Le retour de l'Oubliée (ELT tome I)

25 - Shiro Ors

Chapitre 25

Shiro Ors

***

Être de retour à Eryn mettait les nerfs des Bannis à rude épreuve.

Dans leur camp provisoire, Ada et les quelques personnes qui avaient accepté de la suivre dans son délire se rongeaient les sangs en attendant qu'on vienne finalement les chercher.

Ils ne s'étaient pas enfoncés très profondément dans la forêt, ne voulant pas tenter le sort, mais ils y étaient. Et après quatre années passées à vivre en plein air, les hauts arbres et l'absence de lumière étaient étouffants.

— C'est comme être de retour dans une cage, marmonna Cyrion depuis son poste d'observation en haut d'un arbre.

Ce qu'il essayait de voir Ada ne savait pas, mais une chose était sûre : il en mettait du sien. Il restait perché toute la journée et ne redescendait que pour les repas. Il dormait même là-haut, ce fou !

Irine suivit son regard et soupira lourdement avant de poser sa tête contre l'épaule d'Ada qui déposa un baiser sur son front.

— Il n'a pas tort, c'est étrange d'être de retour.

— C'est provisoire, la rassura sa compagne.

— Encore heureux, intervint Vanà en surgissant derrière elles.

Les deux sursautèrent de concert.

— Il pourrait tout de même descendre de là, râla Adaeze en se concentrant sur la forme à peine visible de son ami.

— Il cherche l'air pur, lui apprit Vanà. Il cherche ses ailes et ses nageoires.

Adaeze cligna des yeux. Irine étouffa un ricanement contre son épaule.

— Quoi ?

— Il cherche ses ailes et ses nageoires, répéta lentement la voyante.

— Non, ça j'avais compris. C'est tout le reste qui m'échappe. Qu'est-ce que c'est censé vouloir dire ?

— Il s'est habitué à la vie en mer, lui expliqua Irine.

Sa compagne lui adressa un regard à mi-chemin entre la surprise et la trahison.

— Quoi ? Comment as-tu compris ça ?

— C'est simple : j'écoute Cyrion quand il parle, moi, répondit moqueusement sa compagne.

— Je l'écoute, protesta Ada. C'est juste que dès qu'il parle de son amant je décroche. Ce n'est pas ma faute. Je suis contente pour lui, vraiment, mais a-t-il besoin de l'impliquer dans chaque conversation ?

Ses deux amies la fixèrent avec ce qui ressemblait à de la consternation avant qu'Irine n'explose de rire. Adaeze se renfrogna. Vanà la regardait toujours, la bouche entrouverte et lorsqu'elle s'en aperçut, la Bannie croisa les bras sur sa poitrine et tourna le nez.

— Tu plaisantes, pas vrai ? Tu te rends compte que tu fais exactement la même chose avec Irine, pas vrai ?

— Ce n'est pas vrai ! contesta-t-elle aussitôt.

Elle ne parlait pas d'Irine autant que Cyrion parlait de son amant mystère. Ce n'était tout simplement pas possible. Il le mentionnait toutes les deux secondes et avait cet... cette expression lorsqu'il l'évoquait et Adaeze savait parfaitement que son visage ne pouvait se contorsionner de cette façon.

— Tu as raison, se corrigea Vanà sous les éclats de rire d'Irine.

Elle devait désormais se retenir à sa compagne de peur de tomber à la renverse et Adaeze avait passé un bras autour de sa taille par réflexe dès qu'elle l'avait vu vaciller.