Chapitre 39 : Et minuit peut-être n'aura pas lieu

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Julien, les mains en l'air, fixait Carmen d'un air interrogateur. Il n'avait l'air ni en colère, ni effrayé. Simplement surpris.

Quant à Carmen, sa vue se brouilla. Elle réprima tant bien que mal les larmes qui lui montaient aux yeux et tentait de se concentrer pour garder l'avantage sur son ancien amant. Mais ses nerfs ne pouvaient pas supporter la trahison de Julien.

« -Tu es allé jusqu'à te lacérer le visage pour me faire croire que tu étais innocent... murmura-t-elle si bas que Julien pouvait à peine l'entendre. Tout s'explique maintenant... Sabine avait raison...

-Carmen, qu'est-ce que tu racontes, dit Julien en fronçant les sourcils. »

Carmen franchit les deux mètres qui la séparaient de Julien et pointa son arme sur le front du jeune homme.

« -Ne te fous pas de ma gueule, Julien ! J'aurai dû m'en douter ! Tu étais bien heureux de tuer Philippe, n'est-ce pas ? Tu pensais que tu m'aurais pour toi tout seul après ça ? Comment ai-je pu être aussi stupide ? »

La surprise quitta les yeux de Julien pour laisser place à l'incompréhension.

« -Carmen, tu es sérieuse ?

-Ne joue pas les innocents ! hurla la jeune femme, au comble du désespoir. Jusqu'au bout, tu veux me prendre pour une idiote ! Elle pointa Max du doigt. Il... Il m'a dit qu'il me dirait qui c'était ! Tu as deviné qu'il allait tout raconter, alors tu l'as tué aussi ! Comme tu as tué Sabine parce qu'elle avançait trop dans l'enquête, et tu as tué tous les autres pour des raisons qui m'échappent, mais ce n'est pas grave, puisque je vais te tuer avant que tu aies l'occasion de t'expliquer sur tes crimes ! »

Contre toute attente, Julien saisit le bout du revolver entre sa main et le serra fermement. Carmen tenta de ramener sa main en arrière, mais Julien avait plus de force. Alors, elle se jeta sur lui et, de tout son poids, tenta d'étouffer le jeune homme. Aveuglée par la haine et la colère, elle plaça ses deux mains sur le cou de Julien et appuya de toutes ses forces. Julien commençait à suffoquer, mais elle s'en moquait. Le désir de vengeance était tellement fort qu'elle en oubliait qui se trouvait en dessous d'elle.

Soudain, elle reçut une grande claque sur la même joue qui avait servi de défouloir au jeune homme il y a une semaine. Déséquilibrée, elle n'eut pas le temps de maîtriser le jeune homme qu'il lui avait déjà saisi les deux bras et lui avait repris le revolver.

« -Carmen, arrête-toi, s'il-te-plaît. »

Carmen, assise sur le sol, les bras ballants, était en train de pleurer comme une enfant. Elle s'agrippait les cheveux, prise d'un accès de folie qui ressemblait beaucoup à une crise de panique. Julien s'assit près d'elle et passa son bras autour de ses épaules.

« -Carmen, calme-toi.

-Ne me touche pas ! s'écria-t-elle en retirant violemment le bras réconfortant du jeune homme.

-Carmen, écoute-moi, dit Julien d'un ton si ferme que Carmen n'osa pas le contredire. »

Il posa le revolver loin de lui pour que Carmen soit sure qu'il ne l'utilise pas contre elle. Puis, il la regarda dans les yeux.

« -Je n'ai pas tué Philippe, Carmen. Je n'ai jamais tué quiconque dans ma vie, et ça n'arrivera jamais. Quand je t'ai vu, et que j'ai cru que c'était toi...

-Tu pensais que c'était moi ? l'interrompit Carmen, outrée. Tu penses que j'aurais tué mon propre mari ?

-C'est ce qu'il voulait qu'il se passe, dit Julien d'un ton énigmatique, l'air sombre. Toute cette mascarade...

Dix TatouagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant