Le retour de l'Oubliée (ELT tome I)

4 - La folie a ses raisons, que la raison ignore

Chapitre 4

La folie a ses raisons, que la raison ignore

***

Adaeze était bien décidée à ne pas contrarier Vanà, surtout après l'avoir vu sortir son arbalète tueuse d'ours de sous le lit, et sortit de la maison pour rejoindre sa compagne.

Irine était assise à même le sol et passait distraitement ses doigts dans l'herbe. Ada se laissa tomber à côté d'elle.

— Elle est folle, tu le sais, n'est-ce pas ?

La brune n'avait jamais compris l'attachement d'Adaeze et partageait l'avis des autres Bannis concernant la santé mentale de Vanà. Selon elle il n'y avait rien à faire pour elle. Elle était une cause perdue et Adaeze perdait son temps.

— Essaie de voir la destruction de tout ce qui vit sur cette planète, plusieurs fois par semaines, et on verra si tu n'as pas quelques difficultés à retourner dans le monde réel et agir comme si de rien n'était, argumenta Adaeze par réflexe.

— Elle veut que tu partes en guerre, Ada. Ce n'est pas rien. Ce n'est pas une de ses crises de paranoïa ou de désillusion. Elle pense vraiment que vous allez partir.

— Peut-être qu'elle a raison.

La voix d'Ada était calme et posé mais cela n'empêcha pas sa compagne de bondir sur ses pieds avant de se mettre à faire les cent pas en râlant :

— Non mais dis-moi que tu plaisantes ! Tu ne vas écouter ses divagations ? Partir ! Quitter Eryn... Mais qu'est-ce qui ne va chez toi ? Tu es une Bannie, Adaeze, en dehors d'Eryn Toss tu n'as rien vers quoi retourner. Si tu quittes la forêt et les autorités te retrouvent ils te tueront. Tu n'auras pas de seconde chance.

— Je sais. Mais je dois le faire.

— Et retourner à Laïmé ? C'est de la folie !

— Quelque chose bloque les visions de Vanà et je dois trouver ce que c'est, si je veux des réponses à mes questions. Je veux savoir ce qui est arrivé à ma sœur, Irine ! Et si je dois sortir d'Eryn et affronter Dagnir pour les obtenir, ainsi soit-il.

— Bon sang, Ada ! Soupira sa compagne. Je suppose que ça veut dire que je vais t'accompagner.

— Tu n'es pas obligée. Tu peux rester là. Après tout, comme tu as dit quitter Eryn signe notre arrêt de mort.

— Ne sois pas ridicule, renifla-t-elle. Je ne vais pas te laisser partir avec la voyante pour seul renfort. Bien sûr que je viens.

Avant qu'Ada puisse répondre quoi que ce soit Vanà l'appela depuis la maison et elle la rejoignit, curieuse (et quelque peu soucieuse) de voir ce que la voyante voulait.

Elle était positionnée derrière une des chaises et tenait dans sa main un pot à l'aspect étrange. Elle lui fit signe de s'asseoir, Ada obtempéra sans protester et ferma les yeux lorsqu'elle le lui ordonna. La voyante passa un peigne dans ses cheveux courts emmêlés et les enduit d'une substance visqueuse, odorante et froide qui coula dans son dos et la fit frissonner. Ada commença à râler et se débattre : qu'est-ce qu'elle faisait à ses cheveux, hein ? Ils étaient déjà dans un mauvais état, Ada n'avait pas besoin qu'elle en rajoute une couche.

— Relaxe petite Bannie, c'est mieux ainsi.

— De quoi parles-tu ? Lui demanda-t-elle, grimaçant à mesure que le liquide lui coulait dans le dos.

— De ta teinture. Tu seras superbe avec des cheveux bruns et...

— Quoi ?! S'exclama Ada en essayant de se lever.