Chapitre 11
Les mots ne mentent pas ?
***
Adaeze referma violemment les battants de la tente derrière elle avant de se tourner vers la figure fantasmagorique. Elle la dévisagea avant de se frotter les yeux quelques fois et de les rouvrir pour vérifier qu'elle n'était pas encore en train d'halluciner. Mais non, elle était bel et bien là, debout au milieu de sa tente, flottant quelques centimètres au-dessus du sol. Adaeze pouvait voir la toile marron de la tente en transparence à travers elle et elle détourna les yeux avant de les rediriger vers elle, comme attirée par un aimant.
Elle n'avait pas vraiment changé. Pas comme Ada avait changé en tout cas et si ce n'était pour sa transparence elle aurait tout aussi bien pu être vivante. Pas de vêtements déchirés, pas de taches de sang, pas de blessures apparentes.
Même sa coiffure était impeccable. Ses cheveux blonds étaient coiffés de manière élaborée, une construction faite de tresses et de mèches bouclées enroulées autour de sa couronne.
Était-ce cette couronne qui l'avait tuée ? un ennemi politique ? Un noble avide de pouvoir ? Un ennemi de sa famille ? Ou était-ce tout autre chose encore ?
Qui aurait pu tuer sa sœur, elle qui n'avait jamais rien fait de mal dans sa vie et s'était battue pour les plus démunis ? Qui serait assez cruel pour éteindre à jamais cette lumière qu'elle avait toujours vu briller dans l'esprit et le cœur de sa sœur ? Qui ? Et pour quelle raison ?
— Qu'est-ce que...
— Qu'est-ce que tu fous ? répéta Ambra en croisant ses bras translucides sur sa poitrine recouverte par une robe de soie rouge.
— Qu'est-ce que... Tais-toi !
Elle se mit à faire les cent pas, une énergie nerveuse se dégageant d'elle à chaque nouveau mouvement.
— Comment oses-tu ? souffla-t-elle finalement sans cesser de déambuler. Comment oses-tu me faire ça ? Me faire ça à moi ?
— De quoi parles-tu ? Je suis celle...
— Non ! Tu es morte ! Tu es morte depuis plus d'un an maintenant ! Pourquoi maintenant ?
Sa sœur resta silencieuse et Adaeze sembla imploser :
— Réponds-moi ! Cela fait des mois – des cycles tu m'entends – que je crois perdre la tête parce que je te vois partout ! Je pensais devenir folle, parce que cela ne pouvait pas être possible, tu vois, tu m'aurais forcément parlé si cela avait été toi, non ? Mais non, bien sûr que non, j'aurais dû me douter que la seule fois où j'aurais vraiment eu besoin d'entendre ta voix tu serais restée silencieuse !
— C'est un peu mesquin et hypocrite de ta part de dire ça, non ? s'énerva à son tour l'autre femme. Je suis morte ! Morte !
— Et tu crois que je ne le sais pas ? Que je n'ai pas senti le moment précis où ton cœur a cessé de battre ? Que je ne suis pas morte à moitié cette nuit-là ? Tu crois que je ne le sais pas ?! Hurla-t-elle.
Au-dehors de la tente un murmure perplexe parcourait le camp alors qu'Irine et Vanà arpentaient l'espace désert devant l'habitation où leur amie hurlait à s'en écorcher la voix, apparemment dans le vide. Que croyait-elle ? Que sa sœur décédée allait lui répondre ?
— Tu sais que je suis morte, parfait, dit Ambra d'un ton plus calme. Mais qu'est-ce que tu fous ?
— Comment ça ?
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Le retour de l'Oubliée (ELT tome I)
FantasyIl faut parfois briser les règles, surmonter les obstacles, ignorer ses peurs avant de les effacer à jamais. Et il faut parfois se battre pour récupérer ce qui nous appartient. Après des années d'exil, Adaeze sort enfin d'Eryn'o'Toss, la sombre for...