Le retour de l'Oubliée (ELT tome I)

23 - Futur voyage

Chapitre 23

Futur voyage

***

La rédaction de l'édit n'avançait pas assez vite.

Ils perdaient du temps en paroles inutiles au lieu de se concentrer sur ce qui comptait vraiment et les nerfs d'Adaeze comme d'Anar étaient à vif.

L'attente allait finir par les rendre fous.

La Bannie ne désirait qu'une seule chose, partir sur le champ. Assez de tous ces bavardages, de ces recherches interminables et inutilisables !

Elle était à ça près d'attraper Dagnir par les oreilles et de lui ordonner de lui pondre un texte, même imparfait, histoire qu'elle puisse finalement passer à autre chose.

— Il y a quelque chose qui ne va pas dans ce que je viens d'écrire, marmonna-t-il soudain.

Elle poussa un gémissement de frustration et se tapa la tête contre la bibliothèque qu'elle était en train d'inspecter, à la recherche d'un nouveau texte, d'une nouvelle loi, d'un autre traité, qui pourrait leur servir.

— Dagnir, si cet édit n'est pas rédigé d'ici ce soir, je prends les choses en main, le prévint-elle.

— Vraiment ? grinça-t-il sans lever les yeux de ses gribouillages sans queue ni tête. Et je peux savoir ce que tu comptes faire ? Accrocher une annonce sur un arbre pour prévenir les gens de ton arrivée ?

— Je vais t'en rédiger un de texte, moi, tu vas voir !

— Tu n'en es pas capable.

— Pas capable ? Pas capable ?! Je suis capable de tout faire si j'y mets du mien !

— Vraiment ? Qui t'a dit ça ? renifla-t-il.

— Mon père !

— Oh ? Tu veux dire ce père que tu as tué ? Waouh, je dois avouer que je n'avais pas vu cela venir, ironisa-t-il lourdement.

— Je ne l'ai pas tué, grinça-t-elle. Tu avais plus à y gagner que moi !

— Ah ! Cela n'enlève rien au fait qu'il te berçait visiblement d'illusions.

— Et trop près du mur, marmonna Anar sans que les deux autres ne l'entendent.

— Tu ne sais rien des lois ou de leur conception, lui rappela mesquinement Dagnir.

— La ferme ! Je suis parfaitement en mesure de te pondre un texte construit !

— Vraiment ? Je demande à...

— Assez ! rugit Anar qui se leva pour séparer les deux idiots qui se prenaient à la gorge devant ses yeux fatigués.

Surpris par son éclat de voix, Ada et Dagnir reculèrent de quelques pas, réalisant finalement leur proximité et le ridicule de leur situation.

— Montre-moi ce texte, ordonna-t-il à l'autre Roi qui s'exécuta sans protester.

Les yeux d'Anar sautèrent d'une ligne à l'autre, la lèvre inférieure prise entre ses dents qui la mordillaient à intervalles réguliers.

Il griffonna quelques notes dans la marge, raya certaines phrases et finalement, finalement, il posa de nouveau sa plume et se tourna vers eux :

— Ça ira comme ça. Nous avons perdu assez de temps et être perfectionniste maintenant ne sert pas notre cause. Le texte est bon. Pas parfait mais bon, et la population en grande majorité n'a ni l'envie ni les capacités pour lire un tel texte. Les érudits, les nobles et les autres vous pardonneront les quelques maladresses qu'ils pourraient y trouver s'ils prennent en compte les conditions dans lesquelles il a été rédigé.