TOME II - XXVII.

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— Cette robe vous va à ravir, Ariane, assura Eowyn.

Ariane baissa les yeux vers sa longue robe noire en velours. Eowyn le lui avait prêté pour l'enterrement de son cousin. Sa femme de chambre, une jeune fille de moins de vingt ans répondant au doux nom d'Emelya, lui avait coiffé ses cheveux en un chignon bas. Ariane se tourna vers son reflet dans le miroir. Elle était richement habillée et trouvait ça dommage que cela soit dans de telles circonstances. En revanche, elle se trouvait très maigre. Ses joues étaient creuses, ses mains osseuses et elle donnait l'impression d'être fragile au point de pouvoir se briser en milles morceaux. Pourtant, elle ne se sentait pas faible. Elle avait même reprit un semblant de vigueur ces derniers jours. Elle avait été nourrie correctement et n'avait pas fait trop d'efforts physiques à cause de sa cheville. Mais il lui faudrait beaucoup plus de temps pour qu'elle revienne à son poids initial.

— Qu'est-ce qui vous tourmente, Ariane ? lui demanda Eowyn.

— Rien, ne vous en faites pas. Merci beaucoup pour la robe... et le reste.

— Je suppose que vous en valez la peine, Ariane, sourit Eowyn. Vos amis aussi l'ont remarqué. Ils... Ils semblent très attachés à vous.

— C'est moi qui suis très attachée à eux. J'avoue que je serais déjà morte s'il n'avaient pas été là ces derniers mois. Je pense... qu'ils sont désormais mon quotidien.

— Comme j'aurais aimé être à votre place... avoua Eowyn avec mélancolie  Aller où bon me semble, sans attaches, me battre pour une cause que je souhaite défendre...

— Vous réussiriez mieux que moi, j'en suis certaine.

— En attendant, c'est vous qui avez prouvé à tous ces barbares que les femmes savaient se défendre seules !

Ariane repensa à Boromir. Comme elle regrettait de ne pas avoir pu discuter plus longtemps avec lui... Il l'avait tout de même protégée au péril de sa propre vie et, désormais, elle le regrettait beaucoup.

— J'avoue que c'est une petite victoire, mais je ne serais pas arrivée jusqu'ici sans mes compagnons de route... ni sans vous.

— Ne soyez pas si modeste... Vous avez beaucoup accompli à vous seule.

— Je...

— Dépêchons-nous, coupa Eowyn d'une voix douce. Il ne faudrait pas que l'on arrive en retard à la cérémonie.

Elle posa brièvement une main sur l'épaule d'Ariane et quitta la pièce. Ariane se retrouva seule, dans le silence absolu.

///

Ariane quitta Meduseld en compagnie d'Emelya. Elles avaient toutes les deux couvert leurs cheveux d'un voile noir, symbole de deuil. Elles suivirent la procession funéraire jusqu'aux tombes recouvertes de petites fleurs blanches.

Le corps sans vie de Théodred, porté par plusieurs Rohirrims, fut placé dans l'un des caveau encore vide.

Eowyn se mit à chanter d'une voix brisée. Ariane leva les yeux vers elle. Bien qu'elle n'en comprenait pas les paroles, elle trouvait le chant magnifique. D'une tristesse infinie, certes, mais rempli d'émotions. Elle ne quitta pas Eowyn des yeux.

Ariane ressentit une grande peine lorsque le tombeau fut définitivement fermé. Elle n'avait jamais connu Théodred mais elle savait pourtant qu'il n'avait pas mérité cette mort brutale. La souffrance morale d'Eowyn lui brisait le cœur. Elle revint au château en la soutenant, un bras passé autour du sien, serrant sa main entre ses doigts. Eowyn restait silencieuse, la tête basse.

Chacun regagna bien vite ses appartements, laissant la salle principale vide. Ariane retira son voile noir et détacha ses cheveux, les laissant pendre dans son dos. On servit un repas sur une longue table en bois verni, dans un coin de la pièce. Elle n'avait pas l'appétit bien ouvert, mais se força à manger sous l'œil bienveillant d'Aragorn.

Excursion imprévue.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant