TOME III - XL.

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La nuit tomba bien vite, et les trois compagnons se virent bientôt attribuer une chambre. Celle d'Ariane était adjacente à celle de ses deux amis. Cependant, elle profita longtemps de leur compagnie avant de la regagner.

Pippin était en train d'examiner les affaires qu'on lui avait donné quelques heures plus tôt, à savoir une tunique dont les manches étaient faites de mailles de fer, une livrée bleue foncée portant le symbole du Gondor, et une épée. Le parfait équipement d'un garde de la citadelle. Il avait tout étendu sur le lit. Ariane était à côté de lui, regardant les différentes pièces avec curiosité.

— Eh bien, tu voulais servir Denethor... C'est toi qui te retrouve bien servi, avec tout ça.

— J'imagine qu'il s'agit d'un titre honorifique, lui répondit Pippin en examinant l'épée. Enfin... Ils ne s'attendent pas à ce que je me batte. Pas vrai ?

Ariane ne répondit qu'avec une grimace qui en disait long, et observa l'épée à son tour.

— Vous êtes au service de l'Intendant dorénavant, vous devez faire ce qu'il vous ordonne, Peregrin Touque, gronda Gandalf du balcon, sa pipe à la main.

Il se mit ensuite à marmonner des paroles incompréhensibles pour Ariane qui se tenait loin. Ses mots étaient entrecoupés de toussotements dûs à la fumée, et Pippin alla immédiatement lui servir un verre d'eau. Tandis qu'il le lui apportait, Ariane s'occupa de replier tous les nouveaux vêtements du Hobbits et de les poser sur une chaise dans le coin de la chambre. Après quoi, elle rejoignit Pippin et Gandalf sur le balcon, et s'appuya contre la rambarde.

— Il n'y a plus d'étoiles... fit remarquer Pippin d'un air inquiet. L'heure est venue ?

— Oui, répondit Gandalf gravement.

— C'est si tranquille... dit Pippin en venant s'installer à côté d'Ariane.

— C'est ce qu'on appelle le calme avant la tempête.

— ... Je ne veux pas aller me battre, fit Pippin après un court silence. Mais être dans l'attente d'une bataille à laquelle je ne peux échapper, c'est encore pire...

Gandalf s'approcha doucement et vint s'appuyer de l'autre côté de la jeune femme.

— Croyez-vous qu'il y ait de l'espoir pour Frodon et Sam ? demanda Pippin à ses deux compagnons.

Ariane s'apprêta à répondre, mais Gandalf la devança.

— Il n'y a guère d'espoir... Un espoir de fou.

— Ça me suffit, répondit Ariane dans un souffle.

— Notre Ennemi est prêt. Toutes ses forces sont rassemblées. Pas seulement les Orques, mais aussi les Hommes. Les légions de Haradrim, venues du Sud, des mercenaires venus de la côte... Ils répondront tous à l'appel du Mordor. Ce sera la fin du Gondor telle que nous le connaissons. C'est ici que le coup le plus dur sera porté. Si le fleuve est pris, si la garnison d'Osgiliath tombe, la dernière défense de cette cité aura disparu.

— Mais nous avons le Magicien Blanc, répondit doucement Pippin avec un léger sourire. Ça n'est pas rien, non ?

Gandalf se redressa, le visage inquiet. Ariane l'observa, les sourcils froncés.

— Gandalf ?...

— Sauron ne nous a pas encore dévoilé son Serviteur le plus redoutable, celui qui mènera les armées du Mordor à la guerre... Celui dont on dit que nul Homme vivant ne peut tuer. Le Roi-Sorcier d'Angmar. Vous l'avez déjà rencontré, rappela-t-il à Pippin. Il a poignardé Frodon aux Monts Venteux.

Excursion imprévue.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant