TEASER n°2

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Avertissement : du fait de ce titre de teaser, l'on pourrait croire à une réécriture du premier excitateur, de sorte que j'organise les mots dans le but d'attirer les lecteurs à lire le début. Or, il s'agit là de la trente-deuxième partie de ce roman, et si vous êtes arrivés jusqu'ici, c'est que vous aviez sûrement l'envie de continuer. En outre, ce deuxième teaser vous invite à vous jeter sur la suite, l'acte final de Molière Biker.


Molière défonça la porte de l'amphithéâtre vide et sombre du Soi-Roleil. Il gueula à qui voulait l'entendre : « Je suis là ! Montre-moi ta gueule, que je puisse bien l'éclater !

- Tiens... répondit une voix de serpent cachée dans l'obscurité. Arnolphe ne m'a pas prévenu de ta visite. »

Molière leva son bras, au bout duquel pendait une tête découpée, figée dans une figure effroyable. Arnolphe.

« Tu t'es donc libéré de sa prison sans son accord ? Oh... cette action a dû te coûter pas mal de tes mots restants... tu es encore plus sot que ce que je pensais. »

Un homme sortit de l'ombre. Le dramaturge se figea, tétanisé :

« Boileau... mais qu'est-ce que tu fais là ? Ce n'est pas ta voix qui m'a parlé !

- En effet, ce n'est pas la mienne. Ton ami m'a promis qu'il étoufferait toutes les affaires te concernant, notamment l'incident du bateau. Le cénacle a grandement durci ses peines, et je risque d'être fortement déclassé si je laisse un autre problème troubler la paix littéraire. Je ne veux pas perdre des places que j'ai mis trois cents ans à atteindre. Alors, je vais aider tes créations à ce que tu restes discret à jamais. »

Molière, dont la fierté s'était changée en crainte, courait pour sortir de l'amphithéâtre, mais il s'aplatit contre un mur invisible.

« Tu le sais très bien, grogna le moraliste. Qu'en un lieu, qu'en un jour, un seul fait accompli tienne jusqu'à la fin le théâtre rempli. Il est impossible de s'enfuir jusqu'à ce que l'action soit exécutée.»

C'est alors que l'homme à la voix de serpent se montra à la lumière du jour. Sa peau parsemée d'écailles verdâtres et de niches de peau pourrie ne laissait aucun doute quant à son identité. Son grand bras squelettique agrippa l'écrivain à la gorge, et le souleva dans les airs, suffoquant. Au simple contact de la peau pourrissante de l'homme d'os, la chair de Molière fut parcourue de stries noires, d'une énergie destructrice. C'était comme si l'on vidait le dramaturge de l'intérieur, qui se dégonflait comme un ballon crevé. Ce n'était plus qu'une serpillière littéraire, dont les cheveux avaient perdu tout leur éclat, les muscles leur masse, les yeux leur puissance, le corps sa vie. Molière avait été piégé, comme un pitoyable moucheron.

La créature littéraire rit de toute sa force, et s'exclama :

« Molière ! Regarde-moi, et contemple ce que tu as créé, la force macabre que tu as donnée à Alceste... le Misanthrope. »

MOLIÈRE BIKER : le soldat des motsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant