22 - Cyrion

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Chapitre 22

Cyrion

***


Quelqu'un frappa à la porte et les trois occupants du bureau relevèrent la tête des différents brouillons sur lesquels ils travaillaient. Cet édit devait être sans faute. Dagnir ne serait pas seulement sous le regard suspicieux de son peuple en faisant sortir Adaeze d'Eryn'o'Toss mais aussi sous celui des autres Rois et Reines des Royaumes voisins. Il ne pouvait se permettre la moindre erreur.

— Entrez ! appela-t-il.

Un des deux gardes postés devant la porte passa la tête dans l'embrasure et bredouilla, gêné :

— Votre Majesté, quelqu'un demande à voir Adaeze ? Je leur ai assuré que je ne connaissais personne de ce nom, mais il insiste, disant qu'une certaine Vanà l'envoie. Dois-je l'envoyer aux cachots ?

Les sourcils d'Adaeze étaient montés haut sur son front et les deux hommes se tournèrent vers elle, attendant des explications, mais elle haussa simplement les épaules, incapable de leur expliquer ce que manigançait Vanà.

— Dois-je le faire entrer ? murmura Dagnir pour le seul bénéfice d'Anar et de la Bannie.

— Vanà l'envoie, répondit-elle simplement.

— Donc ça veut dire oui, supposa l'autre Roi qui n'avait pas oublié sa colère lorsqu'il avait osé remettre en doute la fiabilité de la voyante.

Dagnir se frotta le front. Elle allait le rendre chèvre. Tous ses cheveux blancs pouvaient être retracés jusqu'à elle.

— Merci Jui, vous pouvez le laisser entrer.

— Très bien votre Majesté. Si vous avez besoin de nous, nous sommes devant la porte.

Les deux Rois le dévisagèrent comme s'il venait de dire quelque chose de particulièrement stupide : bien sûr qu'il serait devant la porte, tel était son poste !

Adaeze se redressa de sa place, assise sur le bureau. Était-ce elle ou avait-il l'air particulièrement... agité ? Ses yeux faisaient le tour de la pièce, comme pour cataloguer les potentielles menaces, et sa main était posée sur la garde de son épée.

Qui que Vanà ait envoyé, il mettait le garde mal à l'aise et sur la défensive.

Il sortit de la pièce après un dernier hochement de tête décidé et laissa la place à un homme imposant.

Il était plus grand qu'Adaeze, ce qui n'était pas donné à tout le monde, et dut se baisser pour passer le seuil.

Sa chemise blanche était ouverte sur sa poitrine musclée, laissant apparaître une cicatrice blanchâtre sur son pectoral gauche qui formait un contraste marquant avec sa carnation sombre. Sa peau était plus foncée que celle d'Irine et luisait sous la lumière qui se déversait dans la pièce à travers les vitraux. Les vitraux éclaboussaient la pièce de couleurs et le nouvel arrivant était peint de toutes couleurs de l'arc-en-ciel.

Sa taille était serrée par une large ceinture qui maintenait en place son pantalon de cuir à taille haute et d'où pendait une arme à la lame recourbée dont le fourreau lui arrivait au niveau du genou. Des bottes aux semelles de fer, semblables à celles qu'Adaeze portait, chaussaient ses pieds, lui donnant un ou deux centimètres supplémentaires.

Le visage de la Bannie se fendit d'un sourire et elle sauta de son perchoir pour accueillir convenablement le nouveau venu.

— Cyrion ! cria-t-elle en se jetant sur lui pour frotter ses cheveux ras avec enthousiasme. Où étais-tu passé ? Cela doit bien faire deux ans que tu n'avais plus donné signe de vie !

Le retour de l'Oubliée (ELT tome I)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant