♫ « The Pretender » - Foo Fighters ♫
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Harry
_L'humeur des gens est visiblement au diapason du temps de chien qui sévit sur Londres depuis le lever du jour. La mienne en premier. De grands rideaux gris dégringolent du ciel et se brisent au sol. Habituellement, le bruit omniprésent des trombes d'eau a le don de m'apaiser, mais à l'instant présent, c'est tout le contraire.
Je ne peux pas dire que les quinze derniers jours aient été des plus simples. La météo déprimante n'aide pas à faire l'impasse sur notre morosité et la sommation d'Andrew tourne en boucle dans nos esprits, paralyse nos nuits et fait l'objet de vives discussions entre Joy et moi. Nous ne sommes pas en froid, loin de là. Seulement, mon choix ne trouve toujours pas entière validation auprès d'elle. Au fil des jours, nos échanges à ce sujet se sont pourtant nettement apaisés, mais nos visions s'opposent indéniablement.
Passer du temps en studio avec les gars me permet de concentrer mes pensées sur autre chose et me fait le plus grand bien. Joy a quant à elle repris ses activités citadines et retrouve peu à peu les connaissances qu'elle n'a pas vues depuis longtemps, mais le mauvais temps la rend aussi très casanière. J'essaie de ne pas m'alarmer de la voir passer des journées entières à ne rien faire en me disant qu'il lui faudra encore un peu de temps avant de reprendre le travail, mais c'est plus fort que moi, je veux qu'elle se sente bien. Après trois mois passés ensemble sans interruption, il est assez difficile de recommencer à vivre normalement, sans être constamment à la recherche des désirs de l'autre. Je reste attentif sans pour autant me laisser envahir par cette envie permanente de la voir heureuse. Elle a aussi besoin d'air et pas de quelqu'un qui l'étouffe en voulant la surprotéger. C'est pourtant exactement ce que je m'apprête à faire dans les minutes à venir.
La transaction auprès de ma banque s'est effectuée hier, dans la plus grande normalité. Il m'a suffi de prétexter une prochaine acquisition d'œuvres d'Art pour lesquelles l'artiste souhaite être réglé en liquide et on m'a déroulé le tapis rouge. Ce n'était pas la première fois que j'effectuais une telle demande, alors rien ne leur a paru anormal. C'est presque déconcertant la facilité avec laquelle les banquiers se plient à vos exigences, d'autant plus lorsque vous quittez leur établissement avec un sac rempli à ras bord d'une centaine de liasses de billets de cinquante livres, sur lequel ils ont retiré une belle commission.
Je gare mon véhicule sur le trottoir opposé de ma destination. Durant les vingt minutes de trajet, Joy n'a pas dit un seul mot. Elle est restée totalement figée, les yeux rivés sur la route, sans pour autant y prêter attention. Je ne tenais pas à ce qu'elle m'accompagne. J'avais été clair là-dessus lorsque nous en avions discuté ces derniers jours. Son silence m'avait laissé perplexe. C'est donc naturellement qu'elle m'a suivi en dehors de ma maison ce matin. Elle ne m'a tout simplement pas laissé le choix en s'installant dans la voiture alors que je m'apprêtais à quitter Hampstead avec le fameux sac de sport sur la plage arrière de mon 4x4.
Ce n'est que lorsque je coupe le contact que son regard dévie en direction du bar à la devanture rouge. Joy décroche sa ceinture.
- Non.
Ma voix a scindé le silence qui régnait jusqu'ici dans l'habitacle. Ses yeux s'ancrent aux miens.
- Tu restes ici.
Sa bouche s'entrouvre un instant, comme si elle voulait répliquer, mais elle ne proteste pas et s'enfonce dans son siège, tandis que j'attrape le lourd bagage derrière nous.
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YOURS. // Tome 3
Fiksi Penggemar// FORMAT PAPIER DISPONIBLE ! \\ Guidé par son intuition, Harry décide d'éloigner Joy de Londres. Leur périple s'éternise et prend une tournure de voyage initiatique pour elle, qui se surprend à intégrer enfin les plaisirs simples de la vie. En para...