Chapitre 30 : A l'autre bout du micro, Max et Philippe Saint-Roméo

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Max emprunta rapidement des rues qui étaient familières à Carmen. Cette dernière gardait une certaine distance de sécurité avec le jeune homme. Il ne se retourna jamais, faisant preuve d'une sérénité qui tranchait avec ses propos sur la peur qu'il éprouvait depuis plusieurs semaines. Carmen en profita pour appeler Sabine.

« -Carmen ! Vous en avez déjà fini ?

-Non, justement, répliqua la jeune femme. Max vient de me quitter. Je suis en train de le suivre.

-C'est inconscient, ce que vous faites. S'il vous repère...

-Il ne me repèrera pas. Je suis assez loin pour qu'il ne me remarque pas.

-Restez sur vos gardes. Il était comment ?

-Elliptique. Vague. Assez séduisant. »

Cette dernière remarque arracha un ricanement sonore à la commissaire-adjointe.

« -Je vous reconnais bien là. Toujours à craquer pour le premier minois qui passe.

-Ne me manquez pas de respect, je fais le sale boulot à votre place...

-Ca va, ça va. Vous êtes où, là ?

-Avenue Saint-Martin. On va bientôt tourner vers... Oh, attendez... »

Carmen commençait à reconnaître l'itinéraire qu'empruntait Max, un itinéraire qu'elle avait elle-même suivi il y a à peine quelques jours.

« -Il va à L'Ange déchu.

-Vous en êtes sûre.

-Pas tout à fait, admit-elle. Presque.

-Je vais devoir vous aider, dans ce cas. S'il prend une table là-bas, vous vous ferez immédiatement repérée. Je prends une voiture, je vous rejoins d'ici dix minutes. Tenez-moi au courant de votre avancée. »

Sabine raccrocha et Carmen continua de suivre Max à la trace. Son intuition se révéla être la bonne. Quelques minutes plus tard, Max poussa la porte du bar qui appartenait à la femme du commissaire Bouvardet.

Deux minutes plus tard, le moteur de la voiture de Sabine se fit entendre. Elle se gara suffisamment loin du bar, et Carmen s'empressa de la rejoindre.

« -Enfilez ce micro, lui dit immédiatement la commissaire-adjointe, comme si les deux femmes n'avaient aucun temps à perdre.

-Ca sert à quoi ?

-Je vais prendre une table avec un enregistreur dissimulé dans ma poche, auquel est relié ce micro. Vous entendrez toute la conversation.

-Pourquoi pas vous ?

-Je dois me mettre suffisamment loin d'eux pour qu'ils ne me soupçonnent pas de les écouter. Cet enregistreur est suffisamment puissant pour capter les sons à dix mètres. Restez ici en attendant. »

Elle sortit du véhicule et Carmen inséra l'oreillette dans son oreille. Son cœur battait à tout rompre. Elle avait tellement souhaité que Max soit innocent, qu'il ne soit pas impliqué dans la mort de Philippe, qu'il soit un simple dommage collatéral. Ce à quoi elle assistait depuis dix minutes démontrait le contraire. Malheureusement, elle constata aussi que cela ne remettait pas en question les frissons qu'elle avait ressentis quand Max avait posé sa main sur son visage, dont elle sentait toujours l'emprunte chaude et rassurante sur la joue.

Elle entendit Sabine commander une bière dans le micro, et le patron lui remplir le verre d'un ton désagréable qui lui était à présent familier. Elle entendit les pas de la commissaire-adjointe et le son des voix devint plus distant, mais elle pouvait toujours entendre la conversation entre les deux hommes.

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