Dix Tatouages

Chapitre 7 : Élémentaire, mon cher Watson

Quand Carmen pénétra dans l'appartement, Julien était réveillé. Il était assis sur le canapé du salon, les bras croisés et le regard noir.

« -Tu étais où ? dit-il d'un ton sec, qui attendait une réponse immédiate.

-Dehors, répondit simplement Carmen en évitant son regard.

-Tu pourrais mettre de côté ton insolence ?

-Tu pourrais arrêter de me couver comme si j'avais douze ans ? répliqua Carmen du tac au tac.

-Carmen, je m'inquiète pour toi, c'est tout. Tu pars au beau milieu de la nuit sans laisser de mot. Après ce qui est arrivé à Philippe, permets-moi d'être préoccupé.

-Je suis encore dans mon droit, répliqua sèchement Carmen en se dirigeant vers la chambre. »

Julien se leva et l'attrapa par le poignet. Carmen leva les yeux vers lui. Il avait des iris vertes et brillantes. Carmen n'avait jamais rencontré un homme aussi beau. Le charme du jeune étudiant la tourmenterait toujours. Même si, actuellement, elle avait plutôt envie de lui en coller une.

« -Qu'est-ce qui ne va pas, ma belle ? dit-il d'un ton plus doux.

-Qu'est-ce qui ne va pas ? Tu veux vraiment que je te réponde ?

-Bien sûr que non, écoute, je suis un imbécile. Mais mets-toi à ma place deux minutes, s'il-te-plaît. C'est une situation difficile à gérer. Je deviens l'exclusif, alors que jusque-là, je n'étais que l'amant. Je ne sais pas comment me comporter...

-Julien, mon mari vient de mourir, et tu te préoccupes sérieusement du rôle que tu dois tenir dans ma vie ? Je vais te dire ce que j'aimais chez toi. Cette personne qui ne se prend pas la tête, cet homme innocent et insouciant qui m'aidait à m'échapper de la sévérité et de la gravité de Philippe. Ne deviens pas comme lui, s'il-te-plaît.

-Mais pourquoi pas ? Si c'est ce que tu aimais chez Philippe.

-Oui, mais si tu deviens Philippe, alors tu n'es plus Julien, murmura-t-elle en baissant les yeux. »

Elle comprit, en prononçant ces mots, ce que Julien cherchait, ce que Julien enviait. Julien voulait remplacer Philippe. Julien voulait devenir Philippe, car il avait compris que Carmen ne voulait ni Philippe seul, ni Julien seul, mais les deux. Et si elle n'en avait plus qu'un, elle allait l'abandonner. Elle préférerait avoir un cœur vide, plutôt qu'un cœur à moitié plein.

Carmen soupira. Elle ne voulait pas blesser son amant. Elle ne voulait pas le perdre. La vague de compassion qu'elle ressentit à son égard à cet instant la poussa à poser sa bouche pulpeuse sur les lèvres fines de Julien. Ce dernier lui rendit son baiser délicatement, comme il en avait l'habitude, et elle reconnut l'homme qu'elle aimait. Ce garçon innocent et apeuré, qui à force de vouloir bien faire faisait tout de travers. Mais c'était beau, c'était ce qui le rendait beau.

« -Pardonne-moi, Carmen, murmura-t-il. Je suis un jeune imbécile.

-Jeune, oui. Imbécile, loin de l'être.

-La mort de Philippe... Ca me bouleverse aussi. J'aimerais tant te protéger de tous les dangers du monde extérieur, et je ne sais pas quoi faire pour y parvenir...

-N'essaie pas de me protéger, je suis assez grande pour le faire seule.

-Mais pourquoi tu m'évites ? Pourquoi tu ne veux pas me parler ? Ca te ferait du bien, de te confier.

-Je n'en ai pas envie, dit Carmen en secouant la tête.

-Ma belle... »

Julien saisit le visage de Carmen entre ses doigts et lui caressa les joues. Il l'attira à lui. Leurs deux corps se rapprochèrent dangereusement, et Carmen l'embrassa avec fouge. Julien se laissa faire, comme à son habitude. Elle prit les choses en main et retira le tee-shirt gris de son amant. Elle ne voulait pas lui parler, mais elle avait besoin de lui, besoin de lui autrement. Elle le poussa sur le canapé et monta sur lui. Elle embrassa ses joues, son cou. Ses lèvres se promenèrent sur son torse, puis sur ses abdominaux finement dessinés par la musculation intensive. Julien agrippa ses fesses et passa ses mains sous son sweat à capuche. Elle murmura qu'elle avait chaud. Il la soulagea en lui retirant ses vêtements.