Chapitre 14 : Marry me

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Carmen se réveilla une heure avant le lever du soleil. Elle avait des étoiles dans les yeux. Elle avait l'impression de se réveiller d'un rêve formidable, et que la féérie avait pris fin au moment où elle avait décidé d'ouvrir les yeux. Elle replongea dans son oreiller. Julien dormait torse nu à côté d'elle. Son bras agrippait solidement la taille de la jeune femme. Voyant qu'elle ne parviendrait pas à se rendormir, elle décida d'aller prendre un verre d'eau dans la cuisine.

Elle se dégagea tant bien que mal de l'étreinte passionnée de Julien et se leva. Elle poussa la porte de la chambre. Une fois dans la cuisine, elle se servit un grand verre d'eau et s'adossa à la cuisinière. Elle était encore très fatiguée. Après leur valse effrénée dans le clocher de la fille de Notre-Dame qui s'était interrompue quand les douze coups de minuit avaient retenti à leurs oreilles, les deux amants étaient rentrés précipitamment dans l'appartement de Julien et avait fait l'amour à un rythme encore plus rapide pendant deux bonnes heures. Carmen ne se souvint pas avoir échangé un seul mot avec Julien.

Peut-être était-ce ce qu'il leur fallait. Juste un peu de silence. Et des souvenirs.

C'étaient les souvenirs qui avaient fondé son histoire avec Philippe, et elle s'était rendue compte cette nuit-là qu'elle n'en avait pas avec Julien. Ils n'avaient eu que des paroles. Des « je t'aime » enfantins et dégoulinant de niaiseries. Elle sourit en y repensant. Elle avait retrouvé son âme d'enfant avec Julien. Mais il fallait grandir.

Grandir... Philippe l'avait toujours considéré comme une petite fille. A cause de leur différence d'âge, probablement. Elle avait toujours détesté ça. Cela avait causé une de leurs premières disputes, la veille de leur mariage.

« -Tu es sûre que cette robe te conviendra, ma chérie ? avait demandé Philippe en observant le magnifique ensemble blanc que sa future femme comptait porter lors du plus beau jour de sa vie. Elle est un peu décolletée... Et le dos est nu...

-Je pensais que tu adorais cette robe, avait répliqué Carmen en levant les yeux au ciel, tandis qu'elle déplaçait les tables de leur appartement pour organiser la pièce. Ils avaient décidé de se marier en toute intimité, en invitant peu de monde. Leur duplex ferait parfaitement l'affaire.

-Oui, elle est très belle, c'est certain, avait murmuré Philippe en effleurant la soie immaculée tressée de perles grises. Mais elle fait très...

-Très ? Carmen n'avait pu retenir l'exaspération qui grimpait peu à peu dans sa gorge.

-Très femme, avait finalement conclu Philippe sans regarder sa fiancée.

-Ce qui est parfaitement normal, puisque je vais devenir Mme Saint-Roméo, avait ironisé Carmen en croisant les bras. Tu ne pensais quand même pas que j'allais rester la petite étudiante naïve que tu as rencontré il y a deux ans pendant toutes ces années !

-Tu sais, ma chérie, il est parfois difficile de renoncer aux belles choses, avait soupiré Philippe en s'avançant vers elle et en lui caressant la joue. J'aurais aimé... J'aurais aimé que tu grandisses moins vite que moi. »

Carmen avait retiré sèchement la main de Philippe. Elle était agacée par les propos de son futur mari.

« -Arrête de te comporter comme un adolescent, Philippe. Je ne suis pas un joyau. Je suis une femme. Je suis ta femme. Tu me traites comme une enfant, c'est insupportable. J'ai vingt-deux ans maintenant ! J'ai mûri. Je suis capable de prendre des décisions, capable de porter des belles robes. Cesse de vouloir tout contrôler. C'est humiliant pour moi.

-Je ne veux pas tout contrôler, Carmen. Je suis juste... Je suis juste en train de paniquer, avait-il avoué. En réalité, c'est moi l'enfant. Je ne sais pas si je suis prêt à endosser ce genre de responsabilités, je ne sais pas si je parviendrai à te rendre heureux. C'est angoissant.

Dix TatouagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant