arrivants ne voient pas mes yeux. Je me mets de façon à ce qu'ils ne me voient pas. J'entends leurs pas se rapprocher.

Ce n'est pas difficile pour moi d'entendre tout ce qui se passe autour de moi, j'y suis habituée et puis je n'ai pas vraiment eu le choix. Étant aveugle de naissance, j'ai dû compter sur mes autres sens pour survivre, j'ai dû les développer et ne faire qu'un avec ce qui m'entoure. Mes débuts ont été difficiles, mais grâce aux dons que la nature m'a donnée, j'ai appris à parler leur langue. Ils sont les yeux que je n'ai jamais eus. Je suis connectée à leurs esprits, ils me protègent comme je dois protéger le monde qui m'entoure, ou du moins comme je suis censée le protéger, mais je ne suis au courant de rien puisqu'ils ne me considèrent pas prête, aussi bien les personnes qui m'entourent que mes dons.

Ils ne sont plus qu'à quelques mètres de la limite. Puis j'entends quelqu'un arriver vers moi, son odeur est beaucoup plus proche, et enfin il passe la limite avant de s'arrêter et de se retourner d'après les formes que me montre la terre. L'odeur des autres loups se fait elle aussi plus présente, leurs bruits de pas s'arrêtent et j'en conclus qu'ils sont à la limite de leur territoire.

- Vous ne pouvez plus rien contre moi, déclare une voix d'homme, sûrement celle de l'homme poursuit. Je ne suis plus sur votre territoire.

Je décide alors de me montrer.

- Non, mais tu es sur le mien.

Ma présence semble les avoir surpris, je sens tous les regards converger vers moi. Puis un rire retentit.

- Ton territoire, ricane le loup solitaire. Mais tu n'es qu'une petite humaine.

- Tu as s'en doute raison, mais eux ne sont pas humains. Je lui dis pendant que mes loups sortent doucement de derrière les arbres pour venir se positionner derrière moi, les babines retroussées prêts à attaquer.

Comme il ne répond pas, je continue.

- Maintenant, je te laisse le choix, soit tu fais demi-tour et tu te rends gentiment, soit tu vas à droite, mais je ne te le conseille pas, car c'est le territoire des vampires. Ou alors tu vas à gauche, mais tu ne risques pas d'aller bien loin, car il y a une falaise d'une bonne cinquantaine de mètres, et même un loup comme toi ne pourrais y survivre...

- Sauf toi, me coupe la voix de Franck, l'un des loups de la meute en face de moi.

- À part moi, je confirme. Mais tu sais très bien que je ne suis pas un loup.

La dernière gardienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant