Le retour de l'Oubliée (ELT tome I)

3 - Pour déclencher une guerre

Chapitre 3

Pour déclencher une guerre

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La maison de Vanà était beaucoup plus grande que la leur, ce qui n'était pas particulièrement difficile étant donné que leur habitation avait, selon les critères d'Ada, la taille d'une boite à chaussures.

Quoi ? Elle avait vécu dans un palais durant quatre ans ! Et passer d'un château de plusieurs dizaines de pièces à une cabane en bois lui avait fait comprendre durement à quel point elle s'était habituée au luxe. Même la maison de ses parents adoptifs, dans les bas-fonds de Laïmé avait été plus grande que toutes les habitations qu'elle avait pu voir dans Eryn et pourtant elle était minuscule selon les critères de la capitale...

La porte d'entrée était entrebâillée et Adaeze fronça les sourcils avant de s'engouffrer dans la maisonnette. L'endroit était sombre, toutes les fenêtres avaient les rideaux tirés et pas une bougie n'éclairait la pièce.

La table qu'Adaeze lui avait construit était retournée au milieu de la pièce et avait rependu sur le sol tout ce qui la couvrait. Le vase blanc aux volutes violettes et l'eau et les fleurs qu'il contenait s'était écrasé sur le sol en compagnie d'une assiette et d'une paire de couverts.

La nourriture avait également trouvé son chemin sur le planché et Adaeze se dépêcha de la ramasser avant de la jeter le plus loin possible dans la forêt.

Vanà n'était nulle part en vue.

Oh non ! paniqua intérieurement Adaeze. Que s'est-il passé ? Un ours ? Pas un autre Banni tout de même ? Peut-être qu'elle lui a fait une prédiction et qu'il s'est emporté et maintenant elle a fuit encore plus loin dans la forêt ! Ou peut-être qu'elle a été enlevée ! Mais qui voudrait l'enlever ? Ne savent-ils donc pas qu'elle demande une attention particulière et quasi-quotidienne ? Pourquoi l'enlever ?

— Vanà ! Vanà ! Hurla-t-elle avec ses mains en porte-voix. Vanà réponds-moi !

Un vague gémissement attira son attention et elle trouva la voyante recroquevillée contre un mur, se balançant d'avant en arrière.

Ada grimaça malgré la vague de soulagement qui s'abattit sur elle. Au moins elle n'avait ni été enlevée ni dévorée par un ours, c'était déjà ça de pris.

Cela signifiait en revanche qu'elle avait encore eu une vision qui avait mal fini.

Certaines la plongeait dans un sommeil sans rêve, d'autres la faisaient sourire des jours durant et certaines lui redonnaient l'espoir mais toutes n'étaient pas comme cela. La plupart des visions majeures de Vanà étaient sombres et dérangeantes. Elles la faisaient hurler de douleur et de peur alors que sous ses yeux se jouaient des événements terribles qu'elle ne pouvait arrêter. Qu'importe si elles lui montraient le présent, le passé ou l'avenir ? Elles lui montraient toujours des événements qu'elle ne pouvait, et ne devait, changer.

Elle voyait les civilisations pourrir, mourir et se détruire. Elle voyait la colère et la haine. Elle ressentait la peur et l'impuissance. Elle subissait les maladies et les famines. Partout, tout le temps, sans répit ou presque. Dans le Royaume d'Isil, dans celui de sa sœur, sur les autres continents, les terres inexplorées, d'autres planètes...

Cela importait peu. Vanà voyait et Vanà savait.

Les visions de cette envergure, celles qui changeaient la face des pays, des royaumes ou du monde lui retournaient la tête.