The wind girl

Moving

Je reste bouche bée, comme un poisson, pendant quelques secondes le temps d'encaisser le choc. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, je ne suis pas énervée mais surprise et apeurée.

Je ne m'y attendais pas et c'est vrai qu'en réfléchissant,ma mère ne m'avait jamais dit clairement que ce nouveau poste était en France. Je me demande comment je vais faire pour le lycée (je suis censé rentrer en seconde dans trois semaines je vous signale) pour m'intégrer là-bas mais surtout pour l'anglais. Je suis une bonne élève mais de la à parler couramment une langue qui n'est pas la mienne dans un milieu que je connais très peu...

Je m'empresse de poser toutes ces question à ma mère qui essaie de me rassurer :

- J'ai trouvé un lycée avec une classe française, c'est comme si tu était dans un lycée français mais ce sera juste dans ta classe. Et pour l'anglais tu vas y arriver progressivement ne t'inquiète pas. Et encore mieux, j'ai trouvé une superbe villa à 15 min à pied de ce lycée et à seulement 30 min en voiture de mon nouveau boulot ! Tu vas vraiment t'y plaire ! En plus ça t'aideras à ne pas être focalisée sur Allison. Tu peux redémarrer une nouvelle vie !

Je suis toujours sous le choc mais bizarrement, je ressens une sorte d'excitation. Ma mère a raison, après la mort d'Allison, je ne pouvais pas rester dans ce village, où tout le monde devait connaitre l'histoire et où je n'avait finalement pas vraiment d'amis.

Mais d'un autre coté, où que je sois, je ne suis pas sure de trouver des amis. Je suis tout sauf sociable. Je déteste parler en public ou à des gens que je ne connais pas. C'est pour ça qu'Allison étais mon amie. Elle est venue vers moi à la maternelle, alors que tout le monde jouait ensemble et que j'étais seule assise sur le banc. Au début, je ne lui répondait même pas. Je fixais le vide, comme hypnotisée par je-ne-sais-quoi.

Mais elle a continué à vouloir me parler. Elle me disait qu'elle me trouvait bizarre mais qu'elle voulait être mon amie car les autres étais trop normaux et trop ennuyants. C'est à ce là que je l'ai enfin regardé et je pense que nous sommes devenue amies à ce moment là.

J'ai donc peur de ne pas pouvoir sociabiliser. Mais je n'ai pas le choix. Que je reste, ce qui est impossible, ma mère ne me laisserait jamais en France tout seule, même chez mes grands-parents, ou que je parte, je n'aurais pas d'amis. J'accepte donc le fait que je vais déménager dans une semaine dans un endroit totalement différent d'ici. C'est en pensant à ça que je le réalise. On déménage dans une semaine ! J'ai une semaine pour mettre toutes mes affaires dans des cartons qui seront sûrement dans un conteneur.  

-Du coup j'ai acheté des cartons pour le déménagement, dit ma mère qui lisait sûrement dans mes pensées, il faut aussi que tu prépares deux valises avec de quoi vivre pour deux semaines, le temps que le conteneur arrive. Je vais te donner cinq cartons ça devrait suffire pour ta chambre. 

J'acquiesce, toujours perdue dans mes pensées. Nous finissons de manger en silence, ce qui a la fâcheuse tendance de laisser mon esprit divaguer dans tout les sens, imaginant mon nouveau chez moi comme un paradis jusqu'à créer un scénario catastrophe. La nuit, j'ai assez mal dormis. J'ai rêvé d'un nouveau lycée où tout les élèves et les professeurs se sont transformer en diable et se sont mit à me courir après. On aurait dit un cauchemar de petite fille. J'ai décidé de ne pas en parler à ma mère tellement c'est ridicule.

La semaine est passée très rapidement. J'ai eu le temps de fermer cinq cartons contenant mes bouquins principalement ainsi que tout mes meubles démontés.  J'ai aussi   deux valises pleines à craquer de vêtement , affaires de toilette et chaussures. Cette nuit, ma chambre est vide et je dors sur un simple matelas sur le sol. On a chargé le conteneur cet après-midi et je dois me lever tôt demain pour prendre l'avion.

C'est la première fois que je prends ce mode de transport mais je n'ai pas peur. Enfin si, j'avais peur, mais du coup je suis allée lire un maximum de livres sur le fonctionnement de l'avion et ça m'a rassuré. Je m'endors donc en essayant de vider ma tête pour ne pas encore faire un rêve sur la déstruction des Etats-Unis par une énorme boule de chewing-gum rose bonbon où sur l'arrivée de Vikings sur les plages de Californie.

Le lendemain, nous sommes parties très tôt pour prendre l'avion à Paris. Le vol à duré 8h jusqu'à New-York, puis 4h jusqu'à Los Angeles. Nous avons ensuite fait 1h de train et quelques minutes de voiture pour arriver dans notre logement provisoire (un appartement meublé assez chic).

Nous avons installés très vite le peu d'affaires que nous avons. Durant les deux semaines de vacances qu'il restait, j'ai eu le droit à un nombre incalculable de glaces, sorties plage et sorties shopping. Nous sommes dans un petit village qui est pourtant gigantesque si l'on comparé aux villages français.

Le conteneur est arrivé a la date prévu et nous avons donc pu emménager dans la fameuse villa. J'ai une chambre immense, une piscine et un grand jardin. Je me sens tellement bien ! Si bien que j'ai presque oublié ma plus grande peur : la rentrée.