♫ « Wish You Were Here » - Pink Floyd ♫
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Harry
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Samedi 1er février 2020
Jour 78
Il y a un an, je fêtais mes vingt-cinq ans en grande pompe à Los Angeles. Je me rappelle que je n'avais pu refuser personne et la liste des invités avait fini par créer une angoisse phénoménale au gérant du nightclub. Étrangement, c'est le genre de moment où vous avez le sentiment que tout le monde vous adore. Vous vous sentez au centre du monde et ça booste votre ego jusqu'à ne plus savoir où se trouve la limite de la modestie. J'avais conscience pourtant que la plupart n'étaient pas là pour moi, mais pour mon nom. Quand j'y repense, je crois que plus jamais je ne pourrais m'épanouir dans ce genre d'ambiance remplie d'hypocrisie.
Car un élément de taille est à prendre en considération désormais. Toi. Il y a un an, je ne te connaissais pas. Je n'étais alors qu'un trou du cul avide de ne pas perdre cette gloire accumulée avec le temps, égaré dans un quotidien excessif et hors du réel. Durant les quelques mois d'errance artistique que j'ai vécu dans la ville des anges à cette période-là, je n'avais clairement aucun compte à rendre à quiconque et ne pensais qu'à ma propre personne. Si je n'avais pas fini par me dégoûter moi-même de ce comportement qui ne me ressemblait pas, je ne t'aurais peut-être jamais connue et aurais continué à vivre en parfait idiot.
Aujourd'hui, je partage ce nouveau passage avec la personne la plus terre-à-terre qu'il soit. Tu pourrais pester une nouvelle fois en lisant cela, mais je t'assure que c'est vrai. Comme tu as si bien su le préciser, nous avons le même âge pendant les quarante-huit prochaines heures. J'ai trouvé ça adorable que tu le soulignes. Mais tu as aussi ajouté dans la foulée que je suis maintenant plus proche de la trentaine que de mes vingt ans. Ça ne fait rien. Je vous aime quand même, toi et ton romantisme non assumé.
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Notre ville d'accroche ces derniers jours porte le doux nom scandinave de Fiskå. Inutile de me demander de la localiser sur une carte, je serais incapable de la trouver. Tout ce que je sais, c'est qu'il s'agit d'une minuscule localité reculée au Nord-ouest de la Norvège, où les habitants mènent une vie paisible en communion avec la nature. Les terres froides de l'Islande que nous venons de quitter n'avaient visiblement pas suffi à Joy qui désirait clôturer notre périple sur une note fraîche et hivernale.
Rentrer au bercail après autant de temps ne m'aura jamais semblé si compliqué. Sans avoir eu de franche conversation à ce sujet, nous savons elle et moi que le retour est imminent. D'ailleurs, plus nous en prenons conscience, plus nos destinations se rapprochent de l'Angleterre. Mais mettre un terme à ces trois mois d'aparté semble ne pas avoir le même impact sur nous deux. Joy commence à éprouver le besoin de reprendre le cours de sa vie à Londres, alors que moi, je voudrais avoir l'opportunité de lui faire découvrir tant de choses encore.
Craindre qu'elle ne s'enlise de nouveau n'est pas l'unique ombre au tableau qui me fait redouter autant notre retour. Ce que j'appréhende, c'est la manière dont je vais devoir procéder pour qu'Andrew lâche l'affaire sans que Joy n'ait le moindre doute sur ce qu'il se trame en coulisses. Une chose est sûre, je vais lui filer le fric qu'il réclame et espérer qu'il tiendra sa parole concernant cette vidéo. Le bonheur de Joy vaut bien plus que cette série à sept chiffres qui dort sur mon compte en banque. Louis ne cesse de me répéter que je prends la mauvaise décision en choisissant de me plier à ses exigences. Mais après avoir retourné la question dans tous les sens depuis un mois, je n'ai clairement pas d'autre solution. Ma part de responsabilité n'est plus à prouver dans cette affaire où Andrew pourrait parfaitement ressortir notre altercation sur le tapis.
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YOURS. // Tome 3
Fanfiction// FORMAT PAPIER DISPONIBLE ! \\ Guidé par son intuition, Harry décide d'éloigner Joy de Londres. Leur périple s'éternise et prend une tournure de voyage initiatique pour elle, qui se surprend à intégrer enfin les plaisirs simples de la vie. En para...