Chapitre 1
Attends-moi quelque part
***
La petite habitation de bois était plongée dans l'obscurité alors que tout autour d'elle l'immense forêt d'Eryn'o'Toss bruissait au rythme de la vie animale et de la flore pensante qui la peuplaient.
Les feuilles vertes striées de gris des Hauts Arbres étaient parcourues de tremblements, les branches et les brindilles s'entrechoquaient doucement et même le sol couvert d'humus de la forêt semblait respirer.
Les oiseaux nocturnes piaillaient, hululaient et hurlaient et emplissaient la nuit de cris terrifiants.
Un peu plus loin dans la forêt un ours d'une taille impressionnante était aux prises avec une plante carnivore et ses grognements plaintifs faiblirent avant de se taire entièrement. La plante se referma avec un soupir repus pour mieux digérer sa proie imposante.
Les serpents sifflaient dans les branches des hauts arbres et sur le sol, entre les feuilles mortes.
Une nuée de papillons lumineux passa devant l'habitation et lorsqu'un oiseau de proie aux serres mortelles en goba un en vol, il tomba raide dans la cour.
Mort.
Dans la forêt d'Eryn Toss même les plus beaux trésors sécrétaient un poison capable de tuer un homme adulte. Vivre au milieu des bois, entouré par les plantes carnivores, les ours mangeur de chair, les serpents venimeux et les papillons luminescents étaient un combat de tous les instants mais ses habitants étaient libres. Confinés aux limites de la forêt, mais libres.
Les bois ne dormaient jamais : ils étaient toujours emplis de vie, de gémissements, de cris ou de chants poussés par les animaux lors de leurs parades nuptiales. La forêt ne dormait jamais.
Les habitants de la maisonnette en revanche dormaient à poings fermés, même si le sommeil d'une des deux figures semblait agité et épuisant.
Elle se débattait entre ses draps et des bruits plaintifs s'échappaient de sa gorge abîmée.
Sa compagne enroula son corps autour du sien dans un geste inconscient pour la calmer, mais elle dut reculer quelques secondes plus tard et retourna de son côté du lit sans pour autant se réveiller.
La première figure ne se réveilla pas non plus alors même qu'il semblait évident qu'elle ne désirait que cela, si son front couvert de sueur et ses sourcils froncés étaient d'une quelconque indication. Ses jambes étaient entortillées dans les draps et plus elle s'agitait plus elle se retrouvait prisonnière de l'étendue de tissu, ce qui accentuait encore d'avantage sa panique.
La pièce dans laquelle elles se trouvaient était rudimentaire et meublée avec parcimonie. Tout avait une fonction établie et la place n'était pas perdue.
Le lit était situé au-dessus de la pièce et elles ne pouvaient y accéder que par une échelle de corde qui pouvait facilement être remontée pour ne pas gêner le passage. Sous le lit mezzanine elles avaient placé un petit espace de travail avec une bibliothèque qui croulait presque sous le poids des papiers, des pierres et des plantes séchées qui y étaient rangés et un bureau lui aussi encombré par des instruments divers et des plumes colorées. Un petit tabouret était glissé sous le bureau.
À côté des poteaux soutenant la mezzanine reposait un lourd coffre de bois et une armoire fermée par un loquet. Les habitants de la maisonnée gardaient toujours leurs armes sous clés et dans cette même penderie se trouvait un tiroir qui était barricadé par des chaînes et des cadenas à multiple serrures : les vestiges de leurs anciennes vies.
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Le retour de l'Oubliée (ELT tome I)
FantasiaIl faut parfois briser les règles, surmonter les obstacles, ignorer ses peurs avant de les effacer à jamais. Et il faut parfois se battre pour récupérer ce qui nous appartient. Après des années d'exil, Adaeze sort enfin d'Eryn'o'Toss, la sombre for...