La capture

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- Libère-moi tout de suite, immonde créature !! rugit le Chasseur, fou de rage, en se débattant comme un forcené. Relâche-moi tout de suite !!

Tremblante comme une feuille, Lys s'empressa de reculer de plusieurs pas sans baisser les mains, ce qui aurait fait aussitôt disparaître la cage qui le retenait. À son poignet, la marque verte brillait avec force, signe que sa magie était active.

- C... Calmez-vous... balbutia-t-elle d'une voix qui trahissait sa peur. Je... Je ne vous veux aucun mal... S'il vous plaît, calmez-vous !
- Je vais te tuer maudite sorcière ! tempêta-t-il de plus belle. Dès que j'aurai réussi à me libérer, je vais te tuer d'une balle dans la poitrine, comme j'aurai dû le faire lors de notre première rencontre, quand tu étais à ma merci !

Consciente d'avoir l'emprise sur la situation, la belle guerrière se détendit. Il ne pouvait rien lui faire ; attaché comme il était, il ne pouvait pas l'atteindre. Son arme gisait dans la neige, à ses pieds. En l'espace d'un instant, cet humain qui l'avait terrorisée ces derniers jours dans ses cauchemars était devenu la proie, sa proie, tandis qu'elle détenait sa vie entre ses mains, ce qui était littéralement le cas. C'était à elle de décider du choix à faire désormais.

Devait-elle le laisser partir, encore une fois, au risque qu'il s'en prenne à elle dès qu'elle le relâcherait, ou devait-elle le livrer aux siens en sachant pertinemment qu'elle le condamnait à mort, tout en étant assurée d'être tranquille durant sa quête ? C'était un dilemme à ne pas prendre à la légère... Elle ne pouvait se permettre de mettre sa propre vie en danger alors que le destin de son peuple reposait sur elle seule.

Finalement, elle opta pour une troisième option qui, l'espérait-elle, serait la bonne.
- Écoutez-moi, déclara-t-elle à l'adresse du Chasseur qui faisait trembler la cage à force de se démener comme un beau diable. Si vous me promettez de rien tenter contre moi, je vous libère. Mais je dois avoir votre parole que vous ne me tuerez pas sitôt que je vous aurai relâché.

- Plutôt crever que de promettre une chose pareille ! vociféra-t-il. Je me ferai un plaisir de t'égorger, sale Louvane, dès que je serai libre de mes mouvements !
- Très bien ! rétorqua Lys, courroucée. Vous avez fait votre choix. La dernière fois, j'ai tenu ma parole ; je ne vous ai pas dénoncé parce que vous m'avez épargné et vous n'avez eu aucun Louvane à vos trousses, que je sache ! Mais rien ne m'empêche de vous laisser pourrir dans cette cage, à la merci de mes compagnons que je ne manquerai pas d'avertir ! Et que croyez-vous qu'ils vont faire lorsqu'ils apprendront votre existence ? Enfin bon... C'est vous qui voyez.

Elle fit mine de s'éloigner, tout en s'efforçant de ne pas lui montrer qu'elle n'avait aucun contrôle sur ses pouvoirs. Les lianes pouvaient disparaître à tout instant, elle sentait ses mains trembler et si jamais il le découvrait, elle n'aurait aucune chance d'en réchapper vivante cette fois-ci. Son bluff devait à tout prix fonctionner ! Heureusement, son ennemi tomba rapidement dans son piège :

- Grr, très bien ! Mais c'est uniquement parce que tu ne me donnes pas le choix, sorcière ! D'ailleurs, je croyais que les Louvanes avaient seulement la capacité de se transformer en loup, que c'était là votre unique magie ! 
- Pas de chance pour vous, je suis l'exception qui confirme la règle ! cingla la jeune Alpha d'un ton mordant. Donnez moi votre parole et je vous libère. Mais un geste suspect et je vous réexpédie illico dans une cage, compris ?!
- C'est bien ma veine ! maugréa-t-il, les dents serrées. Tomber sur la seule qui pratique une magie inconnue ! Très bien, je vous jure sur mon honneur que je ne vous attaquerai pas. Vous pouvez me libérer, maintenant ?

Lys remarqua aussitôt le passage du tutoiement au vouvoiement ; quelque part, elle avait réussi à gagner le respect de cet humain, ce qui était déjà une petite victoire. Elle avait le contrôle total de la situation. Seulement voilà, il fallait encore qu'elle trouve le moyen de se débarrasser de toutes ces lianes... Prise d'une idée subite, elle ferma les yeux pour mieux imaginer la disparition de la prison végétale tandis qu'elle baissait lentement les mains. Son stratagème fonctionna à merveille ; la seconde d'après, la cage s'évaporait, libérant l'humain qui retomba rudement sur les fesses, deux mètres plus bas. Il gronda de douleur et se releva prestement non sans cesser de la foudroyer du regard.

L'Alpha et le ChasseurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant