Le retour de l'Oubliée (ELT tome I)

17 - La vérité, rien que la vérité

Chapitre 17

La vérité, rien que la vérité

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Anar avait oublié à quel point le Corridor des Rois était impressionnant. Des dizaines et des dizaines de portraits étaient accrochés aux murs et partout où se posait son regard il croisait celui désapprobateur d'un de ses lointains ancêtres. Ils ne possédaient rien de tel à Alcar.

Après que l'ancien Empire ait été scindé en deux Royaumes distincts, l'aîné de la fratrie avait gardé tous les objets, manuscrits et œuvres d'art déjà présent à Laïmé, y compris les nombreux portraits de leurs ancêtres et parents. Sa jeune sœur n'avait guère protesté, bien contente que sa tête soit toujours attachée à ses épaules après son coup d'état raté. Elle était soulagée d'avoir la vie sauve et, par-dessus tout, son propre royaume à diriger sans interférence. Du moins durant les dix premières années de son règne, avant que son neveu, qui n'avait pas la capacité de son père à pardonner ceux qui les avaient trahis, ne déclenche la première guerre entre les deux monarchies.

Le Roi actuel de l'Ouest n'avait évidemment pas de lien de parenté avec chacun des hommes et des femmes représentés en peinture puisque leur famille avait perdu le trône à la mort de Polock Vriack en 347 et n'étaient apparu de nouveau dans la monarchie qu'en 420 avec l'union de Drion Jon et de Safrina Hol qui allait hériter de l'Empire en 511 après le décès subit de son frère.

Anar était passionné par la généalogie et tout ce qui touchait de près ou de loin à l'histoire de sa famille et avait effectué lui-même toutes sortes de recherches pour essayer de déterminer de qui il descendait exactement.

Malheureusement sa défunte et regrettée épouse ne partageait pas sa passion et ne voulait pas savoir quel était leur degré de parenté. Degré de parenté qui était minime soit dit en passant puisque la création d'Amar Narcha de l'Ouest et de l'Est datait de 856, juste après les Guerres du Feu. Vraiment, il n'y avait pas de quoi s'inquiéter, ils n'étaient pas cousins ou des frères et sœurs séparés à la naissance.

Et la jumelle d'Ambra partageait ses vues. Elle ne s'intéressait à l'Histoire que de manière très superficielle, dans l'espoir disait-elle de ne pas répéter les mêmes erreurs que tous ces gens. Pour quelqu'un qui n'avait découvert ses origines à ses seize ans, Anar la trouvait bien désinvolte et détachée vis-à-vis de son héritage.

Isil marchait quelques pas devant lui et il pouvait dire grâce à ses épaules tendues et à son pas décidé qu'elle regardait droit devant elle, sans aucun égard pour les grands souverains (et les moins grands) devant lesquels elle passait.

— Où allons-nous ? demanda Dagnir.

La question surprit Anar qui tourna la tête pour mieux voir l'autre Roi. Isil menait cette expédition ? Mais... n'était-ce pas lui qui avait proposé de déplacer cette entrevue dans un endroit plus privé ? Il avait cru qu'Isil ouvrait la marche parce que l'autre lui avait dit où aller.

L'ancienne reine ne répondit rien et s'arrêta simplement devant le portrait d'une femme à la mine austère qu'Anar était bien en peine d'identifier, avant d'abaisser le chandelier à sa gauche.

Aussitôt des mécanismes s'enclenchèrent dans le mur et le portrait avança de quelques centimètres avant de se déplacer vers la droite pour dévoiler l'ouverture qui se cachait derrière lui.

Anar et Dagnir échangèrent un regard surpris. Oh, ils se détestaient, à n'en pas douter, mais s'il y avait bien une chose sur laquelle ils pouvaient s'accorder c'était bien qu'Isil était franchement bizarre. Et un peu effrayante. Mais surtout bizarre.