14 - Tout ce que l'on peut espérer

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Chapitre 14

Tout ce que l'on peut espérer

***

La main de Vanà se referma sur le poignet d'Adaeze arrêtant son geste et empêchant sa lame de transpercer le cou de l'homme. Quand était-elle arrivée ? Depuis combien de temps la regardait-elle rouler sur le sol avec l'usurpateur ?

Furieuse l'ancienne reine se tourna vers son amie :

— Qu'est-ce que tu fais ?

— Non, qu'est-ce que toi tu fais ? As-tu perdu la tête ?

— Tu m'empêches de tuer cette ordure et tu me demandes si j'ai perdu la tête ? Qu'est-ce qui ne va pas chez toi ?

— Réfléchies donc un peu, petite Bannie ! Tu as perdu de vue le but de cette expédition.

Adaeze secoua la tête pour réfuter ses paroles.

Elle n'avait pas perdu de vue son objectif, elle n'avait pas oublié qu'Ambra l'attendait quelque part, attendait qu'elle tue le meurtrier de leur père.

Vanà ne savait pas ce dont elle parlait.

À cause de cet homme elles avaient tout perdu : leur famille, leur trône, et même leur vie. Il ne méritait pas de vivre et...

Et il avait trahi Isil, comme tant d'autres à cette époque.

Elle était naïve alors, et faible, et innocente. Elle n'avait pas su voir à travers les mensonges et les illusions de la cour. Elle savait bien sûr qu'elle n'était pas la plus aimée des Princesses, mais elle n'avait jamais pensé qu'ils la détestaient à ce point.

Il avait joué avec son cœur ou du moins avec ses hormones et son corps.

Elle s'était abandonnée entre ses bras, il avait été un de ses amants réguliers et elle avait cru... Elle avait pensé qu'il pourrait être plus qu'un simple partenaire de coucherie qu'elle retrouvait au détour d'un couloir ou faisait entrer dans sa chambre au milieu de la nuit avant de le laisser l'aimer jusqu'au petit matin. Elle pensait qu'avec le temps elle pourrait apprendre à l'aimer et qu'il pourrait régner à ses côtés.

Elle n'avait jamais envisagé qu'il puisse la trahir et assassiner son père pour prendre sa place. Elle n'avait jamais imaginé qu'il la Bannirait et l'humilierait devant toute la nation, qu'il la traînerait dans la boue après s'être servi d'elle.

Isil faisait trop confiance aux gens, elle voulait voir la bonté en chacun d'entre eux. Elle voulait croire qu'il y avait plus dans le cœur des gens que la rancœur, la jalousie ou l'avarice.

Elle avait cru que Lailaith l'aimait suffisamment pour oublier sa jalousie, pensé que ses parents adoptifs la soutiendraient toujours même si l'expérience lui avait maintes fois prouvé le contraire et elle avait voulu croire que Dagnir se contenterait d'une place à ses côtés.

Elle s'était bercée d'illusions.

Lailaith l'avait frappée alors qu'elle était encore à terre, lui avait craché au visage et avait tiré un trait sur plus de dix ans d'amitié. Ses parents avaient témoigné contre elle et l'avaient reniée et rayée de leur vie. Et Dagnir... Dagnir avait pris sa place, s'était érigé en héros et avait fait chaviré le cœur des habitants du Royaume.

Adaeze ne ferait pas la même erreur ; ils ne méritaient pas son pardon ou son attention.

Elle se battait pour elle et pour les Bannis, pour sa jumelle, pour Vanà et pour Irine.

Le retour de l'Oubliée (ELT tome I)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant