Le retour de l'Oubliée (ELT tome I)

5 - Puisse la pluie laver tes peines

Chapitre 5

Puisse la pluie laver tes peines

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Les premiers rayons du soleil éclairaient les tentes multicolores qui avaient envahi la petite clairière à quelques mètres de la voie d'Or.

Personne ne savait vraiment quels matériaux composaient cette voie, mais ils étaient apparemment indestructibles puisqu'ils avaient résisté à tout. La route avait résisté au temps, aux intempéries, aux pestes et aux guerres. Elle avait même résisté au feu des Dragons lors des Guerres du Feu, des siècles auparavant. Djizeh la Capitale d'Athan Gwing avait été détruite, avalée par les flammes mais la route en elle-même avait survécu.

La voie d'Or permettait aux capitales des cinq royaumes originels d'accéder au centre d'Eryn"o"Toss, même si cet endroit de la forêt n'était plus viable depuis longtemps, ayant été envahi par une végétation si dense et des animaux si étranges qu'aucun Banni n'osait plus y mettre les pieds. Elle reliait désormais Laïmé, Vardà, Lissak et Cryven aux ruines de Djizeh. Alcar n'était pas reliée aux autres puisque le Royaume n'avait été scindé en deux que bien des années après la construction de la route d'Or.

Elle avait permis aux Bannis de trouver facilement leur chemin en direction du monde des vivants. Une fois la route trouvée à l'intérieur d'Eryn ils n'avaient eu qu'à la suivre et elle les avait menés tout droit à l'air libre et à l'ancien royaume d'Adaeze Jasidog.

Des dizaines de tentes aux couleurs bariolées et à la toile rafistolée s'étendaient partout où se posait le regard des quelques gardes placés aux quatre points cardinaux du camp. Au milieu du campement un large enclos avait été bâti pour contenir les cheveux les plus sauvages, ceux qui avaient été élevés et dressés dans un endroit bien plus dangereux que les abords de Laïmé.

Ces bestiaux avaient un tempérament aussi instable et dangereux que celui de tous les autres animaux natifs de la forêt et n'hésitaient pas à faire sentir leur mécontentement à leurs propriétaires. Vanà affirmait que plus d'un Elfe s'était un jour retrouvé piétiné par les sabots acérés des montures écumantes et que peu étaient ressortis de la confrontation indemnes.

Les autres chevaux étaient des montures au caractère bien plus placide et avaient été volés au Rovan Hethru et au Lad Tarn dans les villages les plus près de la forêt. Leur adaptation à l'atmosphère lourde et humide de la forêt n'avait pas été sans peine et les Bannis avaient malheureusement perdu plusieurs montures, qui étaient soit mortes de stress, dévorées par des carnivores ou empoisonnées par des plantes non-comestibles pour eux.

Les canassons croisés et élevés à Eryn étaient beaucoup plus résistants que les autres, mais ils avaient également le même sale caractère que tous les habitants de la forêt, sans exception, et la cohabitation entre les espèces ne s'était pas faite sans mal.

Des dizaines de Bannis avaient quitté les épais bois d'Eryn"o"Toss près d'un mois auparavant et se dirigeaient lentement mais sûrement vers la capitale d'Amar Narcha de l'Est où l'instigatrice de ce mouvement pourrait récupérer ce qui lui appartenait de droit.

Elle avait mis tellement longtemps à les préparer, à faire de ce groupe disparate et souvent illettré un ensemble plus homogène et qui pourrait se fondre dans la masse. Les convaincre de la suivre en dehors de la forêt avait été la partie la plus facile, contrairement à ses attentes.

Vanà avait utilisé toutes les dettes que lui devaient les habitants des villages et au bout d'un certain temps, lorsque la nouvelle de leur futur départ vers Laïmé s'était répandue dans la forêt, ils avaient été rejoints par d'autres volontaires.