Le retour de l'Oubliée (ELT tome I)

13 - Et ton sang sur le sol je répandrai

Chapitre 13

Et ton sang sur le sol je répandrai

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Les dix figures se glissaient dans les ombres, disparaissaient au détour des ruelles noyées dans les ténèbres, sans un mot, sans un bruit. Leurs pieds chaussés de bottes souples produisaient à peine un murmure lorsqu'ils frappaient sur les pavés au rythme de leur cœur. Ils avançaient calmement, emplis d'une mission plus grande qu'eux et d'une certitude quasi-divine : la destinée était en marche. Et elle marchait dans les recoins sombres de Laïmé.

Son armée envahissait les rues, inondait la ville, se répandait rapidement comme une maladie furtive et impossible à arrêter.

Les portes s'ouvraient sur le passage des dix silhouettes et d'autres les rejoignaient tout aussi silencieusement, le visage dissimulé par des masques de cuir représentant différents animaux existant dans Eryn'o'Toss et bientôt des centaines de personnes marchaient dans les rues mal éclairées du Sud de la Capitale, armées jusqu'aux dents et envahis d'une mission de la plus haute importance.

Le premier garde qu'ils croisèrent n'avait aucune chance et heurta le pavé après avoir été touché par une des lames.

Ils enjambèrent son corps sans ralentir.

Leur pas était décidé et assuré, ils marchaient dans les rues comme si elles leur appartenaient, comme s'ils n'avaient rien à craindre en traversant les quartiers chauds de la ville et les ruelles étroites et les coupe-gorges.

Et effectivement les quelques voleurs et autres assassins et dangereux personnages qui dominaient d'ordinaire la ville à cette heure de la nuit s'écartaient sur leur passage ou faisaient demi-tour dès qu'ils les apercevaient, comme s'ils avaient conscience de l'aura de mort et de revanche qui flottait derrière eux. Comme s'ils avaient conscience de la fébrilité et des nerfs à vifs que la figure qui les guidait à travers le dédale de rues que constituait Laïmé.

Ils avançaient dans un silence lugubre vers leur destination.

Le château se dressait plus haut dans la ville, parfaitement visible sous la clarté des trois lunes.

Les Bannis se dirigeaient vers le siège du pouvoir sans ressentir la moindre trépidation ou le plus petit éclat de peur.

Certains d'entre eux allaient peut-être trouver la mort durant leur invasion mais c'était un risque que tous étaient venus à accepter. Ils étaient prêts et, dans le grand ordre des choses, que signifiaient quelques vies perdues si cela assurait la sécurité de tous les autres ?

Des sacrifices devaient être faits pour assurer la réussite de la mission et tous étaient prêts à faire leur part.

À l'intérieur du château en lui-même, l'invasion avait déjà commencé.

Les Bannis qui avaient réussi à se faire engager comme cuisinier ou fille de chambre ou garçon d'écurie avaient enfilés les habits qu'ils portaient dans la forêt et leurs masques et s'étaient mis à la tâche.

Ils étaient passés dans toutes les chambres de domestiques et s'étaient assurés de tous les percer de leurs lames avant de refermer soigneusement toutes les portes dans les quartiers des domestiques.

Ils attendirent ensuite patiemment que le reste de l'armée arrive.

Ils ne pouvaient pas prendre le risque de s'attaquer aux soldats et aux gardes alors qu'ils étaient si peu nombreux mais dès que la Capitaine et le reste des hommes seraient arrivés alors la purge commencerait vraiment.