TOME III - XLII.

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— Tu penses que j'ai eu raison de proposer mes services à Denethor ?

Ariane baissa les yeux vers Pippin, assis à côté d'elle.

— Je... Je n'en sais rien, Pippin. Je ne blâme pas ton geste, au contraire... C'était très noble. J'ai seulement peur qu'il te traite mal.

— Je ne m'inquiète pas de ça... Mais je ne suis qu'un Hobbit, et je suis stupide d'avoir cru que je pourrais servir un Seigneur comme lui...

Ariane ouvrit la bouche, mais fut interrompue par une autre voix au bout du couloir.

— C'était bien.

Ariane et Pippin se penchèrent pour regarder arriver le nouveau venu, qui n'était autre que Faramir. Pippin bondit immédiatement du banc où ils étaient assis, et Ariane fit de même, le saluant d'un mouvement de tête. Faramir lui offrit un léger sourire.

— Un acte aussi généreux n'aurait pas dû être accueilli avec tant de froideur, continua-t-il à l'égard de Pippin. Vous rejoignez les gardes de la tour.

— Je ne pensais pas qu'ils trouveraient une livrée à ma taille.

— Elle appartenait à un jeune garçon de la cité. En vérité un jeune sot, qui passait plus d'heures à tuer les dragons, qu'à s'adonner à ses études...

— C'était la vôtre ? comprit Pippin.

— Oui, mon père la fit faire pour moi...

— Mais je suis plus grand que vous ne l'étiez ! fit remarquer Pippin. Seulement, je ne vais plus grandir, moi... sauf en largeur.

Cette dernière phrase provoqua un rire collectif. Pippin leva les yeux vers Ariane, qui le regardait avec amusement.

— Elle ne m'allait pas non plus, dit Faramir. C'était toujours Boromir, le soldat.

Ariane sourit en entendant le nom de son défunt ami.

— Ils étaient pareils, lui et mon père... Fiers. Entêtés... Mais forts.

— Vous aussi avez de la force, une force différente, fit Pippin. Et un jour votre père s'en apercevra.

Faramir lui sourit, mais ses yeux affichaient une mélancolie évidente. Ariane ressentit une immense peine pour lui. Elle posa timidement une main sur son bras.

— Il a raison, dit-elle simplement.

Faramir les remercia d'un hochement de tête.

— Allons-y, dit-il. Il est prêt à vous recevoir.

Pippin hocha la tête et inspira un bon coup. Ariane et lui suivirent Faramir jusque dans la salle principale où siegeait Denethor. Ariane retira sa main du dos de son ami et ralentit le pas. Pippin tourna la tête vers elle. Elle lui lança un regard encourageant. Il fit un léger sourire et s'avança jusque devant le siège de l'Intendant, posant ensuite un genou à terre. Ariane resta en retrait près de Faramir.

— Je jure d'être fidèle et de servir le Gondor, en paix ou en guerre, dans la vie ou la mort... dès cet instant, et jusqu'à ce que... mon Seigneur me délie ou que la mort... me prenne.

Son discours était ponctué d'hésitations mais Ariane ressentit une immense fierté en l'entendant. Il l'avait tant répété. Elle se retint même d'applaudir.

— Je ne l'oublierais pas, répondit Denethor en se levant. Et ne manquerais pas de récompenser ce qui est donné.

Il s'approcha de Pippin et se pencha vers lui. Ariane dut faire un pas de côté pour voir qu'il lui faisait en réalité embrasser sa chevalière. Elle secoua la tête, les lèvres pincées.

Excursion imprévue.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant